Et quels artistes !
Tout d’abord, Bernard Viglino, l’artiste aux mille dons. Et puis Mario del Curto qui sillonne la planète, l’appareil photo en bandoulière. C’est lui qui a réalisé les photos, dans l’Illustré d’octobre consacré au peintre, verrier et mosaïste. Ils sont presque voisins. Le photographe habite l’ancien café de Sergey au charme désuet et Bernard Viglino est l’habitant de l’incroyable Maison bernoise.
Cela faisait déjà quelque temps que Mario caressait le souhait de rencontrer Bernard, repoussant aux calendes grecques un appel téléphonique, absorbé qu’il était dans des projets qui mobilisaient tout son temps. Un ami lui avait dit: «Ne tarde pas! Monsieur Viglino a vu fleurir 97 printemps.»
Rendez-vous est pris
«Surprise et émerveillement! Et pourtant, j’ai côtoyé nombre d’artistes! J’étais en deçà de ce que je pouvais imaginer. L’homme me touche par sa présence d’esprit, son monde intérieur, son imagination, son côté pince-sans-rire. C’est un homme attachant. Je suis allé chez lui à quatre reprises.»
«Plus le temps passe, plus il devient libre. Certes, il l’a toujours été, mais cette liberté il l’affiche dans cet univers qui est désormais le sien. Il bouscule les codes. Sa singularité, c’est justement le sel de la vie. Sa maison est une installation. L’univers dans lequel il vit est une œuvre en soi. C’est un récit sur notre monde que l’on découvre sur ses murs.»
Et maintenant, à l’ouvrage !
«Techniquement, il était difficile de photographier chez Bernard Viglino. L’espace est restreint, et surtout il est primordial de ne pas casser l’ambiance qui y règne. Donc il a fallu jongler avec les trépieds, les spots, choisir le bon angle pour restituer cette atmosphère si particulière.»
A La Villette, le photographe n’est pas au bout de ses découvertes, au terme de l’enchantement.
«J’y ai passé un jour entier avec mon assistante, ayant reçu le feu vert de celui qui a vécu son enfance et son adolescence dans cette maison. Là où il a fait son apprentissage de plâtrier – peintre. Là où sa créativité a éclos. J’y suis revenu.
J’ai photographié un extraordinaire collage de 3 mètres sur 3 mètres déployé sur le sol et saisi en image depuis le balcon. Bernard m’a fait confiance. Il m’a accompagné à La Villette lors de ma première visite mais les difficultés qu’il a à se déplacer n’ont pas permis de réitérer la belle expérience de voir l’artiste parler de ses œuvres in situ».
Un millier de photos sont sorties de l’objectif. Mario del Curto en a fait quelques agrandissements qu’il a offerts à Bernard.
«Regardez!» m’avait dit un jour le vieux monsieur «Ce photographe est vraiment un as!» L’étincelle dans le regard disait son plaisir.
Photos : Mario del Curto