Rencontre : Dis, comment on devient papa ?

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Rencontre : Dis, comment on devient papa ?

«Se préparer à la paternité», c’est ce que propose Clément Stevenin, basé à Orbe. Le thérapeute va à la rencontre de futurs pères dans tout le canton, pour explorer avec eux les changements que leur nouvelle situation pourrait apporter.

Dans sa pratique d’accompagnement à la paternité, le thérapeute urbigène Clément Stevenin constate que de nombreux futurs pères ne se considèrent que comme des acteurs de seconde zone de la parentalité à venir. Ils n’envisagent souvent pas la naissance prochaine du bébé comme un réel changement de paradigme dans leur vie, mais s’imaginent plutôt « continuer comme avant ». La parentalité est vue avant tout comme le projet de la mère, en tant que porteuse du fœtus, essentiellement disposée à s’occuper de l’enfant.

A ces hommes, Clément Stevenin souhaite faire envisager la possibilité d’habiter plus intensément leur place de père.

Une remarque préliminaire du thérapeute concerne la dépression post-partum: selon lui, elle touche 10% des pères, pourcentage confirmé par l’association Dépression Postpartale Suisse. La plupart des futurs pères sous-estiment ou ignorent cette réalité. On voit, là déjà, que des enjeux majeurs de la paternité restent largement confinés aux angles morts du champ des envisageables.

L’implication paternelle

Plus généralement, sur le rôle que peut jouer le père, Stevenin martèle: «Après la naissance – mis à part pour l’allaitement – les deux parents ont les mêmes capacités objectives pour s’occuper des enfants.». Pourtant, dans les ménages suisses avec des enfants, les femmes consacrent chaque semaine en moyenne huit heures de plus que les hommes à s’occuper des enfants, selon une enquête de l’Office fédéral de la statistique réalisée en 2020.

Le projet d’implication dans la parentalité effective semble ainsi souvent limité chez les pères. Une piste d’explication possible serait de nature subjective: durant les premiers mois de vie extra-utérine du bébé règne l’idée d’«instinct maternel». Les pères s’abstiendraient initialement de passer trop de temps à s’occuper du nourrisson, ne se sentant pas concernés par cette dimension naturelle du lien à l’enfant.

Le potentiel d’instinct

A rebours de cette croyance en un instinct détenu exclusivement par les mères, Stevenin postule que l’instinct de soin et de lien au nourrisson est un potentiel humain, présent en chacun et chacune de nous, qui se développe par le fait même de s’occuper du nourrisson: être en contact peau-à-peau avec le bébé, le changer, le coucher, ce serait cela qui révèle l’instinct. La Coordination romande des organisations paternelles (CROP) soutient cette vision en s’appuyant sur les mesures scientifiques d’importantes modifications cérébrales et hormonales observées chez des jeunes pères, notamment au niveau de la matière grise dans le cerveau et de la quantité d’ocytocine. Autant d’indices pour annoncer que l’aventure d’une parentalité pleinement émotionnelle et instinctive est naturellement ouverte aux pères !

Ouverte seulement et non contrainte, faudrait-il finalement ajouter. Car il serait probablement néfaste d’essayer de contraindre toutes les familles à avoir un même rapport uniforme et préconçu à la paternité. «Se préparer à la paternité», ce serait plutôt considérer différentes options, plus ou moins traditionnelles ou innovantes, de la place que le futur père pourrait prendre à l’avenir et en discuter avec l’autre parent pour trouver, dans l’idéal, un modus vivendi épanouissant pour toute la famille.

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