Portrait : Rose et Jean-Claude, une vivifiante leçon de vie

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Portrait : Rose et Jean-Claude, une vivifiante leçon de vie

RENCONTRE – Un tracteur pétaradant annonce la livraison de beau et bon bois. Un échange de services avec Jean-Claude. J’ai toujours aimé l’idée du troc. Ce bois, c’est un cocktail de deux essences: du «foyard» et du frêne. En bûches bien calibrées. Il les livre avec sa moitié qui l’accompagne dans son labeur.

Rose est descendue du Steyr de 1974 et dirige la manœuvre. Il s’agit de ne pas froisser de carrosserie. Des bourrasques venteuses se sont engouffrées dans l’habitacle ouvert aux quatre vents, sauf la vitre du conducteur. Un thé réchauffe les doigts gourds.

Et Jean-Claude, 85 ans, de raconter: «On s’est connus sur les bancs de l’école de Penthéréaz. Rose est une Mercier, tout comme moi. On s’est fréquentés et mariés le 15 novembre 1958.» La mémoire est infaillible. «Je suis allé vivre chez ma femme de deux ans ma cadette. Mon beau-père me considérait davantage comme un employé que comme son gendre.»

Jean-Claude n’aime pas la confrontation, et puis il est tellement amoureux de Rose. Sur le domaine, ils ont quinze vaches et autant de génisses. «On aimait notre bétail et nos cultures.»

Un amour sans limites

Tant d’années à vivre ensemble auraient pu émousser leur belle entente. Et bien, non! «On ne s’est jamais disputé. On discute. Je n’ai jamais acheté une machine tout seul. Heureusement, tu n’as jamais dit non quand je te proposais un achat ou de faire des réparations à la ferme.» Rose acquiesce d’un signe de tête.

Aujourd’hui encore, elle prête main-forte à son mari lorsqu’il façonne son bois. «Je vais dans la caisse en alu et je range les bûches», précise-t-elle. «Je suis tranquille. Je sais où elle est.» glisse Jean-Claude, les yeux pétillants de malice. Le rire empêche les cœurs de prendre des rides et met de la légèreté dans un quotidien qui n’a pas toujours été facile.

Parfois, la mémoire de Rose lui joue des tours, aussi Jean-Claude s’affaire-t-il avec elle dans la préparation des repas. «On est les deux. On doit s’entraider» admet-il, comme une évidence. Et Rose d’ajouter: «J’ai de la chance d’avoir un mari comme lui!»

Droit comme un if, il reconnaît n’avoir jamais pris de médicaments. «On était faits à la dure. Au printemps dernier, je me suis entaillé l’index avec la fendeuse. J’ai lavé la plaie, mis un pansement et quatre soirs de suite, j’ai trempé mon doigt dans de la gnole. Regardez, plus qu’une cicatrice à peine visible.» Et Rose, dans un soupir: «Il me les a toutes faites, mais il a été bien soigné!»

Un bonheur si simple

«Si c’était à refaire, je referai ma vie exactement de la même façon. Et avec toi.» Le regard plein de tendresse qu’il adresse à sa femme en dit long sur un amour que le temps n’a pas érodé.

Il y a de la gaieté dans la petite cuisine à Bavois mais il est temps de reprendre la route. Jean-Claude ajuste la couverture sur le siège métallique, tend la main à sa femme afin qu’elle puisse escalader l’échelon. Le tracteur tousse, se met en branle. Rose me fait de grands signes de la main. Il y a comme ça des jours où le bonheur franchit le seuil de votre maison.

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