Agriculteur et viticulteur de Pompaples, Cyril Monnier a voulu en savoir plus sur la santé du sol qu’il cultive. Un T-shirt enterré durant deux mois lui a donné une idée de la vie souterraine qui fourmille sur ou plutôt sous son domaine.
En 2021 a démarré le projet «La preuve par le slip», proposé par Agroscope – le centre de compétence de la Confédération dans le domaine de la recherche agronomique et agroalimentaire – et l’université de Zurich. Dans le cadre de la Fête de la vie dans le sol, 1000 participants avaient alors enterré un slip en coton dans le sol, pour huit semaines; exhumés, les sous-vêtements avaient ensuite été exposés, leur détérioration plus ou moins avancée témoignant de l’activité plus ou moins intense des organismes du sol, là où ils avaient été enterrés. Le projet se poursuit et la campagne 2024 s’est déroulée du 20 avril au 16 juin derniers.
Inspiré par cette expérience, Cyril Monnier a pour sa part choisi d’enterrer un T-shirt en coton. Le 23 avril dernier, dans un de ses champs de lin à Rances, il a inhumé à moitié le vêtement, laissant l’autre moitié en dehors du sol. Puis, jusqu’au 23 juin, il a laissé la faune souterraine s’en régaler.

Preuve en lambeaux
En plus de satisfaire sa curiosité personnelle, l’expérience permet à l’agriculteur de réhabiliter les travailleurs du sol de notre pays: «L’agriculture suisse est souvent montrée du doigt, on dit parfois qu’on traite à outrance, qu’on maltraite nos sols; cette expérience démontre que nos pratiques n’ont pas tant d’effets négatifs sur la vie du sol et qu’elle est en fait très active.»

Car quand Cyril a ressorti son T-shirt, la différence entre les deux moitiés du vêtement était flagrante. Il confie: «Pour moi le résultat est super concluant, ça confirme ce que je pensais de mes pratiques, que je ne fais pas si faux que ça!» Le résultat est effectivement assez impressionnant: il ne reste quasiment rien de la moitié enterrée du T-shirt, après ces quelques semaines sous terre. Le vêtement de coton témoigne ainsi ostensiblement de la santé et de la voracité des organismes vivant dans le sol – invertébrés tels que mollusques, insectes, vers, acariens, mais aussi champignons et bactéries.

Pour Cyril Monnier, ce résultat n’est pas si étonnant: ses sols, il en prend grand soin. L’agriculteur-viticulteur respecte les rotations de culture, en évitant de faire pousser les mêmes cultures au même endroit deux ans de suite, et donne à manger à ces fameux organismes du sol grâce à des couverts végétaux. Tous les deux ans, il fait des apports d’engrais organiques –principalement du fumier, mais aussi des résidus issus de la méthanisation. Et de toute évidence, le régime plaît à ses alliés souterrains.