« In Templo » a fait fort, vendredi 26 janvier, en faisant monter sur la scène du Casino d’Orbe Les Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Une prestation remarquable, aussi bien dans le répertoire religieux que profane.
«Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer.» Les Petits Chanteurs d’Autun en Bourgogne, eux, ont ouvert la porte d’un paradis dont le credo s’articule autour de trois mots phare: amour, partage, fraternité. Messagers de l’espoir et de la paix.
Ecole de vie
En 1906, deux étudiants en séjour à l’abbaye de Tamié, en Savoie, décident de créer une maîtrise de garçons afin de faire redécouvrir le chant sacré. Dix-huit ans plus tard, les Petits Chanteurs se mettent à parcourir le monde à la rencontre des peuples. En 1942, ils chantent dans des camps de prisonniers en Allemagne.
A l’origine, leur répertoire est essentiellement religieux. Puis des compositeurs créent des œuvres spécialement pour la manécanterie – Francis Poulenc, Arthur Honegger, pour n’en citer que quelques-uns.
L’école est fondée sur un projet artistique d’excellence, couplé à un enseignement scolaire de haut niveau et à une ouverture sur le monde. Plus de 8000 enfants ont bénéficié de cette formation unique. Ils ont enchanté le public aux Philippines comme en Corée du Sud, à Tahiti comme en Russie, en Chine comme en Nouvelle-Zélande…
Du temple… au Casino
La réputation d’un des meilleurs chœurs de garçons de la francophonie les a évidemment précédés également dans la cité urbigène. Il n’y avait pas une chaise vacante, ce 26 janvier! Et le public était particulièrement chaleureux et enthousiaste.
D’ordinaire, leur écrin est celui d’une église. Le temple d’Orbe étant encore en réfection, c’est la salle du Casino qui a accueilli les Petits Chanteurs. La croix de bois brun sur l’aube à capuche, la cordelette nouée à la taille, ils ont les mains enchâssées dans les manches de l’habit, à la manière des moines.
La première partie est tout entière dédiée à des œuvres religieuses. Des voix célestes, d’une grande pureté. Les solistes sont remarquables.
Après l’entracte, ils ont laissé tomber l’aube. Pull et pantalons trois quarts, chaussettes blanches, on les dirait tout droit sortis d’un pensionnat anglais. Et ils excellent aussi dans le répertoire profane. Quelle délicatesse du jeune soliste qui évoque Mo Li Hua, fleur de jasmin d’une chanson traditionnelle chinoise! Les auditeurs dégustent le célèbre Quand on n’a que l’amour de Brel. Qui leur sera resservi en bis avant un Au revoir mes frères vibrant. Un seul bémol dans une partition parfaite: l’absence de sourires sur les visages. Pourquoi cette gravité?