Pour autant que vous arriviez à mettre la main dessus en cette saison, essayez de parler du printemps à un ornithologue. Vous aurez de la peine à l’arrêter ! L’Omnibus a tenté l’expérience… Entre recensements, contrôles de nichoirs, photos, comptages et autres, ils sont au four et au moulin. Les espèces migratrices arrivent, les unes après les autres. C’est l’effervescence. Il faut observer, compter… Mais ces passionnés ont tout de même trouvé un peu de temps à consacrer à l’Omnibus. Qu’ils en soient ici remerciés !
Il ne s’agit pas d’un printemps tout à fait comme les autres. Bien qu’extrêmement sec, il n’inquiète pourtant pas outre mesure nos ornithologues. Bien sûr, il ne faudrait pas que cette sécheresse persiste et impacte trop fortement les populations d’insectes. Beaucoup d’oiseaux, même les granivores, en ont en effet besoin pour nourrir leurs petits. Mais, pour le moment, la situation est loin d’être catastrophique et, même si le merle noir, par exemple, peine quelque peu à déterrer ses vers de terre, un printemps comme celui-là est globalement moins pénalisant qu’un printemps pluvieux comme celui de l’année dernière.
C’est également un printemps particulier par le nombre de promeneurs que l’on trouve un peu partout sur routes et chemins. Si leur nombre augmente, les groupes restent cependant limités, distanciation sociale oblige, ce qui, dans l’ensemble, en réduit l’impact. Car, si les conséquences négatives pour les oiseaux, tout particulièrement en période de nidification, sont bien réelles, elles sont surtout le fait des groupes bruyants ou des personnes quittant les sentiers balisés.
Du côté des oiseaux, après un hiver doux et un printemps sec, la majeure partie des migrateurs est déjà là. Voire – pour certains qui migrent à courte distance (rouge-queue noir ou fauvette à tête noire, par exemple) – sont peut-être même restés sur place. Les derniers migrateurs vont pointer le bout de leur bec d’ici à mi-mai et joindre leurs chants à ceux des autres espèces.
Pour ce qui est des ornithologues, même si les raisons diffèrent et si eux ne chantent pas (enfin, pas tous…), l’effervescence n’en est pas moindre! Ainsi, le jour où l’Omnibus l’a contacté, Pierre-Alain Ravussin, spécialiste chevronné et cheville ouvrière du Groupe Ornithologique de Baulmes et Environs (GOBE), était en train d’organiser l’inspection, par les équipes de l’association, des 40 nichoirs à chouette hulotte disséminés entre Vallorbe et la frontière neuchâteloise. Ce qui, distanciation sociale oblige, nécessitait passablement d’acrobaties organisationnelles. «C’est bien simple» confie-t-il encore essoufflé «du 1er mars au 1er juin, je n’ai plus une minute à moi!»
Mais, outre la passion, qui ne s’explique pas (puisque c’est une passion…), qu’est-ce qui les fait donc courir, nos ornithologues? En guise de réponse, nous laisserons la parole à Pierre-Alain Ravussin, la semaine prochaine, pour nous parler de quelques espèces…