Rafael n’est pas le genre de personnage qui passe inaperçu. Tout de suite, le regard repère, sur son visage, des choses qui vous disent qu’il est d’ailleurs. Sur la petite terrasse de sa maison, j’en apprends plus sur son parcours.
Pinochet d’abord. J’ai ainsi la confirmation que la dictature, il l’a vécue au quotidien: les disparitions, les tortures, une enfance qu’il a vécue dans cette ambiance de crainte, de méfiance. J’apprends aussi que la situation n’est guère meilleure aujourd’hui. Il me révèle qu’ il a des racines Mapuche, peuple qui a été exproprié par les conquistadors espagnols et qui avait un profond respect de la nature.
C’est là-bas qu’il a rencontré Aurélia, fille du village alors en voyage à travers les Amériques, lors d’une soirée où il chantait dans un café. C’est avec elle qu’il est rentré en Suisse pour ne plus la quitter. Il y est aujourd’hui bien entouré de ses enfants Nahuel et Magdalena, un autre fils du Chili étant même à la veille de le faire grand- père.
Son parcours de peintre commença par la rencontre d’un artiste-peintre de son quartier, alors qu’il était enfant. Son père l’ayant encouragé, il rencontrera, à Santiago, d’autres peintres et fera même une école à New-York quelque temps plus tard, ville où il restera sept ans. Mais aujourd’hui, il peint de très belles toiles réalistes et symboliques. Elles montrent la beauté du corps féminin confronté à toutes les violences que les femmes subissent dans son pays actuellement.
Vous le verrez peut-être aussi dans un bar, sur une scène, à chanter des chansons de son pays ou d’autres plus blues, plus rock. C’est sa deuxième passion. Il est porté par les chansons de Brassens et des chansonniers argentins. Son envie de chanter est certainement née des airs que sa mère fredonnait en cuisinant.
Et il conclut en évoquant la situation actuelle de confinement qui donne une couleur encore différente à ces formes d’expression. Rafael n’a pas d’exposition en vue, mais ses oeuvres auraient un écho certain, que ce soit chez nous ou de l’autre côté de l’Atlantique si le régime l’autorisait.
