Attaques de loups sur du bétail

BÉTAIL – Plusieurs articles et développements ont été publiés par divers médias ces deux dernières semaines suite à des attaques de loups sur des bovins dans le Nord vaudois. 

Au pied de la Dent de Vaulion, Marion et David Guignard élèvent à la fois des vaches et des chèvres depuis 2010. Leur troupeau de caprins, actuellement fort d’une cinquantaine de chèvres, fournit la matière première pour l’élaboration de fromages et la vente de produits carnés.

Dans la nuit du 17 au 18 septembre, un troupeau de dix-neuf têtes, qui paissait au pied de la Dent de Vaulion, a perdu quatre chevrettes. L’alpage du Perchet, près du hameau des Vy Neuves, à une altitude de 1100 mètres, se situe à environ 500 mètres des habitations les plus proches. Personne n’a entendu quoi que ce soit cette nuit-là, pendant que des loups tuaient et dévoraient ces animaux. Au petit matin, David Guignard a découvert quatre carcasses de ses animaux. Il ne décolère pas face au peu de moyens de protections à disposition. Les chevrettes rescapées ont rejoint le gros du troupeau, dans un pâturage à proximité immédiate de la ferme de La Busine, où le couple Guignard produit ses fromages.

Si le surveillant de la faune a confirmé que les loups étaient bien les auteurs de cette attaque, leur nombre n’a pas pu être établi, des analyses ADN sont toujours en cours. Il faudra plusieurs semaines pour en connaître les résultats. Il pourrait s’agir d’une meute qui a été étudiée dans la région des cols du Marchairuz et du Mollendruz. Relevons que le bois de Blanchard, qui borde l’alpage du Perchet, rejoint les forêts reliant les forêts de Pétra Félix et du Mollendruz. Une meute de loups n’a donc pas à se montrer à découvert pour passer d’une vallée à l’autre. 

Une nouvelle attaque nous a été rapportée. Dans la nuit du vendredi 24 au samedi 25 septembre, trois génisses et deux vaches portantes se trouvaient dans un pâturage bordant la route à Nidau, sur la commune de Vaulion. L’éleveur surveillait l’évolution des gestations, mais l’une des vaches a vêlé durant la nuit, à une centaine de mètres de quatre habitations. Cela n’a pas empêché le petit veau, tout fraîchement né, d’être dévoré par un ou des loups. Sa carcasse a été découverte au petit matin par l’agriculteur.

Nouvelle meute 

Dans le même temps, la présence d’une deuxième meute a été confirmée à la suite de l’observation d’un louveteau. Elle est localisée dans le massif du Risoux, à la Vallée de Joux. Des spécialistes suisses suivent ces meutes pour tenter d’en documenter la composition. Au vu de la contiguïté avec la France, l’Office français de la biodiversité agit en parallèle pour un suivi et une étude de la meute. Selon Jean-Marc Landry, éthologue et biologiste suisse bien connu, la meute du Marchairuz est la mieux connue et documentée, quatre à six adultes et quatre à cinq petits la composent, observés en permanence. Ce spécialiste affirme qu’il ne devrait pas y avoir d’augmentation exponentielle du nombre d’individus, s’agissant du même territoire. Il y aurait environ cent cinquante loups en Suisse, regroupés en une douzaine de meutes.

Un institut pour la connaissance et l’amélioration de la protection de troupeaux

Suite au retour du loup sur territoire helvétique, Jean-Marc Landry, a créé l’Institut pour la Promotion et la Recherche sur les Animaux de protection (IPRA). L’objectif de cet organisme est de proposer des solutions adéquates pour permettre une cohabitation durable entre l’élevage bovin et les carnivores. 

Selon Pro Natura, «les loups sauvages doivent rester sauvages. Une peur irrationnelle à l’égard du loup subsiste encore dans une partie de la population. Pourtant, des animaux comme les abeilles, les vaches, les chiens ou les serpents sont bien plus dangereux pour l’homme. Afin de réduire le risque que représente fondamentalement sa présence, il ne faut pas attirer le loup vers la civilisation.» 

La méconnaissance de la faune par la population autorise beaucoup de réactions protectrices, sans tenir compte des problèmes que la présence du loup engendre pour les éleveurs et leur bétail de rente. Le loup a besoin d’un espace vital étendu et ne peut pas survivre en Europe centrale seulement dans des zones protégées. A ce jour, aucune mesure de protection des troupeaux n’a prouvé son efficacité à 100%. Les éleveurs n’ont pas les capacités humaines nécessaires pour rentrer les troupeaux chaque soir, et les consommateurs souhaitent que les produits proposés proviennent de troupeaux élevés en extérieur. Grand dilemme. Quant à mettre en place des équipes de pâtres qui passeraient la nuit à veiller sur les bovins, pour l’instant ce n’est qu’une idée émise. Encore faut-il trouver de nombreux volontaires qui pourraient assurer cette tâche, cela peut prendre du temps. Une formation serait absolument nécessaire pour prendre soin de troupeaux de vaches, moutons ou chèvres. Et que faire en cas de présence de prédateurs? L’usage d’armes à feu serait-il envisagé? Beaucoup de questions qui, pour l’instant, n’ont pas de réponse.Attendons de savoir quelles seront les mesures effectives prises par les autorités pour éliminer quelques individus parmi cette ou ces meutes, les premières décisions concernant le tir de louveteaux semblent avoir été abandonnées. Lorsqu’une vue plus précise sera disponible quant à l’évolution de cette population, que des dispositifs de protection des bovins seront accessibles aux éleveurs, il sera plus aisé de tirer enfin des conclusions sur la présence du loup chez nous.
Le Département de l’Environnement et de la Sécurité (DES) dialogue avec tous les acteurs concernés dans le canton pour améliorer la cohabitation avec le loup, et poursuit la mise en œuvre de mesures de soutien aux éleveurs.

Le troupeau de David Guignard est maintenant réuni à proximité de la ferme de La Busine (Photos: Jean-Claude Seydoux)

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