14 avril 1803 – 14 avril 2023: il y a tout juste 220 ans aujourd’hui, le Grand Conseil vaudois tenait sa première séance.
Si le 24 janvier 1798 reste la date de référence symbolisant l’indépendance vaudoise, il faudra attendre encore cinq années pour que la République lémanique accède au rang de canton et tienne ses premiers débats parlementaires.
Durant ces journées de session de mi-avril 1803, tout était à mettre en place: l’élection d’un gouvernement – qui s’appellera d’abord le Petit Conseil –, l’organisation de l’administration cantonale, une monnaie, des lois, un système d’impôts, de santé, des écoles…
Vert libertaire
Pourtant, dès son premier jour de fonction, le gouvernement trouva le temps de se pencher sur les armoiries cantonales. Deux propositions furent examinées, qui toutes deux retenaient la couleur verte, symbolisant les idéaux de liberté et de révolution, mais aussi le chapeau de Guillaume Tell.
A relever que deux autres cantons nés en même temps, Thurgovie et Saint-Gall, reprennent aussi le vert et le blanc. L’originalité du blason vaudois consistera dans sa devise: ce sera le seul drapeau cantonal comportant une inscription. Furent proposées Liberté- Egalité, dont le deuxième terme sera considéré comme trop révolutionnaire, puis Union et Concorde, pour en arriver finalement au Liberté et Patrie qui se serait inspiré du drapeau des mineurs de Bex.
Plus chargée en symboles et en texte latin, la version alors étudiée (voir reproduction reconstituée) comportait une épée tenue par des mains jointes et symbolisant la justice; on distingue sur le haut le chapeau de Guillaume Tell, très représenté à cette époque. La devise en latin Pro Libertate et Foedere se traduit par «pour la liberté et l’union», le second terme rappelant la volonté de fédérer les six nouveaux cantons entrés dans la Confédération en 1803.
Solidarité pour patrie
En ce 14 avril 2023, nous commémorons non seulement la naissance du canton de Vaud, mais aussi les vingt ans de notre nouvelle Constitution cantonale.
Or au début des travaux entamés par l’Assemblée constituante, en 2000, un constituant radical, Stéphane Masson, proposa de changer la devise du drapeau cantonal en Liberté et Solidarité. Cette proposition assez dans l’air du temps fut acceptée dans un premier temps, au niveau de l’avant-projet. Face à la forte opposition, soutenue par de nombreux courriers de lecteurs dans la presse et à l’interne des constituants – le projet de nouvelle Constitution étant alors en consultation –, l’Assemblée revint sur sa décision, de peur de compromettre l’acceptation populaire du nouveau texte fondamental.
Source principale: Revue historique vaudoise de 2003, tome 111, Les armoiries vaudoises du Moyen-Age à nos jours, de Pierre-Yves Favez.