La Suisse a résonné des cris des femmes en colère, mercredi de la semaine dernière. Notre jeune rédactrice accompagnait les Urbigènes parties manifester à Lausanne.
Parées d’habits violets, les Urbigènes s’étaient d’abord donné rendez-vous pour un pique-nique convivial sur l’esplanade du château d’Orbe, en ce 14 juin 2023. Programme du jour: débattre autour des enjeux actuels du mouvement féministe et préparer une banderole avant de rejoindre la manifestation organisée à Lausanne.
Au chef-lieu, c’est une foule impressionnante qui attend le départ de la marche. Slogans sur slogans, les femmes s’affirment fièrement, rassemblées par leur volonté de changer les conditions salariales et sociales féminines. S’ensuivent deux heures à arpenter les avenues de Lausanne en compagnie de 20 000 (selon la police) et 40 000 (selon les organisatrices) grévistes. Les cris résonnent dans la ville, la grève bat son plein.
15 h 24
Une grève, vraiment? Faire grève, c’est cesser de travailler afin de contraindre une entreprise à accepter des revendications. Le 14 juin, la plupart des employeurs avaient en fait accordé la possibilité de prendre un congé, payé ou non; pour les fonctionnaires, l’Etat de Vaud avait donné congé à partir de 15 h – 15 h 24 étant l’heure symbolique à partir de laquelle les femmes, du fait de la différence de salaire, ne sont plus rémunérées pour leur travail. S’il n’y a pas réellement eu grève, ce rassemblement n’en était pas moins une manifestation forte, avec la cessation de toutes les activités qui incombent usuellement aux femmes. Une société patriarcale avec des femmes en grève comme métaphore de l’entreprise diminuée de ses grévistes; c’est ainsi que les partisans et partisanes féministes ont conçu cette journée du 14 juin.
Rêver d’un autre lendemain
Quant au choix de la date, c’est une référence directe au 14 juin 1981, lorsque Suisses et Suissesses ont inscrit la notion d’égalité dans la Constitution, mais également au 14 juin 1991 lorsque, conscientes de l’inefficacité dudit article constitutionnel, les Suissesses ont décidé de manifester pour leurs droits. Une première manifestation qui a permis à une loi égalitaire de voir le jour en 1996. En 2019, les fruits de cette loi n’ayant toujours pas mûri, c’est plus d’un demi-million de personnes qui avaient manifesté à travers la Suisse – dont les Urbigènes, qui s’étaient rassemblées pour l’occasion sur la place du Marché. En 2023 donc, c’est toujours avec motivation et une certaine ferveur que les féministes ont discuté et comparé des situations où le sexe et le genre influent sur les conditions de vie. Avec le slogan «Plus de temps, plus d’argent, plus de respect», ce sont aussi les conditions de travail et de rémunération qui sont évoquées; mais le déséquilibre de la répartition des tâches ménagères, la charge mentale, les violences faites aux femmes également révoltent et indignent une foule qui rêve et se bat pour un meilleur lendemain.
Parcours des urbigènes violettes
C’est d’abord paré d’habits violets qu’un cercle d’urbigènes réuni pour la dernière fois lors de la grève de 2019, s’est retrouvé pour un pique-nique convivial sur l’Esplanade du château en ce 14 juin 2023. Programme du jour ; débattre autour des enjeux actuels que relève le mouvement féministe et préparer une banderole, avant d’aller se joindre à la manifestation organisée sur Lausanne.
Au chef-lieu, c’est une foule impressionnante qui attend le départ de la marche. Slogans sur slogans, ce sont fières que se montrent ces femmes rassemblées par leur force mais aussi volonté de changer les conditions salariales et sociales féminines. S’en suivirent deux heures à arpenter les avenues de Lausanne avec pour compagnes entre 20’000 et 40’000 grévistes (différence entre données de la police et celles des organisatrices.) Les cris résonnent dans la ville, la grève bat son plein. Enfin, peut-on réellement parler de grève ?
Une grève
Faire grève, c’est cesser de travailler afin de contraindre son entreprise dans une visée de revendication. Cependant, lors du 14 juin, la plupart des employeurs avaient stipulé qu’il était soit possible de prendre congé ou alors un congé non payé, et pour les fonctionnaires, l’Etat de Vaud a donné congé à partir de 15h, 15h24 étant l’heure symbolique à partir de laquelle les femmes ne sont plus rémunérées pour leur travail. Alors s’il n’y a pas réellement grève, pourquoi ne pas simplement considérer ce rassemblement comme une manifestation ? C’est la cessation d’activité de tous rôles qui incombent usuellement aux femmes qui génère la grève. La société patriarcale avec femmes en grève pour métaphore de l’entreprise diminuée de ses grévistes ; c’est ainsi que les partisans et partisanes féministes ont conçu cette journée du 14 juin.
Pourquoi le 14 juin ?
C’est une référence directe au 14 juin 1981, lorsque suisses et suissesses ont fait entrer la notion d’égalité dans la Constitution, mais également au 14 juin 1991, lorsque conscientes de l’inefficacité de cet article constitutionnel, les suissesses ont décidé de faire grève pour leurs droits. Cette première manifestation a permis à une loi de voir le jour en 1996. En 2019, les fruits de cette loi n’ayant toujours pas muri, c’est plus d’un demi-million de personnes qui ont manifesté à travers la Suisse, dont les urbigènes qui s’étaient rassemblées pour l’occasion sur la place du Marché.
Une lutte C’est donc avec motivation et une certaine ferveur que ces féministes ont discuté et comparé des situations où le sexe et le genre influent sur les conditions de vie. Bien entendu, avec pour slogan “Plus de temps, plus d’argent, plus de respect”, ce sont aussi les conditions de travail et de rémunération qui sont évoquées. Ainsi, le déséquilibre de la répartition des tâches ménagères, la charge mentale, tout comme les violences faites aux femmes, révoltent et indignent une foule qui rêve et se bat pour un meilleur lendemain.