Différents modèles d’arcs ont ensuite fait le tour du groupe attentif. «Celui-ci est en ébène rose et en acacia, pour un client qui a une allonge importante (32 pouces, ou 81 cm), ce qui implique un risque de rupture de l’arc. Le meilleur bois est l’if, qui peut avoir plus de 4000 ans, certains arbres en Suisse en ayant 500. Le cytise est également utilisé, ainsi que le bambou. Un bois que j’apprécie particulièrement, c’est le frêne; et l’orme n’a l’air de rien, mais il est très intéressant». Pièces de bois de violette, buis, érable du Caucase, olivier et noyer ont circulé, suscitant moult questions parmi les visiteurs qui y auraient bien passé le reste de l’après-midi. Mais il était temps de lâcher quelques flèches et tenter de toucher la cible, en guise de conclusion à cette introduction au métier de facteur d’arc.

L’art des aciers
Un étage au-dessous, place à une tout autre ambiance: l’odeur et la présence de la poussière de métal sont omniprésents autour de la forge qu’alimente Jean-Marie Corona. Eternelle cigarette aux lèvres, le forgeron coutelier s’est attaché à expliquer la production de l’acier damassé, exposant lames et images de couteaux durant les temps de chauffe de la pièce en production. Sous les yeux parfois un peu inquiets des spectateurs, face aux étincelles jaillissant du fer porté à incandescence et frappé par le marteau mécanique, les cinq lamelles d’acier ont fusionné sous la pression des coups; soigneusement aplatie, la nouvelle pièce de fer multicouche a été pliée et remise au feu, pour être repliée encore et encore. Et donner, tout au bout du processus, une fois formée et polie, une lame aux dessins caractéristiques qui font penser aux cernes du bois.

En dehors des couteaux, les outils, barrières forgées ou escaliers en colimaçon demandent tout autant d’habileté. «C’est un métier très varié, apprécie Jean-Marie. J’ai là une pièce ancienne à copier dans une tôle de bronze, et il m’est arrivé de devoir réparer les serrures des portes d’un château.»
Olivier Grieb et Jean-Marie Corona seront à (re)découvrir au Festival des couteliers, du 19 au 21 avril à Vallorbe.






