Ailleurs : Une lettre de Røst, Norvège

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Ailleurs : Une lettre de Røst, Norvège

Cher Omnibus,

C’est une mer noire qui nous porte et nous emporte loin, à une centaine de kilomètres au large de la côte norvégienne. Des monticules de roches traversent les vagues, révélant aléatoirement des prémisses de terre ferme aux abords du ferry. Quelques minutes plus tard, une île aussi pittoresque que plate se dévoile dans le brouillard. A ma droite, j’entends des passagers français: «Que c’est sinistre! J’en ai des frissons dans le dos, heureusement qu’on continue sur les Lofoten». Mon ventre se noue. Sac au dos, je descends du bateau et accoste; me voici sur l’île de Røstlandet.

C’est une atmosphère troublante qui se révèle d’abord sur cette terre de trois kilomètres carrés et demi, où tout le monde se connaît – et où je ne comprends que très peu ce qui se dit. Je ne suis que de passage, afin de garder des chiens et de m’occuper de moutons.

Une île gardée par ses quelque cinq cents habitants, trois cents ovins et surtout par les milliers d’oiseaux qui y nichent. J’ai l’impression de pénétrer un étrange sanctuaire où mystique et modernité sont deux déesses avec lesquelles l’île échange quelques poignées de main. Modernité, parce qu’à Røstlandet la plupart des facilités du continent sont présentes: s’y trouvent un supermarché, une école, des restaurants, des hôtels, une église, un garage et même un petit aéroport. Mystique par cette force naturelle incomprise, imposée à quiconque se pose ici.

Le soleil se lève avant l’aube. (Photos Elodie Kleiner)

Le climat, en effet, est bien particulier sur cet archipel: sous l’influence du Gulf Stream, le courant chaud de l’océan Atlantique, la région ne connaît jamais d’hiver météorologique. Bien qu’on se trouve au-dessus du cercle arctique, les températures annuelles y fluctuent entre 0 et 10 degrés Celsius. Ainsi tempérée, elle est connue dans toute l’Europe pour sa richesse ornithologique – Røst, l’archipel isolé dont fait partie Røstlandet, a d’ailleurs attiré de nombreux scientifiques suisses à partir des années 50.

Il n’y a que très peu d’échanges de mots, ici. Chaque matin, à l’aube, la solitude m’embrasse et me tient la main jusqu’à ce que Steinar, le berger de presque huitante ans, débarque, m’invite à le suivre et à l’aider dans son travail. Parfois un ou deux mots d’anglais connectent nos réalités, mais autrement c’est un langage fait de sons et de regards qui rythme nos rencontres. Des sourcils au sourire, le visage d’un inconnu peut de manière surprenante en dire bien plus qu’un discours: le langage du silence fait foi. Un silence relatif toutefois puisque le vent, les vagues et les oiseaux forment une bande-son intense, épurée de tout objet humanisé. S’ajoute à cette harmonie la lenteur du quotidien insulaire. C’est un élan de vie intact qui anime l’île entre algues et marées, composant ainsi un univers mystique – mystique parce qu’il m’est étranger.

Après avoir goûté de l’enseignement académique traditionnel, Elodie Kleiner, jeune rédactrice de L’Omnibus, a choisi de poursuivre ses études via une formation à distance, tout en voyageant. Des découvertes qu’elle nous fait régulièrement partager.

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