Suite à une enquête de deux mois, des étudiants en sociologie ont présenté le 20 mai à l’université de Lausanne le résultat de leurs observations sur la vie de la presse locale. L’Omnibus et d’autres journaux locaux se sont retrouvés sous le feu des projecteurs.
Dans le cadre d’un atelier de sociologie de l’université de Lausanne, une vingtaine d’étudiants s’étaient répartis en petits groupes pour aller enquêter sur les rédactions de sept journaux locaux: Journal de Cossonay, Journal de Morges, Riviera Chablais, La Côte, La Broye, La Région… et bien sûr L’Omnibus!Les équipes de ces rédactions, habituées à décrire ce que font d’autres humains, sont devenues elles-mêmes les sujets d’étude interviewés et observés.
L’humain derrière le fait
Journalistes et sociologues ont une tâche commune: décrire ce qui se passe dans la société. La grande différence tiendrait au temps à disposition. Alors que les journalistes doivent écrire vite, les sociologues ont le luxe du temps pour faire mûrir leur réflexion, notamment en l’enrichissant de plus de lectures.
Les enquêteurs ont déclaré que la presse locale cherche souvent à «voir l’humain derrière le fait»; pour couvrir tel ou tel événement, il y aurait une attention particulière portée à savoir quelles personnes de la région y ont été impliquées. Les sociologues ont pour ainsi dire retourné le projecteur en essayant de voir l’humain derrière la presse locale, l’équipe de personnes derrière ce journal qu’on tient entre les mains.
D’abord, ces sociologues proposent de voir chaque édition d’un journal comme une œuvre collective, fruit du travail d’une équipe allant de la personne qui écrit l’article à celles qui le relisent, le mettent en page et enfin au postier qui distribue le journal, en passant par les équipes administratives et l’imprimerie.
Ceux qui écrivent
L’accent a ensuite été mis sur les personnes qui écrivent les articles de la presse locale. Leur profil-type: surtout des retraités et quelques étudiants. La plupart n’étant pas professionnels, ils écrivent d’abord pour le plaisir et cherchent des sujets d’articles qui les intéressent. Il y aurait alors tension quand les intérêts de ceux qui écrivent ne correspondent pas aux intérêts de ceux qui lisent. En sociologie, cette tension est appelée « contrat de lecture»: le compromis entre ce que des personnes de la rédaction ont envie d’écrire et ce que les abonnés du journal ont envie de lire !
Enfin, une dernière particularité de la presse locale a été mise en avant: le fait qu’à une si petite échelle, les journalistes «font intimement partie de la société qu’ils décrivent». Il s’agit par exemple de liens de parenté, d’amitiés ou d’occupation de certaines fonctions qui se télescopent avec certains sujets traités. Cela peut amener à sortir d’une visée de pur détachement neutre, pour autoriser à aborder certains événements de façon plus relationnelle et personnalisée.