Portrait : Un automate qui joue (vraiment) aux échecs

Au moins aussi passionné d’échecs qu’il est mordu d’électronique et d’informatique, Roland Burgermeister consacre une bonne partie de sa retraite à essayer de faire revivre, dans une déclinaison résolument moderne, le fameux Turc mécanique, cet automate joueur d’échecs de la fin du XVIIIe siècle qui a mystifié l’Europe entière pendant des décennies.

C’est dans son bureau, où trônent au-dessus d’un grand échiquier les armatures d’une main et d’un bras articulés, que Roland Burgermeister reçoit L’Omnibus. La pièce est plutôt sobre et bien rangée, loin de l’image d’Epinal du bricoleur posant au milieu d’un bric-à-brac d’outils, de mécanismes et de pièces en tous genres. Il faut dire que le terrain de jeu du personnage n’est pas la mécanique, mais l’informatique. La mécanique, il la sous-traite; mais le cerveau qui pilote tout cela, c’est son affaire. C’est même sa grande passion.

Vol, marche et micro-processeurs

Né il n’y a pas encore tout à fait 70 ans du côté de Genève, diplômé de l’école d’ingénieurs de son canton, notre inventeur fait partie de cette génération d’ingénieurs qui a connu l’époque des pionniers et évolué au cœur même du vertigineux développement de l’informatique, tutoyant les puces et domptant les microprocesseurs bien avant que cette technologie ne se soit emparée de nos vies.

Indépendant depuis 1980, celui que l’on qualifierait aujourd’hui de «geek» n’est cependant pas l’homme d’une seule passion. Les longues heures passées devant son écran ont sans doute besoin d’être compensées par de grandes goulées de liberté! Besoin qu’il a toujours satisfait, entre autres, aux commandes d’un planeur ou encore par de grandes marches dans la nature. C’est d’ailleurs ce besoin impératif qui l’a amené à fuir, en 2011, l’agitation de la région genevoise pour se réfugier à Baulmes, havre de tranquillité qu’il ne se lasse pas de savourer en arpentant les nombreux sentiers des Aiguilles-de-Baulmes.

Programmer un bras

«Au moment de prendre ma retraite, j’ai hésité entre développer un détecteur d’ascendances thermiques pour les planeurs et construire un joueur d’échecs. Comme j’ai eu peur qu’un détecteur ne tue l’intérêt du vol, j’ai donc opté pour le joueur d’échecs!» sourit notre personnage. Eh, oui, c’est peut-être ça la recette d’une retraite heureuse, savoir mettre ses compétences professionnelles au service de ses loisirs…

Cela étant, un ordinateur qui sait jouer aux échecs, ce n’est pas nouveau. Depuis les années 1990, les ordinateurs sont capables de battre les plus grands maîtres et des programmes performants sont aisément disponibles. Mais le défi de notre concepteur, c’est bien de créer un robot qui voie les pièces sur l’échiquier, les prenne et les déplace. Le tout en imitant au mieux le mouvement humain. Pour cela, il faut calculer dans le détail tous les gestes que le bras effectue et programmer les moteurs qui pilotent les divers mouvements. Et bien sûr trouver des solutions mécaniques pour articuler le bras. «J’ai dû digérer les 400 pages de la documentation technique des moteurs puis ressortir mes vieux cours de géométrie pour mettre tout cela en équations» se souvient notre inventeur. «Ensuite, il a fallu écrire des centaines de lignes de code informatique. Et puis tester… et encore tester».

L’important c’est le chemin

Aujourd’hui, après quelque 5 ans de développement et un nombre incalculable d’heures de travail, le robot est opérationnel dans une version 1.0. Il reste bien un peu de labeur pour fluidifier encore ses mouvements et lui donner une apparence humaine, mais le «nouveau Turc» commence déjà à faire parler de lui dans le voisinage et au sein des clubs d’échecs de la région. En particulier celui d’Orbe, dont Roland Burgermeister est par ailleurs l’un des membres fondateurs.

Mais jusqu’où sera-t-il encore possible de l’améliorer? La réponse de notre retraité est très claire: «Pour moi, c’est moins le but qui compte que le chemin! Je vais donc encore avancer d’une ou deux versions et puis, après, je passerai à autre chose…».

Autre chose? Un détecteur d’ascendances thermiques par exemple?

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