Récemment, deux communes de notre région ont vu leur Conseil général se tenir à Lausanne, dans la salle du Parlement vaudois, rue Cité-Devant. Les autorités de L’Abergement puis de Valeyres-sous-Rances ont en effet pu découvrir ce magnifique bâtiment inauguré en 2017 et mieux encore, siéger dans la salle des députés. Les conseillers ont pu expérimenter le système de vote électronique, s’initier à l’utilisation du micro, tout en découvrant l’acoustique parfaite de la salle, ainsi que la vue superbe qu’elle offre sur la ville et le lac. Sans parler du lien ainsi créé entre Canton et Communes.
Notre correspondant rappelle ci-dessous quelques points historiques, notamment que l’accès à l’indépendance a signifié – dès 1803 – la constitution d’un organe législatif, le Grand Conseil, et qu’il a fallu un bâtiment pour abriter ses délibérations.
Un peu d’histoire
La première installation des autorités vaudoises a eu lieu le 14 avril 1803 et faisait suite à 262 ans de domination bernoise en pays de Vaud. Les grandes villes vaudoises avaient alors manifesté des velléités d’indépendance sous l’influence des événements révolutionnaires français.
Avec l’aide (?) de la France
Le 24 janvier 1798, une assemblée de délégués des villes réunie à Lausanne déclare l’indépendance du Pays de Vaud; cette assemblée était soutenue par une partie de l’armée française. Le 12 avril 1798, la République helvétique une et indivisible est proclamée plaçant ainsi le Pays de Vaud sur un pied d’égalité avec les autres cantons. La joie va être de courte durée, car trois jours plus tard, les troupes françaises pénètrent en Suisse et étendent la révolution à tout le territoire. Les Vaudois réalisent alors que l’intervention française n’était pas désintéressée. La France fait main basse sur le trésor de Berne, lève un nouvel impôt et réquisitionne des hommes. Les déçus de la révolution se dressent contre les nouvelles autorités. En 1802, les Bourla-papey (brûle-papiers) détruisent les droits féodaux dans plusieurs châteaux. En 1802, Bonaparte décide de retirer ses troupes stationnées en Suisse et donne le coup d’envoi à une guerre civile. L’avantage tourne en faveur des fédéralistes et le pouvoir central se réfugie à Lausanne (alors canton du Léman) qui demeure fidèle à la République unitaire.
L’indépendance de 1803 et le premier Parlement
En février 1803, Napoléon offre sa médiation à la Suisse. Le 14 avril, le canton de Vaud (c’est désormais son nom) conserve son indépendance et entre dans la Confédération comme 19e canton égal en droits aux 18 autres. Le Grand Conseil vaudois siège pour la première fois à l’Hôtel de Ville de la Palud et commande rapidement son Parlement à l’architecte Alexandre Perregaux. Ce dernier propose de construire la salle dans un édifice (rue Cité Devant) qui date du XIVe siècle. La première séance aura lieu en mai 1804.
Une nouvelle salle pour les débats
Un projet de nouveau parlement est évoqué durant les années 1990. Pour permettre aux travaux de se faire dans les meilleures conditions, les députés déménagent provisoirement en septembre 2001 au Palais de Rumine, et ce jusqu’au 14 avril 2017 date de l’inauguration du nouveau Parlement. Durant la pandémie, les députés iront également siéger à la Marive à Yverdon et au Centre des Congrès de l’EPFL.
Pas si simple
L’histoire de la construction n’a pas été un long fleuve tranquille. On se rappelle qu’un incendie avait ravagé le site dans la nuit du 13 au 14 avril 2002 provoquant notamment la suspension des travaux de rénovation. Un nouveau crédit est accepté par les députés en 2007. L’atelier Cube remporte le concours avec reconstruction d’un toit asymétrique en inox étamé adopté par le Grand Conseil en juin 2012. Un référendum s’oppose au volume et aux matériaux du toit. Après négociations, le toit est réduit de 30%, quatre plans symétriques recouverts de tuiles en terre cuite sont adoptés. Le chantier débute en mai 2014, l’inauguration se fait le 14 avril 2017 soit 16 ans après le déménagement à Rumine et la première séance a lieu le 2 mai 2017.
L’intérêt des visites
Les municipaux et conseillers généraux de L’Abergement et de Valeyres-sous-Rances ont pu visiter le Parlement guidés respectivement par Patrick Simonin et Thierry Vidmer qui leur ont donné tous les renseignements historiques et architecturaux dont ils avaient besoin. Après être entrés dans l’immeuble, ils ont eu le privilège de visiter les différentes salles du bâtiment, dont la salle des séances, les salles abritant les travaux des commissions, la salle des pas perdus et la buvette et surtout de siéger. Nul doute qu’ils conserveront un magnifique souvenir et qu’ils interpréteront différemment les décisions du Législatif vaudois.