Speedy est un coq superbe. Et fier comme Artaban. Comme tous les coqs, d’ailleurs. Un physique à faire pâlir d’envie ses congénères. Et à mettre sous son charme les poules de la basse-cour de la famille Goy.
Mais surtout, Speedy aime à se faire câliner. Le prendre dans les bras, le caresser dans le sens des plumes, lui roucouler des mots doux à l’oreille et il se pâme de plaisir. Manifestement, il recherche la compagnie des humains. J’ai approché ma main pour une caresse, là, près du cou. Pas de peur dans son petit œil rond et vif. La crainte était plutôt chez moi. C’est que le bec est impressionnant et les ergots puissants!…
Bien sûr, je brûlais de connaître son histoire. Et Rachel de raconter: «Une amie voulait faire une expérience de couvaison avec ses filles et s’occuper des poussins.» Mais poussin devient vite grand. Et comme il y a de l’espace dans le poulailler, Rachel accepte d’héberger les quatre poussines. A une condition: «S’il y a un coq, tu te débrouilles avec! Quand cette amie me les a amenées, elles aimaient le contact. On s’est très vite habitués à elles.»
Et lorsque l’une des poussines s’est mise à jouer au vilain petit canard, il a bien fallu se rendre à l’évidence. Un coq allait être en concurrence avec celui de la maison. Dès lors, impossible de ramener à la case départ un coq si familier ! Cependant la cohabitation avec le petit coq s’est avérée houleuse. «Il a fallu s’en séparer. Heureusement, une connaissance l’a accepté. C’est très difficile de donner un coq!» admet Rachel.
Ainsi donc depuis trois ans Speedy coule des jours heureux chez les Goy. Les amies de Lucie et les enfants du village adorent le cajoler.
Dans un battement d’ailes, il a quitté les bras de Rachel pour atterrir dans un carré d’herbe tendre, trop heureux de l’aubaine.