Vous croiserez peut-être dans notre région, Alexandra*, une jeune adolescente accompagnée d’un cocker anglais, qui répond au nom d’Alpha. S’il porte une chabraque rouge sur le dos (sorte de foulard), avec le logo Farah-Dogs, ne cherchez pas à le caresser, ni à distraire le chien. Il travaille ! Il veille sur sa maîtresse souffrant de diabète de type 1 et a comme mission de la prévenir en cas d’hypoglycémie.
En effet, les chiens par leur odorat particulièrement développé peuvent, après apprentissage, détecter les odeurs émises par le corps en cas d’une baisse de sucre dans le sang, appelée hypoglycémie. Cet état survient lorsque la quantité de sucre n’est pas suffisante dans le sang pour approvisionner le cerveau et provoque des malaises comme une baisse de l’attention et de la concentration, des vertiges, un sentiment de mal-être. Non compensé, il peut entraîner la perte de conscience de la personne, des lésions au cerveau, voire dans de très rares cas son décès. Il est donc nécessaire d’éviter ces situations qui peuvent arriver fréquemment avec des personnes devant s’injecter de l’insuline. Pour y remédier, il s’agit soit d’ingérer du sucre, soit d’effectuer une injection intramusculaire de glucagon, solution hyperglycémiante.
Une longue formation
pour le chien
L’Association Farah Dogs, créée en 2014 se situe à Sierre et forme des chiens d’assistance pour les diabétiques type I, les épileptiques ou les enfants atteints d’autisme. Actuellement 15 chiens sont placés, dont la moitié chez des diabétiques. Deux autres sont encore en formation au centre.
Nicole Boyer, directrice et éducatrice, choisit elle-même les chiots qu’elle va former. «Tous les chiens ont des capacités, je favorise certaines races en fonction de leur taille, petite à moyenne». A deux mois, ces chiots sont confiés à une famille d’accueil qui va les éduquer, les sociabiliser durant 15 à 18 mois à l’aide d’un moniteur qui va accompagner les nouveaux maîtres temporaires. Une fois cette éducation de base achevée, le chien va retourner au centre pour y «terminer ses hautes études». Il s’agira qu’il apprenne à déceler les odeurs propres à l’hypoglycémie, à se manifester auprès de son maître, à ouvrir une porte, à amener le matériel nécessaire, à s’imposer face à la personne.
Après, c’est le chien qui va choisir la personne. Pour Alexandra, ce fut tout de suite très clair. Alpha s’est manifesté et a montré avec qui il désirait poursuivre son chemin. En mai, après un stage de quelques jours à domicile, il a pu y finaliser sa formation, la jeune diabétique ayant déjà envoyé auparavant plusieurs de ses T-shirts pour que l’animal puisse apprendre à reconnaître son odeur. La remise officielle d’Alpha a eu lieu en août. Il partage l’espace avec deux autres chiens avec qui il s’entend bien, même s’il a des privilèges, par exemple, pouvoir aller partout, dormir dans la chambre d’Alexandra.

Une belle complicité entre cette jeune diabétique et son chien !
Au quotidien
Alpha, chien calme, mais joueur se met à mordiller la main d’Alexandra, en début d’hypoglycémie. Il va insister jusqu’à ce qu’il la voie manger. Elle est ainsi avertie assez tôt pour réagir à temps. En effet les diabétiques s’habituent et ne ressentent plus les premiers symptômes, d’où le danger. Le seul obstacle encore à régler, c’est la présence du chien à l’école. En effet, malgré une majorité d’avis favorables, dont les enseignants et la direction d’établissement, la direction générale de l’enseignement obligatoire doit encore prendre position. Décision qui doit évidemment tenir compte de tous les facteurs liés aux autres élèves et à la vie en classe. «C’est dommage, parce que c’est à l’école que j’ai les plus grosses hypoglycémies!» dira la jeune fille.
Alexandra, après avoir appris une trentaine d’ordres basiques pour commander son chien dans toutes les situations, est ravie et rassurée. «C’est MON chien!» affirmera-t-elle avec conviction.
La maman d’Alexandra, un peu méfiante au départ, remarque aussi les bienfaits de ce chien d’assistance. «Même les résultats scolaires sont en hausse, ma fille est beaucoup plus sereine, c’est un réel bonheur que de les voir ensemble.»
Financièrement, les chiens d’assistance sont donnés gratuitement aux bénéficiaires, moyennant un contrat de suivi par l’Association Farah Dogs. Les frais de vétérinaire et de nourriture sont à la charge du bénéficiaire. Le contact avec la première famille d’accueil est aussi maintenu, autant pour les personnes qui se sont attachées que pour le chien. La formation d’un animal coûte environ Fr. 25 000.– et l’association recherche activement des sponsors ! N’hésitez pas à visiter leur site www.farah-dogs.ch.
*Prénom d’emprunt