Depuis plusieurs mois, en Suisse, des bovins, moutons et chèvres sont atteints par un virus transmis par une minuscule mouche. Cette maladie de la langue bleue a également touché trois des bisons de la cellule d’élevage de Suchy. Si deux d’entre eux ont pu être soignés, la bisonne Pola IV, âgée de 7 ans, est décédée.
Si le virus de la langue bleue ne touche pas les humains, il fait des ravages chez les ruminants partout en Europe. Les bisons d’Europe s’y montrent particulièrement sensibles. Or les 10’000 bisons recensés aujourd’hui sont tous issus des douze individus qui avaient été rassemblés en 1922 pour permettre de sauver l’espèce in extremis: ils continuent de souffrir de cette pauvreté génétique et des faiblesses qui lui sont associées, comme le souligne le communiqué de l’association Bisons d’Europe de la forêt de Suchy (ABEFS).
Il semble particulièrement difficile de repérer les animaux atteints par la maladie. Les bisons à l’état sauvage tendent en effet à résister aussi longtemps que possible à montrer de signes de faiblesse, afin de ne pas donner l’éveil à leurs prédateurs. Quand ils finissent par s’écrouler, il est souvent trop tard pour intervenir. Pour Alain Maibach, biologiste de l’ABEFS, la priorité à l’heure actuelle est de déterminer quel sérotype affecte les bisons de Suchy. En effet, deux sérotypes sont actuellement très actifs, et il faut savoir lequel est en cause pour être en mesure de vacciner les animaux efficacement – pour autant que les vaccins fabriqués en France soient accessibles. A noter que les moucherons étant inactifs aux températures inférieures à 10 ou 12 degrés, il n’y a pas de risque de prolifération durant l’hiver: ils sont actuellement à l’état larvaire. Leur réveil interviendra dès les mois de mars-avril prochains – le temps de pouvoir prendre les mesures nécessaires.