Portrait : Un dépanneur solidaire solitaire hors du commun

Personnage – C’est sur le parking de l’aire d’autoroute de Bavois, très fréquentée à longueur d’année, que nous rencontrons cet «ange de la route» qu’est Christian Bardet. Impossible de ne pas le voir avec ses 1 m 94 et son gilet jaune portant l’inscription «DÉPANNEUR SOLIDAIRE».

C’est un concours de circonstances qui a fait que cet électronicien de formation, âgé de 52 ans, a changé son parcours de vie. Après avoir travaillé durant dix ans pour La Poste puis quinze années comme indépendant dans le domaine informatique, Christian Bardet s’est trouvé un soir de fêtes à fin 2016 sur l’aire d’autoroute de Bavois. Tout était fermé, aucune possibilité de ravitaillement pour les voyageurs qui s’arrêtaient. Juste les pompes à carburant en mode automatique. Ce fut le déclic. Le côté Saint-Bernard de Christian s’est manifesté. Il est allé chercher une table, de quoi faire et servir du café, et il s’est installé sur le parking, offrant du café bien chaud aux gens de passage. Et c’est ainsi que tout a commencé.

Pensionné AI, Christian Bardet se voue depuis lors à rendre service à tout un chacun qui en a besoin sur ce parking quelque peu inhospitalier. Depuis ses débuts, notre dépanneur solidaire très solitaire s’est équipé, presque mieux que les véhicules des dépanneurs «officiels». Bien entendu, si ses connaissances en mécanique sont assez étendues, son but n’est pas de mettre les mains dans les moteurs en cas de panne. «Ceci n’arrive qu’en cas d’extrême détresse, lorsqu’une personne a un besoin urgent d’être dépannée et n’a ni les moyens ni les assurances nécessaires.» Dans toutes les autres configurations, notre «Saint-Bernard» se limite à faire appel à un dépanneur, à l’assurance, voire à la police ou un autre service officiel, selon l’événement qui se présente. Ses connaissances linguistiques en anglais, allemand et roumain lui permettent de servir d’interprète, souvent aux routiers en mauvaise posture et aux gendarmes. Des anecdotes, il en a plein à raconter. Il prend très à cœur son rôle social. Les contacts humains, c’est ce dont il a besoin. Il n’est pas du genre à rester devant sa télévision ou à ne rien faire. Il est toujours disponible et décide de ses moments de présence à Bavois. Il vit lui-même seul à Chavornay, il n’a donc pas trop de route à parcourir avec sa voiture-atelier pour rallier son lieu favori.

Beaucoup d’habitués, routiers, dépanneurs, gendarmes, le connaissent. Si le service d’entretien cantonal ne voit pas d’un bon œil sa présence, pourtant irrépréhensible, il est la plupart du temps très bien accueilli. Il aime aider les chauffeurs routiers à manœuvrer pour trouver une place ou à quitter le parking. Il n’hésite pas à mettre la main à la pâte pour aider à changer une roue, si besoin est. Ses capacités à renseigner les dépanneurs avant leur arrivée les aident à préparer leur intervention.  Durant la présence des dépanneurs, Christian participe à sécuriser les lieux. Dans l’attente d’obtenir une licence de radio-amateur, son indicatif de cibiste est «Road Angel». Rien de mieux pour le désigner. Son gilet jaune visible de loin lui donne une contenance, un peu «d’officialité» qu’il apprécie pour confirmer que sa présence et son aide sont toujours appréciées et bienvenues. Si vous passez par cette aire d’autoroute, n’hésitez pas à l’approcher pour lui dire bonjour. Les contacts sont très importants pour lui.

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