Histoire – Notre pays et de Gaulle: quoi de neuf ?

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Histoire – Notre pays et de Gaulle: quoi de neuf ?

Histoire – Notre pays et de Gaulle: quoi de neuf ?

A l’occasion du 80e anniversaire de la Libération, l’association Culture et Loisirs de Jougne organise diverses activités franco-suisses: une exposition itinérante, des rencontres et des conférences.

C’est Assens qui a accueilli le lancement en Suisse de l’exposition Charles de Gaulle et la Suisse: une histoire oubliée. Il faut dire que depuis 2002, le village du Gros-de-Vaud est jumelé à Colombey-les-Deux-Eglises, lieu de résidence de de Gaulle jusqu’à son décès, en 1970, à l’initiative de Bernard Despont, syndic d’alors et grand admirateur du Général.

Charles de Gaulle était assez critique vis-à-vis de la Suisse, entre autres parce qu’elle accueillit sur son sol un projet de délégation de la Résistance à Genève en 1943, financé par les Américains et dont le contrôle risquait d’échapper à la France, qu’elle servit de refuge à des capitaux français qui auraient été utiles à la reconstruction de l’économie d’après-guerre et qu’elle abrita des terroristes de l’OAS, l’organisation de l’armée secrète qui s’opposa à l’indépendance de l’Algérie.

Jusqu’à récemment, tout comme le principal intéressé, tout le monde ignorait les origines partiellement suisses du général: son arrière-arrière-arrière-grand-père François-Ignace Nicol (1742-1780), devenu Nicot, venait de Porrentruy et servit la France comme mercenaire dans un régiment du prince-évêque de Bâle !

Réhabiliter les résistants

Quelques centaines de Suisses – 466 selon les sources officielles –, dont beaucoup passèrent par la légion étrangère, répondirent à l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940 depuis Londres et rejoignirent la Résistance intérieure (FFI) ou les Forces françaises libres (FFL). Certains le payèrent de leur vie.

De retour en Suisse, ils furent fraîchement accueillis, au nom de l’article 94 du code pénal militaire qui proscrit tout service dans une armée étrangère. Des peines de prison avec ou sans sursis furent prononcées.

On ne sera pas surpris d’apprendre que leur réhabilitation, demandée par plusieurs parlementaires depuis de nombreuses années, dont l’initiative parlementaire de Paul Rechsteiner en 2006 et celle de Stéfanie Prezioso en 2021, ne soit pas encore effective, au vu de l’inertie des démarches parlementaires et, il faut bien le dire, d’un réel problème juridique, sachant que l’interdiction de servir une puissance étrangère est toujours en vigueur. Mais, à l’image de ce qui a été fait en 2009 pour les Suisses engagés dans la Guerre d’Espagne, un processus de réhabilitation vient tout récemment (mars 2024) d’être accepté par le Conseil national.

D’autres dossiers partagés

L’exposition et les rencontres prévues mettent également en évidence les liens franco-suisses sous le gaullisme. On découvre que plusieurs membres de la famille de Gaulle se réfugièrent en Suisse durant la Seconde Guerre mondiale, ses frères Jacques et Xavier notamment.

Sur l’indépendance algérienne, l’exposition évoque les bons offices joués par la Suisse, les premiers contacts entre représentants français et algériens du FLN (front de libération nationale) ayant eu lieu sur notre sol, qui conduisirent à la signature des accords d’Evian en 1962 ; on y apprend d’ailleurs que ces accords furent établis dans un bâtiment des douanes aux Rousses.

Ces évocations vont de pair avec une volonté de commémoration: il est prévu d’ériger un monument en mémoire des résistants suisses de la Seconde Guerre mondiale à la frontière franco-suisse, entre Jougne et Vallorbe.

Focus sur notre région

En filigrane de ces diverses thématiques apparaissent des figures locales. Un des résistants suisses était un Urbigène, au sujet duquel L’Omnibus s’efforce de rassembler des informations. Vallorbe n’est pas en reste avec Samuel Lehmann, sergent déserteur à la Légion étrangère, qui participa à l’attentat contre de Gaulle au Mont Faron dans le Var en août 1964 et qui fut condamné à mort par contumace; heureusement pour lui, il sera protégé par le refus de la Suisse de l’extrader.

Le Vallorbier Samuel Lehmann. (deltas-collines.org)

Autre clin d’œil à la cité du fer: si l’on a passablement documenté le passage du maréchal Pétain à la frontière de Vallorbe au moment de sa remise aux autorités françaises, le 26 avril 1945, la présence du général de Gaulle au même endroit une année plus tard, soit le 30 mai 1946, est moins connue. Le Vallorbier Roland Brouze, fin connaisseur de l’histoire locale, nous a aimablement fourni les informations et photos utiles.

L’exposition itinérante sera ouvert à Jougne, en France voisine, du 26 avril au 12 mai, tous les jours, sauf les mercredis, de 14 h à 18 h.
Conférence de Philippe Pichot, De Gaulle et la Suisse, le 29 avril à 19 h.

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