L’Omnibus, par l’intermédiaire d’Ali Georges Maire et de Jean Félix Brouet, a convié Henri Germond syndic d’Orbe et Christian Kunze syndic de Chavornay à un débat dans ses bureaux. Les deux magistrats se sont prêtés de bonne grâce à cet exercice peu fréquent dans notre Nord vaudois. Tant la vox populi, que les membres des Conseils des deux communes, voire les réseaux sociaux, ont déjà largement exprimé des avis plus ou moins avisés sur le sujet qui a fait l’objet du débat, dès lors nous avons jugé utile de donner la parole aux deux syndics des localités. Merci à eux pour ce moment empreint de respect mutuel.
Le noeud du problème n’est pas ferroviaire
Au mois de juin dernier, Orbe a vu d’un bon œil l’annonce de l’Office Fédéral des Transports qui donnait un feu vert au projet de réaménagement des voies ferrées et du réseau routier reliant les deux communes d’Orbe et de Chavornay. Il n’en va pas de même du côté chavornaysan. Principale pierre d’achoppement, la construction d’un pont routier franchissant les nouvelles voies ferrées à proximité de l’entrée du village. Pour des raisons de nuisances sonores et d’esthétique, les autorités et une bonne partie de la population locale privilégient la construction d’un passage souterrain. La décision de l’OFT balaie les oppositions qu’ils avaient déposées. Dès lors, dans sa séance du 19 juin, le Conseil communal de Chavornay a massivement prié la Municipalité de déposer un recours auprès du Tribunal Administratif Fédéral. A ce stade il nous est paru utile de connaître les points de vue respectifs de nos syndics
Extraits du débat
Première question posée: qui sont les maîtres d’ouvrages de ce projet rail/route ? La réponse est identique pour nos deux syndics: c’est Travys qui est le maître d’œuvre.
L’Omnibus: Dans quelle mesure les communes ont-elles été impliquées dans les choix opérés ?
Henri Germond: Nous n’avons pas eu grand-chose à dire, d’abord parce que le projet a été initié par la Municipalité précédente et ensuite nous n’avons pas été convié aux différentes réflexions menées en amont.
Christian Kunze: C’est vrai que la décision d’implanter cette «boucle» n’est pas du ressort de nos communes malgré l’impact que cela peut avoir. Nous avons été informés sans possibilité d’infléchir telle ou telle décision.
L’Omnibus: Les deux Municipalités, à différents niveaux, ont-elles pu proposer un projet commun face à Travys et aux CFF.
Christian Kunze: Non, bien que nous ayons eu la volonté de discuter afin de trouver et de mettre en place une solution qui soit en adéquation avec ce que Chavornay ne voulait pas. Nous avons été quasiment mis devant le fait accompli. Nous avons reçu le dossier terminé, le pont avait été entériné, le tunnel abandonné.
Henri Germond: Les deux communes ont été conviées à assister à quelques réunions sans pour autant avoir la possibilité de changer le cours des choses. Les études entreprises se sont déroulées sans que nous y ayons accès… Il faut rappeler que nous avons un projet d’importance cantonale, voire fédérale, et au plan économique, il est utile aussi bien à Orbe qu’à Chavornay.
Christian Kunze: Oui, le projet est économiquement important, il a aussi pris en compte la protection de la nature mais il n’a pas pris en compte les préoccupations environnementales des habitants du quartier proche de l’ouvrage. Sur ce plan nous n’avons pas rencontré de solidarité de la part de la municipalité urbigène précédente. Toute cette problématique de nuisances s’inscrit d’ailleurs dans le cadre de la densité du trafic subie par les bordiers de la voie d’accès à l’autoroute.
L’Omnibus: Mais n’avez-vous pas une entité commune qui vous permettrait d’avoir plus de poids en ne parlant que d’une seule voix ?
Henri Germond: Oui bien sûr elle existe mais nous devons améliorer notre façon de travailler ensemble.
Christian Kunze: Il faut s’entendre sur le «ensemble», nous devons redéfinir ce que nous sommes disposés à entreprendre pour le bien commun.
Ce qu’il y a encore à faire
Christian Kunze: L’an passé Henri et moi-même en compagnie de Nadia Mettraux, la présidente de l’ADNV, nous avons rencontré Nuria Gorrite, en charge du département des infrastructures, pour débattre du sujet. Elle aurait volontiers souhaité que nous nous mettions d’accord, à défaut, selon elle, il fallait attendre la réponse de l’OFT avant de pouvoir entreprendre de nouvelles démarches. Je propose donc de reprendre rendez-vous.
Henri Germond: J’y suis complètement favorable et j’organise volontiers cette entrevue au plus vite.
L’Omnibus: Merci Messieurs, nous continuerons donc de prendre régulièrement des informations auprès de vous afin d’en faire profiter nos lecteurs.