Je t’aime. Moi non plus
Don José et Micaëla s’aiment. Ça se voit. Débarque la flamboyante Carmen qui tiendra en otage le cœur du brigadier. Ce dernier l’aime. Un peu. Beaucoup. Passionnément. A la folie.
Il déserte et rejoint les contrebandiers pour le regard de feu de la belle. L’histoire pourrait s’arrêter là. C’est sans compter l’arrivée en scène du fougueux toréador, Escamillo. Carmen succombe à son charme et à ses succès tauromachiques. Ça sent le roussi. Ça va mal finir!
Et ça finit mal. Carmen sera immolée par le poignard de l’amant trahi, fou de jalousie et de douleur. Il fallait s’y attendre! Voilà pour le scénario. Un scénario somme toute assez classique.
Des chanteurs inspirés
Pour la suite, c’est le rôle des chanteurs de porter l’œuvre de Prosper Mérimée. Et ils seront à la hauteur, les 70 choristes et les talentueux solistes. Sans oublier la douzaine d’enfants, joyeux et virevoltants, avec leur voix si fraîche et leur enthousiasme. Tous totalement immergés dans la musique de Bizet.
La scène de Chantemerle est un mouchoir de poche. Comment y faire évoluer tout ce monde? D’autant qu’un piano à queue trône au milieu de l’espace. Personnage indispensable de l’intrigue. Valentin Villard, l’un des auteurs de la partition de la Fête des Vignerons est le magicien à l’œuvre. Magistral!
Au bas de la scène, Jean Félix Brouet, le metteur en scène et lecteur qui doit donner de la voix puisque le micro lui a fait faux bond.
Last but not least
Elodie Wulliens, la chef des chœurs a su insuffler sa passion pour cet opéra devenu oratorio. Le public aime ces mélodies qu’il reconnaît aux premiers accords posés sur le piano. Il les attend, ces airs, cent fois entendus, cent fois savourés.
Et puis, il en fallu de la foi – une bonne dose! – pour mener à terme une telle aventure. La flamme de «Carmen sous les étoiles» avait été éteinte par un virus venu d’on ne sait trop où.
Alors, tous en chœur et avec le cœur, dans un élan généreux, ils ont réussi la gageure de présenter un spectacle de haut vol. Les applaudissements chaleureux du public en témoignent. Les solistes accueillent une véritable ovation.
Mon voisin s’est levé. Il gagne le bas de la scène. Carmen se penche. Elle se voit offrir une rose (rouge). Hommage à l’éblouissante et blonde Béatrice Nani. Cette Carmen du 21e siècle dans son costume blanc cassé. D’aucuns regretteront peut-être la robe éclatante de la superbe bohémienne qu’ils ont en mémoire. «L’amour est enfant de bohème.» Qui en douterait?