Menuisier, Vincent Addor réalise lui-même des guitares durant son temps libre. Fan de l’acteur Pierre Richard, il a eu la chance de le rencontrer, et de lui jouer une chanson sur un instrument de sa fabrication.
Vincent Addor travaille le bois depuis ses 15 ans : il a toujours oeuvré pour la menuiserie de son père, fondée par ce dernier en 1970. En parallèle de son métier, il pratique assidument la guitare. Depuis tout jeune, il se passionne pour la musique, plus particulièrement pour le rock’n’roll ; il découvre AC/DC en 1980, avec le célèbre album Back in Black : dans l’année qui suit – il a alors 11 ans – il commence à gratouiller et ne s’est jamais arrêté depuis.
Cigar box… électrique
Il y a une quinzaine d’année, Vincent a l’idée de se servir de son matériel et de ses compétences de menuisier pour créer son instrument lui-même. Il achète un livre de lutherie et se décide à concevoir une guitare. Un exercice long et difficile, mais fascinant pour un travailleur du bois passionné de guitare. Peu après, il se lance dans la création de cigar box guitars. A l’origine, il s’agit d’un type d’instrument assez rudimentaire, fabriqué à partir d’une boîte à cigare – qui servira de caisse de résonance – à laquelle on ajoute un manche. Vincent Addor quant à lui les fabrique avec ses morceaux de bois les plus nobles : les caisses de résonance sont faites de bois de prunier, les manches sont réalisés avec du noyer, du frêne et de l’acajou. Il utilise aussi de l’ivoire trouvé en brocante pour concevoir le sillet, une pièce de l’instrument qui doit être aussi dure que possible. Enfin si, initialement, la cigar box guitar est un instrument acoustique, avec lequel on jouait du blues, les guitares crées par notre menuisier sont électriques et peuvent s’adapter à plusieurs styles musicaux, par exemple le rock’n’roll !

Du ciné et du vin
Vincent est par ailleurs un grand fan de Pierre Richard, acteur français particulièrement célèbre dans les années 1970. Il avait tout de suite eu un coup de cœur pour le personnage maladroit, distrait et souvent timide qu’incarnait bien souvent Pierre Richard dans ses films. A l’époque, il regardait de nombreux classiques de l’acteur avec son frère, mais La Chèvre a été pour lui le plus marquant, au point que pendant une période il le regardait tous les jours !
Enfin, notre menuisier est aussi un amateur de vin rouge. Dans le but de rendre ses cigar box guitars plus personnelles et uniques, il réalise dorénavant ses modèles à partir de caisses de vins – le bois lui est offert généreusement par la Cave Blavignac, à Chavornay.
Du ciné et du vin
Un jour, on lui fait une proposition qu’il ne sera pas près d’oublier. Alors qu’il commandait du Bel Evêque, produit du vignoble appartenant à Pierre Richard, le représentant lui confie que le comédien sera en Suisse pour des avant-premières de film, des repas et des dédicaces de bouteilles dans une vinothèque. Une idée vient alors tout naturellement à Vincent : il se rendra à l’un des évènements et jouera à son idole la célèbre musique de La Chèvre, sur une cigar box guitar réalisée par lui-même à partir d’une caisse de Bel Evêque, et fera dédicacer l’instrument !
Un rêve devenu réalité
Sans doute est-il temps de révéler que le menuisier est le père de l’auteure de ces lignes… A la vinothèque A la Grappe d’Or, à la Chaux-de-Fonds, nous patientions donc tous les deux à l’extérieur, derrière une file de gens qui attendaient pour faire dédicacer leur bouteille. Étant musicien, Vincent a déjà fait de nombreux concerts ; pourtant je l’avais rarement vu si si nerveux à l’idée jouer devant quelqu’un !

En arrivant devant son idole, il se lance à lui jouer le début de la mélodie de La Chèvre. Pierre Richard a semblé sincèrement impressionné et admiratif du travail de fabrication de la guitare, et aussi touché par la mélodie, que mon père rejoua une seconde fois. Un moment très fort, car même les autres personnes présentes dans la vinothèque ont applaudi. Pierre Richard a dédicacé la guitare, et nous avons eu la chance d’échanger quelques mots avec lui : le rêve de mon père était devenu réalité.






