Un bon mois après son retour du désert marocain où il a participé à son premier Marathon des Sables (édition N° 36), le syndic de Baulmes évoque une performance hors du commun du point de vue physique, mais également psychique. «Lorsque je me suis engagé, je voulais avant tout me tester physiquement, mais je ne pensais pas que ce serait aussi éprouvant et que je serais autant transformé après l’épreuve. Je suis fier d’avoir réussi un tel exploit sportif (car il s’agit bien de cela), mais l’impact sur mon psychisme a été tel qu’à mon retour j’ai mis du temps à me remettre et j’ai subi une dépression durant quelques jours.»
L’organisation
Les organisateurs avaient tout planifié du vol de départ à celui du retour à Paris. En arrivant au Maroc, il faut avaler trois heures en bus pour entrer dans la bulle en plein désert. Le contrôle médical effectué, les concurrents sont placés dans des tentes à six places. En complète autonomie, chacun pense à sa course. L’émotion est déjà à son comble, mais l’entraide entre chacun est permanente. Il fait très chaud et chaque effort attaque l’énergie des coureurs. L’organisation fournit l’eau et les pastilles de sel; le reste est sous la responsabilité de chaque coureur.
La course
La course se déroule avec un sac de dix kilos sur le dos qui peut rapidement devenir un matériel dérangeant s’il n’est pas bien équilibré. Puis, c’est le départ pour 250 kilomètres. Julien précise qu’il a été complètement déshydraté lors de la deuxième étape. La troisième a ainsi été particulièrement éprouvante. C’était la veille de l’étape la plus longue (plus de 80 kilomètres). Julien a abordé cette dernière tranquillement. Il s’est d’ailleurs arrêté pour dormir environ trois heures durant le trajet et s’est ensuite senti mieux pour continuer. Le lendemain, c’était le marathon de 42 kilomètres effectué en un peu plus de sept heures. « Au milieu de cette étape, j’ai su que c’était gagné et je me suis mis à pleurer. A part la déshydratation du début, j’ai eu des cloques aux orteils, les tendons douloureux et le temps de penser à la vie: les choses auxquelles on attache tant d’importance deviennent dérisoires. Sincèrement, je ne pensais pas que cela pouvait être aussi pénible durant ces six jours de course, je m’encourageais en me disant que des coureurs de seize ans ou de plus de 80 l’avaient fait. Je m’étais bien entraîné, mais l’inconfort te pousse dans tes derniers retranchements. J’étais au milieu de 800 inscrits (600 hommes et 200 femmes). Certains s’inscrivent en famille ou entre amis, moi j’étais seul, mais entouré de gens solidaires et extraordinaires.»
Les buts du Marathon L’un des buts généraux du MDS est de venir en aide à des personnes nécessiteuses. Pour ma part, je me suis approché de l’Association humanitaire pour les enfants du Kenya (Simbafor) que dirige Julien Lyon, coureur suisse de marathon international. Cette association tente d’améliorer les conditions de vie des enfants pour qu’ils puissent aller à l’école et vivre dignement en garantissant une utilisation efficace des ressources à disposition, exclusivement dédiées aux besoins réels des communautés locales. «En janvier 2022, je me suis rendu avec mon épouse au Kenya et j’ai été frappé par la gentillesse de ces gens qui vivent dans la plus grande pauvreté avec pratiquement… rien. J’ai demandé des conseils à Julien Lyon pour le Marathon, mais j’ai surtout décidé d’aider l’Association en apportant ma contribution financière et personnelle. Ma famille va me suivre dans ce projet qui me tient très à cœur.»