Etat des lieux

Comment se positionnent les autorités de nos communes face à l’animation culturelle proposée à leurs habitants? Cinq d’entre elles ont accepté de participer au jeu des questions-réponses. De la plus grande à la plus petite, nous avons Orbe, Chavornay, Ballaigues, Champvent et enfin Mathod. A l’analyse des réponses, il faut admettre que chaque commune tente de faire du mieux possible au gré de ses possibilités, mais surtout au gré du dynamisme des sociétés locales ou des organisations et associations privées. Tous les budgets communaux affichent un montant destiné à soutenir les activités de spectacle et de culture, mais chacune à la dimension de ses moyens. La plus grande, Orbe, est la seule à afficher un budget qui dépasse 1% de son budget global, elle est par conséquent la seule à afficher une offre plutôt riche et diversifiée. Cet effet, elle le doit probablement à l’héritage de son histoire de ville en comparaison avec celle plus campagnarde des autres communes. Chaque municipalité à sa manière soutient les organisateurs. Orbe, Chavornay et Mathod peuvent selon les circonstances assurer un soutien financier. La cité urbigène est la seule qui offre parfois des garanties de déficit. Par contre toutes proposent du soutien logistique telles que des prestations ou la mise à disposition de locaux à titre gracieux, voire à tarif préférentiel. Effet cité là encore, seule Orbe voit parvenir de ses citoyens des remarques concernant l’offre de culture et d’animation disponible. Ce n’est que dans de rares cas que les communes s’affichent à l’origine d’une manifestation, la toute grande majorité d’entre elles relève d’initiatives privées. En ce qui concerne la dimension de la visibilité régionale, seule Orbe s’affiche sur le portail du nord vaudois: emoi.ch. Cette année encore, les propositions de spectacles et d’animation dans notre région ne manquent pas, elles sont à découvrir aux piliers publics ou sur les sites internet de nos communes, par exemple à Ballaigues avec sa fête au village, Chavornay et les spectacles des Bouffons, Mathod et ses classiques et bien sûr Orbe, la CCLO ou le Hessel.

Une oasis à mieux coordonner

Isabelle Cuche Monnier de la Tournelle, Patrice Lefrançois de la CCLO et Alexandre Baudraz du Hessel Espace culturel, 3 acteurs de la vie culturelle d’Orbe, s’accordent unanimement quant à la richesse de l’offre urbigène, tant au niveau des spectacles, des lieux de spectacle que des musées ou des galeries. Patrice Lefrançois souligne: «Le potentiel culturel, ainsi que la présence de l’histoire dans ses murs, sont de gros atouts pour Orbe». Mais la situation actuelle semble insatisfaisante et génère tant irritations que recherches actives de solutions. L’époque de la création de la CCLO en 1970 est dépassée, la situation évolue à grande vitesse. Si les acteurs culturels sont bien là, prêts à se mettre ensemble, il  manque un organe de coordination dynamique, visionnaire, entièrement dirigé par l’intérêt général et placé sous l’égide des autorités communales. Il s’agirait d’une sorte de «bureau de la culture», plaque tournante coordonnant toutes les activités locales, voire régionales. Les deux assises de la culture ont déjà eu lieu et ont suscité un gros intérêt, mais n’auraient, pour l’instant, que déçu. Isabelle Cuche insiste quant à l’importance des compétences, il serait nécessaire de professionnaliser les intervenants, les bénévoles pouvant alors jouer pleinement leur rôle.

Il est vrai que les jeunes vont faire la fête ailleurs. Rien ne leur est proposé à Orbe. Alexandre Baudraz imagine volontiers la création d’un établissement de nuit, un lieu de danse non privé. Pourquoi ne pas exploiter de vieux murs à cet effet? La directrice de la Tournelle avoue que la situation plus que précaire des mosaïques est son principal souci. Pourquoi un Européen vient-il à Orbe? Pour ses mosaïques! Un Suisse? Pour son vin. Le sauvetage et une mise en valeur hautement justifiée de ce patrimoine auraient des retombées positives sur toute la cité, ils s’imposent! Par chance, le maintien de deux salles de cinéma attire le spectateur de loin à la ronde. Ce d’autant que la programmation est de qualité et que les films sont distribués en même temps qu’à Lausanne, ou presque. Sans oublier les deux ciné-clubs, l’Urba-cinéclub et le 4 à 7 de la Tournelle.

Finalement, la culture étant l’outil promotionnel phare d’une ville, d’une région, tout doit être mis en oeuvre, car son épanouissement est d’intérêt général.

Le fameux groupe suisse-alémanique a fait halte à Chavornay en 2018.
(Photo Ali-Georges Maire)

A Baulmes

Les habitants de la Commune de Baulmes ont depuis longtemps la chance de se voir proposer régulièrement des activités culturelles diversifiées. En plus des sociétés villageoises traditionnellement très actives au village (chants, musique, pour petits et grands, théâtres…), l’Association culturelle propose chaque année un programme alléchant.

C’est au mitan des années 70 que Bernard Abetel (instituteur à Vuiteboeuf) fonde avec quelques amis le CinéFolk (groupe ouvert à différents courants artistiques: musique folk, chansons françaises, cinéma, théâtre, etc.). Les prestations des artistes ont lieu dans les arrières-salles de cafés ou à l’Hôtel de Ville. Les plus que quinquagénaires se souviennent avec nostalgie des prestations de Michel Buhler, Henri Dès, Henri Tachan, Marc Ogeret et autres Colombaioni pour n’en citer que quelques-uns. En proie à des difficultés financières, le CinéFolk prend contact avec la Municipalité de Baulmes. L’Exécutif propose de créer une association avec statuts et de faire partie du Concordat des sociétés locales en échange d’une aide financière annuelle. Dès lors, la volonté d’offrir de la diversité aux habitants de la région est manifeste et l’Association Culturelle nouvellement créée va offrir année après année des concerts de musique classique, de jazz et de variétés. Des conférences, excursions, films, et activités créatrices pour enfants complètent l’offre. En 1998, l’Association acquiert un piano à queue, et équipe en 2012 la salle de spectacles d’un système professionnel de lumières. Dirigée aujourd’hui par Annette Donnier, l’Association se porte bien. Le réaménagement prévu de la salle de spectacles de l’Hôtel de Ville sera un plus pour l’Association et les sociétés locales.

A Vallorbe

L’offre n’est pas abondante, mais personne ne s’en plaint, selon Roland Brouze, entre autres municipal de la culture. La commune soutient la commission culturelle à hauteur d’une dizaine de milliers de francs annuels, ce qui permet la mise sur pied de quatre à cinq divertissements, entre le théâtre et la chanson principalement. Par contre, la Municipalité met partiellement à disposition les locaux (Casino ou salle des fêtes). Si l’on ajoute les différentes soirées, c’est près d’une douzaine de manifestations qui se déroulent sur l’année. Depuis 1988, Vallorbe ne compte plus de cinéma. Les cinéphiles vallorbiers doivent donc se déplacer. Au Sentier souvent, ou à Orbe, mais ils vont aussi à Métabief ou à Pontarlier, où l’offre est intéressante.

Jan Reymond, le responsable des scènes du chapiteau à Romainmôtier.
(Photo Jean-François Reymond)

Romainmôtier ou le poids de l’histoire

Si, dans la région, et par rapport au nombre d’habitants, il fallait attribuer une palme à la commune proposant à ses citoyens la plus large offre de divertissements, c’est à Romainmôtier qu’elle serait décernée. Théâtre, concerts, expositions, fête de la Rose, Sonnailles, Scènes du chapiteau, fêtes de Jeunesse, Foire du livre et d’autres encore attirent des spectateurs tant locaux que régionaux, voire venant de beaucoup plus loin. Des manifestations en nombre signifient également des organisateurs, des bénévoles nombreux et dynamiques. C’est sans doute le poids de l’histoire du lieu, sa beauté, qui contribuent à créer un vivier de population active et enthousiaste à faire vivre le village. Selon Agata Jaxa, municipale en charge de la culture, les bénévoles se recrutent même dans les villages avoisinants au gré des intérêts de chacun, des cercles de familles ou d’amis. Seuls les plus jeunes semblent en marge et cherchent ailleurs, ou dans les divertissements connectés, leurs lieux de récréation, mais encore ne s’agit-il que d’une période passagère.

L’avis de Sophie Mayor

Quand bien même elle a quitté la direction du théâtre de la Tournelle depuis plusieurs années, Sophie Mayor, la directrice urbigène de l’Echandole à Yverdon, considère que la culture est encore bien vivante dans la région de l’Omnibus. «Je trouve qu’entre La Tournelle, le Hessel Espace Culturel ou à Romainmôtier, il y a toujours  moyen de se distraire. Il est vrai que les moyens financiers sont déterminants dans l’animation culturelle. Il faut dire aussi que l’offre est énorme dans le canton et qu’il faut savoir se profiler. La communication est un élément essentiel. Surtout si l’on ne veut pas présenter les mêmes artistes qu’ailleurs. Je ne connaissais pas les instigatrices du Multiface’rival, mais leur programmation me semblait correcte. J’ajoute que le public du Nord vaudois est frileux et qu’il faut le séduire d’où l’importance de professionnaliser au mieux l’offre. On dit souvent que le prix d’entrée a ses limites. Par exemple à l’Echandole, les places les plus chères pour une soirée ne dépassent pas les Fr. 29.–. C’est un vœu de la commune d’Yverdon qui investit près d’un million pour la culture et cela nous offre une certaine marge de manœuvre. Concernant la jeunesse entre 16 et 25 ans, elle ne se rend pas souvent aux spectacles que l’on présente, c’est pourquoi l’on ne doit pas s’étonner de son manque de participation. Est-ce parce que la jeunesse n’a pas envie de rencontrer ses parents ou ses profs d’antan lors de la manifestation? C’est possible, mais les jeunes finissent par revenir autour de la trentaine. S’il y a un domaine dans lequel il faut être prudent, c’est celui de la création. A l’image de la danse contemporaine où les amateurs sont avertis et préfèrent se rendre à Lausanne où le public est plus aguerri que par chez nous». 

Dans d’autres localités comme à La Praz, à Mathod ou à Ballaigues, des structures adéquates organisent des manifestations intéressantes comme c’est certainement le cas ailleurs. Malheureusement, nous n’avons pas pu faire le tour de toutes les manifestations culturelles de notre région et nous présentons nos excuses aux personnes qui essaient de promouvoir la culture dans les différents villages. 

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