Le journal 24 Heures dans son édition du 2 août dernier annonçait la fin du balisage du sentier des huguenots sur plus de 200 km en terres vaudoises.
Votre Omnibus va s’intéresser de plus près – et dans son périmètre – à ce sujet d’actualité historique, si l’on peut dire.
Un premier article que vous découvrez ci-dessous va poser le cadre en rappelant ce que furent ces migrations françaises protestantes et les chemins qu’elles empruntèrent alors, y compris à travers nos villages et campagnes.
Dans un deuxième article, vous pourrez découvrir le rayonnement économique que cet exil produisit dans nos régions, les politiques d’accueil qui furent déployées, les effets sur les métiers et la fondation de nouvelles entreprises par des familles huguenotes.
Une troisième partie sera consacrée à la présentation de quelques noms de familles – et à une brève évocation de certaines d’entre elles d’origine huguenote.
Première partie : chercher refuge
Il y a lieu de clarifier pour commencer l’origine de l’appellation « huguenots » pour désigner les protestants : plusieurs sources souvent assez fantaisistes (par exemple dérivation du prénom Hugues) ont été avancées; l’explication la plus crédible serait un emprunt à la langue allemande Eidgenossen au sens helvétique de « personnes liées par le même serment ».
Contexte historique
Henri IV avait fini par assurer aux réformés français des garanties de liberté de culte confirmées par l’édit de Nantes en 1598, même s’il avait dû se convertir au catholicisme pour devenir roi, ce qui valut de sa part cette fameuse déclaration : « Paris vaut bien une messe. » Avant cette date toutefois, un premier exil – notamment suite aux persécutions à l’encontre des protestants et singulièrement le massacre de la Saint-Barthélémy – entraîna une forte émigration française en bonne partie vers la Suisse réformée et l’Allemagne. Ainsi, presque 8’000 réfugiés furent accueillis à Genève dans la seconde partie du XVIe siècle. On parle ici du premier Refuge.
Louis XIV ne fut pas aussi ouvert que son grand-père à la cause protestante et s’opposa à la RPR, religion
prétendue réformée, dont il interdit la pratique en révoquant l’édit de Nantes en 1685. Cette erreur politique, après des années de persécutions et de
dragonnades, jeta sur les routes de l’exil près de 200’000 réformés français, affaiblissant d’autant l’économie du pays. Ce fut le second Refuge. Par ailleurs, le protestantisme ne disparut jamais complètement et fut pratiqué clandestinement, en particulier dans les Cévennes, porté par des insurgés appelés camisards.
Sur les chemins de l’exil
Principalement présents dans le sud-est de la France, de nombreux protestants français quittèrent leur pays et cherchèrent à atteindre des Etats réformés.
Tout un travail de mémoire, du XVIIIe siècle à nos jours, s’est progressivement bâti, rappelant les circonstances et conditions des départs, les itinéraires le plus souvent empruntés et les conditions d’un nouvel établissement.
En ce qui concerne le cheminement, le sentier réactualisé des huguenots part du Poët-Laval (Drôme provençale) pour atteindre Bad Karlshafen (proche de Francfort, sur le Main en Allemagne). La partie suisse compte à elle seule environ 630 km dont 250 dans notre canton. Constituée en association vaudoise des amis du Sentier des huguenots, une équipe de passionnés s’est occupée du balisage, en parallèle à la promotion du chemin et à l’organisation d’événements publics. Vous pouvez utilement consulter son site qui recèle quantité d’informations : www.via-huguenots-vd.ch
La portion nord vaudoise
Elle se déploie entre Cossonay et Concise et nous parlerons ici de deux secteurs, celui de Romainmôtier – Orbe et celui d’Orbe – Yverdon-les-Bains. Il faut préciser qu’une bonne partie des chemins est commune à d’autres itinéraires pédestres – la via Francigena par exemple – ou à des parcours cyclo-touristiques. Toutefois, comme annoncé, un balisage spécifique a trouvé place sur les nombreux poteaux indicateurs. Vous trouverez toutes les indications géographiques sur les sites dédiés.
Rappelons quand même que le parcours de Romainmôtier à Orbe passe par Bretonnières, les Clées, les gorges de l’Orbe par la rive gauche, Montcherand. Sa longueur est de 14 km et nécessite
environ trois heures et demie de marche.
Pour ce qui est de la suite, d’Orbe à Yverdon-les-Bains, on passera par Montcherand, Valeyres, Rances, Mathod, Chamblon, pour une distance de 20 km réalisable en cinq heures.
Suite dans une prochaine édition.