Lu pour vous : Lettre à Menétrey de Michel Bühler

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Lu pour vous : Lettre à Menétrey de Michel Bühler

Lu pour vous : Lettre à Menétrey de Michel Bühler

C’est sans doute là le plus beau chant du troubadour-baroudeur de l’Auberson.

 J’en parle au présent comme si les éclats de rire, les coups de gueule de l’écrivain résonnaient encore à nos oreilles. Le roman est paru chez Bernard Campiche il y a deux décennies déjà. En octobre dernier, il est sorti en camPoche.

Malgré les années, le texte n’a rien perdu de sa force, de sa truculence, de cet espoir mis dans l’homme malgré les trahisons, les fourberies, les lâchetés, les horreurs dont il est capable. Avec Lettre à Menétrey, Michel Bühler nous lègue un élan jubilatoire porté par la beauté du monde. Celle de rencontres, de gestes banals du quotidien, de la générosité des humbles. De la nature qui l’émerveille. De la tendresse dont il est pétri.

La sainte-trinité de l’amitié

Il y a d’abord la figure de Jean-Claude Menétrey qui éclabousse l’écran :  « Tonitruant, bruyant, impétueux, démesuré, hors normes. » Celle du doux Marcel, généreux, serviable. Et puis celle de Michel Bühler, l’auteur de la lettre. Tous trois aujourd’hui disparus. Michel, 20 ans après son ami, son camarade – dans la noble acception du terme – « Menétrey est mon ami mais jusqu’à la deuxième bouteille. » Tous trois, ils ont brûlé la vie par les deux bouts. ( je sais, c’est la chandelle mais j’aime bien cette idée de vie)

Il est des ouvrages qui ne vous lâchent pas. Lettre à Menétrey est de ceux-là. Vous vous dites : « Allez ! un dernier chapitre et je ferme le livre ! » Mais vous continuez jusqu’à l’ultime page. Vous êtes déjà sur le seuil de la porte. C’est alors que vous éprouvez la sensation aigre-douce de laisser des amis.

Michel s’adresse à son ami, l’apostrophe, le prend à partie. Il lui fait part de ses colères (il ne peut s’en empêcher !) mais ce sont de saintes colères, toujours justifiées. « Je m’énerve. Pas toi ? » Mais l’ami est à des années-lumière : « Ma voix te parvient de plus en plus assourdie au bord du vide intergalactique. »

Cette Palestine qui a tant marqué l’écrivain.

Il y revient à cinq reprises. Menétrey ne l’a pas connue. Michel la raconte. Nous en savons tous des généralités, des bribes. Les mots de l’écrivain sont forts, les images poignantes. Et depuis ce temps-là, rien n’a changé. Au contraire…La situation s’est dégradée.

La mort, la vie

Il y eut toi, Jean-Claude. Puis Marcel…Ca commence à faire beaucoup. J’ai envie de crier « pouce », ralentissez le temps, laissez-moi quelques copains ! Elle s’en fout, bien sûr, la salope… » La mort n’a pas d’état d’âme.  Et de poursuivre : « La vie…est-ce que cela sert à quelque chose ? est-ce que cela va quelque part ? »

«Tu es un rôdeur » disait sa mère

Jérusalem, Santiago du Chili, l’île de Pâques, l’Irlande, le Hoggar, Paris, le Jura, les Antilles… Bühler a sillonné la planète à la rencontre de ses frères humains.  Les souvenirs caracolent dans sa mémoire, sans ordre chronologique, avec des retours en arrière. L’air de dire : « Tiens ! j’ai oublié de te raconter ça ! »

Les phrases sont courtes, percutantes, et puis soudain, il y a une envolée lyrique lorsqu’il évoque la nature, qu’elle soit du sud ou de son Jura natal. Ses descriptions du désert, ce sont des pépites. Il dira : « Comme un souffle chaud, un sentiment de bonheur total m’a envahi. J’étais sur une planète qui était la mienne, libre apaisé. Je grandissais jusqu’aux limites du paysage. J’étais le paysage. »

Lettre à Menétrey est le quatrième tome des Œuvres complètes de Michel Bühler aux Editions Campiche.

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