Histoire : Le futur antérieur, ou l’archéologie à l’envers

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Histoire : Le futur antérieur, ou l’archéologie à l’envers

Pour la dernière des huit conférences organisées pour marquer ses cent ans, la fondation Pro Urba avait invité Laurent Flutsch. L’archéologue et humoriste a dressé un portrait critique et plein d’humour de l’archéologie.

Il connaît bien la région, Laurent Flutsch, car il a passé son enfance à Ballaigues et plus tard, étudiant en archéologie, il a fouillé le site de Boscéaz et écrit son mémoire sur la villa romaine d’Orbe. Pendant 22 ans, il fut le directeur du Musée romain de Vidy à Lausanne, mais on le connaît également comme chroniqueur du journal satirique Vigousse.

Samedi dernier, devant un public venu nombreux au caveau du musée, il a expliqué l’impuissance de l’archéologie à interpréter d’une manière totalement fiable la vie des humains d’une époque grâce à des objets. L’archéologue a avoué  une certaine frustration du fait que les découvertes ne disent rien de l’humain dans son ressenti, dans sa manière de vivre. Illustrant son propos par de nombreux exemples parlants, Laurent Flutsch a démontré la fragilité des savoirs archéologiques basés sur une réinterprétation à la fois subjective et empirique.

Un chantier de fouille. (Photos Natacha Mahaim)

Nous, vus du futur

Dans la deuxième partie de sa causerie, le conférencier s’est livré à un exercice intéressant, en imaginant ce que les archéologues du futur pourront bien penser d’objets datant de notre époque. Tout d’abord, on peut se poser la question de ce qui va subsister de cette information dans le futur. Est-ce que les supports informatiques, notamment, vont résister, rester lisibles? Le papier également est moins solide que les parchemins et se dégrade vite. Les archives auront peut-être sauvegardé des informations, mais qui ne seront que partielles. Les cimetières, qui ont été une importante source d’information grâce aux objets qui déposés dans les tombes, sont désaffectés régulièrement. Les bâtiments sont rasés et reconstruits… L’archéologue pense que nous sommes plus proches de l’époque romaine que nos descendants ne le seront de nous dans deux mille ans. L’accélération technologique nous éloigne de plus en plus de nos ancêtres.

Réalité inaccessible

En se moquant gentiment du jargon des archéologues, Laurent Flutsch passe en revue une série d’objets qui pourraient être retrouvés dans deux mille ans et imagine l’interprétation qui pourrait en être faite, créant une sorte de caricature de ce qui pourrait ressortir de ces futures trouvailles archéologiques. Par exemple, un nain de jardin, «exceptionnellement bien conservé, exécuté par un artiste sûrement de grand talent»,  serait peut-être vu comme la statue d’un personnage important et le pot de fleur qu’il tient à la main comme un gobelet à libation dont le trou dans le fond servirait à rendre une partie de son contenu à la terre… Bref, il souligne que la réalité de n’importe quel passé est en fait inaccessible: l’archéologie doit en être consciente et l’annoncer d’emblée.

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