Le centre de soins à la faune sauvage de Chavornay, ouvert en 2018, n’avait pas d’autre choix que de déménager, tant pour assurer la qualité des soins que pour répondre aux exigences cantonales. Il a pu acquérir le bâtiment voisin, où les travaux vont bon train.
C’est Laura, apprentie de 1ère année, qui nous reçoit pour une visite dans les locaux actuels d’Erminea, au Pâquier 7A. Cette fin de janvier est une période plus calme pour le centre. Dans des locaux très fonctionnels, où tout espace est mis à contribution, le personnel s’affaire : nettoyage des cages, nourrissage, biberonnage des bébés, suivi des fiches de soins, le travail ne manque pas. Là une portée de minuscules mulots en couveuse, de jeunes hérissons avec bouillotte ; un peu plus loin Marine, la responsable des soins, ausculte avec dextérité un pigeon blessé. Quelques marches plus haut, on tente de distinguer deux pipistrelles et une autre chauve-souris bien calfeutrée. La gent volatile ne compte pas de passereaux à cette époque de l’année, mais elle est représentée par une buse fraîchement opérée, une chouette hulotte qui doit encore patienter, le temps que la vétérinaire puisse lui retirer une broche, une autre buse, assez stressée, dans l’attente d’une enture, sorte de « greffe » de plumes (ndlr il s’agit en fait de remplacer les plumes de vol, abîmées ou manquantes, par des plumes identiques récupérées lors de mues).

Les hérissons, toujours nombreux, occupent l’espace un peu confiné sous les toits, chacun doté d’un prénom en plus de leur numéro – une facilité bien sympathique pour les soignants. Gardien d’animaux, c’est un métier passion.
Déménagement imminent
En lisant l’article Mue en vue chez Erminea, paru le 14 juin dernier dans L’Omnibus, Thierry Lombard, Genevois et ancien Bavoisan, a été touché par les idéaux de cette association et a offert de prendre en charge les coûts d’édition d’un calendrier visant à collecter des fonds pour le projet d’agrandissement du centre de soins. Un nombre croissant de patients à poils, à piquants et à plumes y sont en effet recueillis chaque année. Aujourd’hui, les travaux sont en cours dans le bâti ment voisin, qu’Erminea a pu acquérir et où elle pourra emménager dans l’année. Laélia Maumary, présidente de l’association, a répondu à nos questions :

L’Omnibus : Laélia Maumary, pourriez-vous rappeler votre parcours ?
L.M: J’ai 42 ans et suis au bénéfice d’un CFC de gestionnaire de vente en parfumerie et d’un CFC de gardienne d’animaux, section animaux sauvages. Depuis toute petite, je désirais ouvrir un centre de soins pour la faune ; ma mère recueillait toutes les bêtes blessées, un de mes frères (ndlr Lionel Maumary) est ornithologue, je baignais dans cette atmosphère. J’ai toujours trouvé injuste qu’il n’y ait aucune organisation prenant en charge la faune blessée, alors que l’équivalent existait pour les animaux domestiques. Un manque évident que je m’étais promise de pallier, à mon échelle. Lorsque j’ai adopté un animal domestique, j’ai opté pour un furet, son côté sauvage m’ayant séduite. Rapidement, j’ai ouvert à mon domicile une pension doublée d’un refuge pour furets. En 2011, secondée par une vétérinaire passionnée, Mélanie Lacombe, j’ai ouvert à Penthalaz l’association des furets suisses, visant à replacer les furets abandonnés. Rapidement le lieu s’est élargi à d’autres mustélidés. En 2018, cette association s’est muée en Erminea et a déménagé à Chavornay, au Pâquier 7 A – là où elle se situe encore pour l’instant.
D’où vient le nom d’Erminea?
Erminea est le nom latin de l’hermine, un animal de la famille des mustélidés, tout comme le furet une idée de continuité, donc. De plus, l’hermine était l’animal de l’année 2018 de Pro Natura.
Pourquoi déménager ?
Ce transfert s’impose particulièrement pour répondre aux exigences des lois cantonales ainsi qu’au nombre croissant d’animaux sauvages blessés de toutes sortes, apportés au centre. Nous sommes trop à l’étroit dans nos locaux actuels pour assurer une qualité de soins optimale.
A mi-juin 2024, L’Omnibus écrivait : « Le changement de local, quant à lui, relève tout bonnement du défi (…)». Que s’est-il passé entre-temps ?
Le 2 décembre dernier, le propriétaire nous a vendu les locaux en nous prêtant l’argent, une sorte de leasing. Actuellement, sur les 2 millions empruntés (achat et travaux), plus de la moitié é sont remboursés, grâce à divers mécènes, fondations, etc. Il reste encore quelque 700 000 francs à trouver pour s’acquitter de cette dette, qui entraîne bien sûr des intérêts.
Pouvez-vous décrire ce nouvel espace en quelques chiffres ?
La surface disponible va passer des 150 m2 actuels à 600 m2. L’étage inférieur sera affecté aux soins des animaux, avec notamment une salle de quarantaine, une nurserie pour le biberonnage des bébés mammifères, un hôpital avec salle de soins, chirurgie, radiologie, échographie, salle de réveil. Il y aura une vingtaine de boxes pour mammifères, des boxes pour oiseaux avec volière extérieure, une volière d’envol pour les hirondelles et martinets, etc. L’étage supérieur est dévolu aux humains, avec douches, cuisine, secrétariat, salle de conférence et salle pour ateliers, spécifiquement pour les enfants. Les activités pédagogiques ont déjà débuté dans le nouvel espace. Rappelons qu’il s’agit d’une association sans but lucratif, visant à un retour des animaux à la vie sauvage. www.erminea.org, tél 024 565 37 99.

Portrait chinois :
Votre animal sauvage favori ? Le lynx.
Votre animal domestique favori ? Le chat.
Une couleur ? Le noir.
Un légume ? Le brocoli.
Un souvenir ? La naissance de mes trois enfants, Samael, Hermione et Lilou.
Le défaut que vous détestez le plus chez l’autre ? La mauvaise foi.
La qualité que vous préférez chez l’autre ? La générosité.