Assez tôt, Yasmina a eu envie de larguer les amarres. L’échine du Jura sur laquelle bute son regard est un obstacle à son besoin d’évasion. Ce besoin est motivé par la musique. Les parents, tous deux pianistes, ont noué des attaches familiales à Bavois où elle est née le 22 mars 1989. Elle y fait ses premières classes. C’est le gymnase Auguste Piccard à Lausanne qui l’accueille en classe spéciale pour artistes et sportifs d’élite. Yasmina est une élève brillante et aurait pu entreprendre des études académiques. Là n’est pas sa voie.
A trois ans, elle s’assied devant l’imposant piano noir, accompagnée par les conseils bienveillants de sa mère. Un jour, elle écoute «Pierre et le loup» de Prokofiev; c’est la révélation. Un instrument chante à ses oreilles: la clarinette. Les doigts de la fillette sont trop petits; aussi doit-elle débuter avec un chalumeau. Avant d’entrer à la Haute Ecole de Musique de Lausanne dans la classe de Frédéric Rapin, elle a pris des leçons avec Art Rozeboom.
Elle suit des masters classes en Allemagne et se présente à des concours. A Amsterdam, elle restera trois ans.
Récipiendaire d’une bourse
A Oslo où elle étudie, la jeune femme remporte un concours organisé par une fondation privée. C’est un formidable tremplin pour entrer, à Los Angeles, dans la classe de Yehuda Gilad, l’un des professeurs de clarinette les plus réputés au monde. Cette bourse paie l’écolage et tous les frais annexes jusqu’à l’obtention du diplôme.
Son rêve? Vivre à New York. Elle adore travailler la musique contemporaine ou de chambre. Certes, elle aime jouer dans des salles de concert avec un public averti, mais les inégalités en Amérique la choquent. Elle souhaite offrir la musique à des communautés défavorisées, mais également dans les écoles, les prisons, les centres pour SDF dans cette ville de tous les possibles. D’ailleurs, la talentueuse clarinettiste a déjà joué en de tels lieux en Suisse, en Norvège et à Los Angeles.
Elle s’investit dans des projets interdisciplinaires liés à la danse, au théâtre. Elle compte déménager l’été prochain à New York avec, dans ses bagages, une envie d’amener du renouveau à son public et de nouveaux défis pour elle-même.
Si l’on sait que Yasmina Spiegelberg a obtenu de nombreux prix et joue dans des orchestres et des ensembles réputés, on peut aisément imaginer une brillante carrière de clarinettiste. Elle revient régulièrement au pays qui l’a vu grandir pour voir la famille, les amis et pour donner des concerts. Elle est notamment soliste au Rapsodia String Orchestra d’Yverdon-les-Bains.