Vu du ciel en 1950 et en 2016 : comme le temps passe

Les deux clichés sont pris en direction du Nord. Entre la Gare située en bas de la localité sur la droite à 635 m d’altitude et le haut du village à droite de l’Eglise, il y a une dénivellation de 70 mètres. Au premier plan des photos, les champs agricoles occupent une grande partie de ce territoire en bordure de plaine au sud du village.

Baulmes en 2016, photo de Jean-Michel Zellweger


Au 2e plan, le village en forme d’éventail peu ouvert est implanté sur le cône de déjection du ruisseau local la Baumine qui descend du vallon situé sous le Suchet. La rue qui arrive du sud au milieu du village vient d’Orbe. On remarque très bien en dessous du village la voie de chemin de fer (ouverte en 1893) qui relie Yverdon sur la droite et Ste-Croix sur les hauts. Les rochers des Rapilles et la roche Bétron en son milieu sont visibles depuis de nombreux endroits de la Romandie et permettent de très bien situer la commune de Baulmes. On remarque la voie de chemin de fer déjà signalée juste au-dessus des Rapilles.
Numériser les images pour sauver et conserver les plaques originales.
Roger Emmenegger (photolithographe à Lausanne) avait reçu le mandat de numériser les images pour préserver les plaques originales dans les meilleures conditions possible par les Archives cantonales. Cette numérisation a permis de les rendre utilisables par les outils informatiques actuels. La gélatine des anciens films argentiques est fragile et supporte mal le vieillissement. Cette substance naturelle va souffrir dans un milieu trop sec (elle se craquellera) ou trop humide (des moisissures vont se développer à sa surface provoquant des taches). Aux Archives cantonales, les plaques originales ne sont pas consultables, seuls les fichiers numériques sont accessibles.
(Sources tomes 1 et 2 de Vaud du ciel de JM Zellweger et J-P Dewarrat)
L’analyse de Pierre Deriaz
D’emblée, une différence frappe l’oeil; sur la photo noir-blanc, les roches apparentes au centre du document en dessus du village ont été reboisées et n’apparaissent plus sur la photo récente. Cette particularité nous apprend que les propriétaires de chèvres emmenaient brouter les bêtes juste en dessus du village. La localité ne s’est pas trop étendue en surface; quelques espaces arborisés (vergers) ont disparu au profit de petites constructions, garages, places de parc.
Les nouvelles constructions se trouvent en dessous de la ligne de chemin de fer; on y aperçoit sur la droite le petit collège de Feurtille, la grande salle et la salle de gymnastique ainsi que le terrain de foot dont les tribunes ont fait couler beaucoup d’encre il y a peu. A l’ouest (sur la gauche), et en dessus du dépôt de l’entreprise de génie civil, quelques constructions (petit immeuble et villas) ont colonisé la colline qui mène à l’Eglise et au cimetière. L’Eglise est visible de loin, la vue y est superbe; dédiée à Saint Pierre, elle a été construite au XIe siècle et fait partie des sites clunisiens. Elle a été restaurée en 1870 sous sa forme actuelle. Actuellement, l’utilisation du sol et la démographie évoluent drastiquement puisque sept petits bâtiments locatifs ont été construits principalement au bas du village.

Baulmes en 1950, photo de Alphonse Kammacher.


Sur l’ancienne photo, on remarque vers l’est de la localité, l’imposante fabrique des Chaux et Ciments. Construite en 1895 elle a débuté son activité trois ans plus tard. 150 à 200 personnes y travaillaient; elle fonctionnait 24 h. sur 24 et pratiquement 365 jours par année. Sa production avoisinait 20 tonnes de ciment par jour et était évacuée par wagons de chemin de fer qui était transbordé à bras d’homme sur les wagons CFF. Ce travail harassant a été une des causes de la cessation de son activité en 1957. Après sa démolition par l’armée, le site a été repris par la commune, puis morcelé et vendu à des particuliers. Au centre du village, on aperçoit le majestueux Hôtel de Ville qui abrite l’administration communale, une magnifique salle de spectacles et quelques locaux dédiés aux enfants. Plus haut la Tour de l’Horloge érigée en 1750 a servi de prison locale et abrite aujourd’hui les archives de la Justice de paix. Il y a 60 ans encore, sa cloche sonnait le matin et en début d’après-midi pour rappeler aux petits Baulmérans qu’il était temps de se rendre en classe. Plus haut, à droite de l’Eglise, la Cure est un ancien cloître devenu le logement du pasteur.

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