Portrait : Une vie meilleure dans le viseur

A 18 ans, Taher Saleymani fuit l’Afghanistan, pour arriver à Orbe en novembre 2015. Retour sur le parcours d’intégration
de ce jeune migrant, au bénéfice d’un CFC de forestier-bûcheron
et résidant actuellement à Valeyres-sous-Rances.

Rencontré lors de l’accueil des nouveaux habitants de Valeyres-sous-Rances, Taher Saleymani avait suscité notre intérêt et notre admiration pour son parcours. Rendez-vous avait donc été pris pour rédiger un portrait. Le samedi en question, amène et déférent, Taher se prête au jeu des questions. Le regard profond, les cheveux noir brillant, le sourire large et éclatant, l’attitude du jeune homme de 25 ans dénote calme et maturité.

Taher est né le 7 avril 1997 à Sange Shanda, dans le district de Jaghori, en Afghanistan. Il est le quatrième d’une fratrie de huit enfants. Sa famille fait partie de la minorité ethnique Hazara, chiite, persécutée par les talibans. A ce sujet, Taher reste discret et pudique. A 18 ans, alors que le jeune homme termine son école secondaire et s’apprête à entrer à l’université, il décide de fuir son pays. Tant le climat de danger que l’absence totale de perspectives professionnelles le poussent à agir ainsi. Sa famille l’aidera à réunir les quelque 6’000 dollars requis par les passeurs.

D’Afghanistan au Nord vaudois

Son périple le mènera à Téhéran, puis à Istanbul, en bus et voitures privées de passeurs. De la Turquie, il s’agit de se rendre en Grèce en bateau. Taher décrit sobrement ce passage comme «difficile»; en effet, l’embarcation surchargée de migrants prend l’eau. Les garde-côtes alertés les renvoient en Turquie. Le deuxième essai en Méditerranée sera le bon; Taher avoue avoir eu très peur, il ne sait pas nager et n’avait pas de gilet de sauvetage. Puis, dans des trains bondés, ce sera la Macédoine, l’Autriche et finalement Saint-Gall. Là, il sera orienté vers le bunker d’Orbe.

Le terme pudique de «compliqué» décrit le manque de liberté, la solitude, le bruit, les bagarres, le vol de son natel….. Taher passera 14 mois au bunker d’Orbe, puis 4 mois au bunker d’Epalinges. Ensuite, le jeune migrant vivra en colocation, puis seul à Orbe. En août 2021, il s’installe à Valeyres-sous-Rances où il se sent bien au calme.

La volonté de se former

A son arrivée en Suisse, Taher ne savait pas un mot de français. Grâce aux cours du GAMO (groupe d’accueil des migrants d’Orbe), de l’EVAM (Etablissement vaudois d’accueil des migrants) et de l’OPTI (organisme pour le perfectionnement scolaire, la transition et l’insertion professionnelle) et grâce à sa pugnacité, Taher atteint le niveau B2, nécessaire pour un apprentissage. Après plusieurs stages dans divers domaines, ce sera chez Equifor que le jeune Afghan obtiendra avec fierté son CFC de forestier-bûcheron. C’est là qu’il travaille actuellement à 100%, dans une bonne ambiance.

Dans l’attente du permis B

Si Taher s’avoue un peu préoccupé, c’est par l’obtention de son permis B, qu’il espère depuis novembre 2021. Il remplit toutes les conditions, paie ses impôts, a un casier judiciaire vierge, mais n’a d’autres choix que d’attendre. Sinon, durant ses loisirs, il aime marcher, faire du fitness, regarder le foot à la télé ou emmener des amis visiter la Suisse au volant de sa petite voiture d’occasion. Conscient et reconnaissant de l’aide reçue, Taher encourage tout un chacun à garder espoir en une vie meilleure, quelles que soient les difficultés.

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