Hommage : Pierre Mercier a franchi la ligne d’arrivée

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Hommage : Pierre Mercier a franchi la ligne d’arrivée

De la radio au stylo, de l’international au local, notre Urbigène aura laissé son empreinte dans les médias. Encore engagé en qualité de journaliste radio chevronné à la RTS au moment de la création de L’Omnibus en 2005, il ne tarda pas à rejoindre l’équipe et assuma durant plus de dix ans, aussi longtemps que sa santé le lui permit, la fonction de rédacteur en chef.

Rompu à de brèves interviews de sportifs, Pierre avait développé une capacité à identifier les sujets importants, à en tirer l’essentiel et à les restituer aux auditeurs. La transposition de ces qualités vers un support écrit se révéla efficace, doublée d’une saine curiosité et d’un intérêt pour ses semblables et leurs divers engagements. Disposant d’un réseau étoffé dans les milieux sportifs, aussi bien que politiques et associatifs, il laissait peu d’informations échapper à sa vigilance. Il sut en parallèle animer et fédérer efficacement son groupe de rédacteurs.

Derrière le professionnel se cachait l’homme : affable, sensible, prompt parfois à s’indigner d’une situation, Pierre ne cachait qu’à moitié un profond sens de l’équité et de la justice. En témoigne son engagement en politique locale au sein d’un groupe plus motivé par les réalités du terrain que par les mots d’ordre. Dans les jours qui précédaient la nouvelle année, on le rencontrait, arpentant la place du Marché, récoltant de l’argent pour offrir un Nouvel an digne de ce nom aux personnes isolées.

L’équipe de L’Omnibus présente ses sincères condoléances à sa famille et gardera pour lui une place toute particulière dans l’histoire du journal.

Denis-Olivier Maillefer

Un journaliste sportif heureux

Pierre, tu ne cessais de le répéter, avec fierté mais aussi avec tout le réalisme et la modestie qui te caractérisaient: «J’ai vraiment eu de la chance, j’ai vécu une vie formidable dans le monde qui me passionnait, celui du sport. Il m’a ouvert les portes du monde, il m’a donné la chance de faire des rencontres humaines extraordinaires. J’ai réalisé mon rêve de gamin».

Et pour ce qui est de la richesse de tes rencontres, c’est bien à ta nature spontanée, enjouée, que tu les devais. Claude Mottier, l’un des techniciens radio qui t’a accompagné sur le Tour de France, se souvient combien les champions cyclistes te connaissaient, combien ils étaient prompts à répondre à tes sollicitations, même si parfois tu les bousculais. Autre technicien avec qui tu avais couvert le Tour de Romandie, Jean-Claude Renou avait été frappé par ta passion pour le cyclisme qui allait bien au-delà des simples nécessités professionnelles. Il se souvient de cette étape où, tout à coup, tu lui avais donné l’ordre de stopper la voiture. Tu t’en étais extirpé, posté au bord de la route, tu avais attendu le passage d’un coureur pour l’encourager, puis tu avais repris place dans la voiture.

Ta popularité et ton professionnalisme ont aussi été reconnus par tes pairs. Ils t’avaient désigné pour être leur représentant auprès de la direction de course du Tour de France. Ton sens de la camaraderie, les anciens techniciens radio s’en souviennent encore: jamais tu ne manquais de les associer aux diverses invitations. Aussi bien dans le monde du football ou encore celui du ski, c’est bien ton sens des relations qui t’ont permis de donner vie aux reportages et informations que tu as mis à l’antenne durant tes 35 ans de carrière radiophonique. Ce ton aussi personnel que particulier était ta marque de fabrique, au point que même des humoristes s’en sont inspirés.

Mais je dois aussi te dire merci, merci de m’avoir ouvert les portes de L’Omnibus. Tu me sollicitais depuis longtemps dans les couloirs de la Radio; la retraite venue j’ai répondu à tes appels. Tu m’as permis à moi aussi de vivre un rêve de jeunesse: écrire.

Ali-Georges Maire

Pierre en compagnie du journaliste sportif Jacques Ducret qui fut son mentor

Salut l’ami

J’ai perdu plus qu’un simple collègue, un ami que j’appréciais pour de nombreuses raisons : sa droiture journalistique, son sens de l’humour, sa diction et son phrasé si particuliers, reconnaissables entre tous, mais aussi son élégance et son souci de l’apparence. Je suis triste car c’est lui qui m’avait encouragé à rejoindre l’équipe rédactionnelle de L’Omnibus, «son cher journal», et je ne l’ai pas regretté.

Notre première rencontre date probablement du milieu des années 70: lors des matchs de football Orbe II – Baulmes (en troisième ligue à l’époque), nous étions adversaires sur le terrain. Puis, comme entraîneurs des juniors de nos clubs respectifs, nous étions toujours opposés, mais avec un respect et une connivence jamais pris en défaut. L’amitié était née entre nous et allait rester.

Nous avions quelques amis communs, en particulier Fernand Luisier, l’emblématique capitaine du FC Sion. Lorsque je lui ai communiqué la triste nouvelle, il m’a affirmé « je suis aussi triste que toi, j’avais eu tellement de plaisir à le revoir en ta compagnie autour d’une fondue dans votre belle région». Et Fernand de poursuivre: «j’ai eu le privilège de l’accompagner deux fois comme chauffeur sur le Tour de France, qu’il suivait en tant que commentateur pour la RTS. Dans le milieu cycliste, il n’avait que des amis, et les portes s’ouvraient devant lui; il en faisait d’ailleurs bénéficier les jeunes journalistes stagiaires qui l’accompagnaient sur la Grande Boucle».

A L’Omnibus, lorsque en 2019 il avait dû être opéré et mettre entre parenthèses son travail de rédacteur en chef, il nous avait demandé, à Ali-Georges Maire, Jean-Félix Brouet et moi-même, de reprendre momentanément ce job passionnant. Devant cette belle preuve de confiance, nous n’avions pas tergiversé pour accepter. Il aimait vraiment ce travail de rédaction pour sa ville et sa région et y consacrait de nombreuses heures, au-delà du raisonnable parfois. Alors, merci Pierre pour ton engagement sans faille, dont nous avons tous profité.  

Jacques Ravussin

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