Une activité traditionnelle qui s’est perdue

Des traces encore visibles 

Dans les bois de Juriens, Bastien Siggen, garde-forestier à Juriens et son fils Leo, veillent depuis samedi 16 octobre sur une charbonnière. La fabrication du charbon de bois était une activité traditionnelle avant la guerre. Les gens se chauffaient souvent au charbon et quand on sait que cinq tonnes de bois donnent 750-800 kg de charbon de bois, cela facilitait grandement le transport du combustible. L’avènement du mazout a mis un terme à cette pratique, tombée en désuétude. Sur place on peut encore observer plusieurs planies, qui servaient à la production de grandes quantités de charbon. Il suffit de remuer le sol pour y trouver des quantités de cette terre noire utilisée pour recouvrir les charbonnières. 

Une initiative sympathique

L’initiative de cette réalisation revient à la commune d’Yverdon qui possède une centaine d’hectares de forêts au-dessus de Juriens. Son Service des travaux et de l’environnement cherchait un cadeau original à offrir à son personnel pour les fêtes. Il s’agit probablement d’une de ces idées à priori farfelues, qui ne peuvent que germer entre collègues autour d’un verre. Et pourquoi pas fabriquer du charbon de bois local? Ainsi est née l’idée. Encore fallait-il la personne motivée pour tenter l’expérience. Bastien Sieggen a relevé le défi. 

Pas si simple

Mettre en oeuvre une charbonnière n’est ni simple, ni de tout repos et nécessite du savoir-faire. On commence par empiler des bûches (ici 8 stères), selon un arrangement très précis, autour d’une cheminée construite au centre. Il faut ensuite recouvrir le tout d’une première couche de paille, puis d’une deuxième couche d’une terre particulière – appelée l’or du charbonnier – qui a la propriété de bien colmater et de maintenir l’étanchéité en séchant.

Une fois allumée, on la referme pour laisser le bois «bouronner» à l’intérieur, comme on dit ici, mais sans faire de flammes et durant presque une semaine. Le processus est ce qu’on appelle une pyrolyse. Il consiste à chauffer le bois pour éliminer tous ses composés volatils et ne plus avoir que le carbone. Des évents évacuent fumée et vapeur d’eau par le sommet et de petites entrées d’air au bas laissent entrer la juste quantité d’air nécessaire à maintenir la lente combustion.

Sous haute surveillance

La charbonnière doit être surveillée en permanence, car si un feu ouvert se déclare, le charbon brûle et une partie de la production sera perdue. Bastien Siggen a donc installé sa tente à proximité pour la semaine et à l’instar d’un marin du Vendée Globe, doit se réveiller toutes les deux heures pour faire un contrôle. Son fils Léo de 8 ans n’a pas attendu les années pour réaliser sa propre charbonnière. Il a assuré à son père que le prochain barbecue se ferait avec son charbon.

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