Les structures d’accueil de la petite enfance sont en plein développement

Nécessité financière, égalité des sexes, équivalence des formations pour les garçons et les filles, tout concourt à ce que, depuis bientôt près de 50 ans, les deux adultes de la cellule familiale soient appelés à être actifs dans le monde du travail. C’est ainsi que se pose la question du placement en journée des jeunes enfants. Le monde politique n’a que lentement pris conscience de l’incontournable nécessité d’offrir aux parents des solutions d’accueil de jour. Aujourd’hui, les outils existent mais pas toujours en nombre suffisant. Au niveau pré-scolaire, la construction de crèches offrant un accueil collectif et le développement de réseaux d’accueillantes en milieu familial, vont bon train. Il en va de même pour l’accueil para-scolaire, celui des enfants scolarisés de 4 à 12 ans, les ouvertures d’UAPE (Unité d’accueil pour écoliers) se multiplient et là aussi les « mamans de jour » sont présentes.

Une lourde machine administrative

Les maîtres du jeu en matière de règles et de soutien financier sont l’Etat de Vaud et la Confédération. Le 31 janvier 2017 à Lausanne, le Grand Conseil a adopté le projet de révision de la Loi sur l’accueil de jour des enfants. La loi fixe le cadre de l’organisation de la journée continue de l’écolier. Elle définit les prestations de base à assurer par les communes pour les élèves dont les parents sont désireux de concilier vie professionnelle et vie familiale.

Les communes ont pour mission la mise à disposition de locaux. Le canton en subsidie le fonctionnement pour autant que la structure soit affiliée à un réseau. Pour notre région, c’est l’AJOVAL qui gère et coordonne l’ensemble de l’offre d’accueil. La situation est parfois plus complexe du côté des UAPE (Unité d’Accueil pour la Petite Enfance) dont les utilisateurs sont les élèves des groupements scolaires dont les zones géographiques diffèrent de celles des réseaux d’accueil pré-scolaire. Actuellement, c’est une situation qui soulève la question de la concordance des systèmes. L’Etat va sans doute devoir s’en préoccuper.

Plutôt que de nous arrêter sur les structures officielles que l’on connaît à Vallorbe, Orbe ou Chavornay , nous avons voulu vous présenter ce qui se passe dans de nombreux villages. A titre d’exemple, Valeyres-sous-Rances peut compter sur des mamans de jour qui oeuvrent dans le cadre de l’Ajoval

Précisons tout d’abord qu’une «accueillante en milieu familial (AMF)» correspond à ce qu’on appelle communément une «maman de jour «. Dans notre région, c’est l’AJOVAL (réseau d’accueil de jour de l’enfance Orbe-La Vallée) qui fait le lien, via un portail d’inscription en ligne, entre la demande des parents et l’offre des accueillantes en milieu familial. Tout parent domicilié dans une commune du réseau peut accéder à l’ensemble des places proposées en milieu familial. Donc, un enfant de Valeyres peut être dirigé chez une accueillante résidant dans n’importe quelle autre localité faisant partie du réseau selon la liste d’attente centralisée et les critères de priorité. Dans le canton de Vaud, il est interdit de faire garder son enfant par une AMF indépendante et de la payer directement, toute garde doit obligatoirement être gérée par le réseau d’accueil, tant pour la recherche que pour les questions administratives et les payements.

Etre accueillante de jour

Minka, une des 3 accueillantes de jour de Valeyres-sous-Rances, ici avec Noan.
(Photo Catherine Fiaux)

Minka est accueillante à Valeyres-sous-Rances depuis 2003. Lorsque ses deux garçons étaient encore tout petits, garder d’autres enfants du même âge lui a permis de rester auprès de ses fils tout en gagnant un appoint. Puis, au fil des ans, la gamme d’âge a évolué. Actuellement, elle garde 16 enfants de 4 à 12 ans par semaine. Il ne s’agit pas d’un plein temps, certains ne viennent que pour le repas, d’autres que le matin avant l’école. Minka ne travaille pas qu’un jour par semaine. Elle souligne que cet horaire varié permet d’exercer une autre activité à temps partiel. Pour Minka, il est primordial de mettre un cadre, des règles pour gérer tout ce petit monde. Elle insiste sur la transparence dans la relation enfant-parents-accueillante et la confiance réciproque. Elle souligne finalement l’importance des liens qui se tissent entre sa famille et les enfants qu’elle garde. Valeyres-sous-Rances se réjouit de compter actuellement 3 accueillantes puisque Cynthia et Anna sont également agréées par le réseau.

De la passion et du bénévolat

Le village de Vaulion a bien de la chance de pouvoir disposer d’une garderie qui existe ici depuis 25 ans. C’est en effet en décembre 1993 que Anne Roch a ouvert cette structure à fonctionnement privé, mais qui n’est pas affiliée à l’Ajoval. Cette professionnelle, qui a aussi travaillé à Orbe, est diplômée et les locaux sont en parfaite conformité avec les normes requises. Le Jardin d’enfants «Imagine», puisque c’est ainsi qu’il se nomme, propose un cadre pédagogique favorisant l’exploration de tous les domaines abordables pour des enfants de 2 à 5 ans. Cela permet d’établir une relation active basée sur le plaisir, le respect, la découverte et la dignité, tout en développant une automnie indispensable avant l’école. Avec beaucoup de passion et de bénévolat, Anne Roch applique ces principes et n’hésite pas à s’investir dans des activités très originales. La preuve… Lors de notre visite, les enfants étaient en tête à tête avec d’adorables petits poussins qui appréciaient pouvoir sortir de leur cage et se faire caresser par des petites mains !

S’inscrire au plus vite

Fabienne et Baptiste sont parents d’Ulysse (6 ans). Tous deux travaillant, Fabienne s’est installée à son compte ce qui lui procure une flexibilité d’horaire, une organisation de garde s’est imposée dès le début. Fabienne recommande de s’inscrire quelques mois avant la naissance puis de téléphoner à la coordinatrice de l’Ajoval lors de l’arrivée du bébé. Le changements de filière, par exemple passer de l’accueil familial à la crèche puis revenir à l’accueil familial au gré de l’âge et du besoin de votre enfant, peut être compliqué car vous perdez toute priorité. Fabienne souligne la souplesse de la coordinatrice du réseau qui a permis alors de dépasser l’écueil de la rigidité administrative.

Gaëlle a 2 enfants de 5 et 8 ans, elle et son mari travaillent à plein temps. Tout s’est compliqué lorsque la famille s’est installée à Valeyres-sous-Rances il y a 4 ans, car à l’époque, il n’y avait guère que Minka comme maman de jour. Acrobatie entre cette dernière et l’UAPE à Orbe, sans transport pour le mercredi. Actuellement, la venue d’Anna, nouvelle accueillante à Valeyres, a dénoué la situation. La garde est partagée entre deux mamans de jour assurant complémentarité et flexibilité. Tout comme Fabienne, Gaëlle conseille de ne pas uniquement s’inscrire en ligne, mais bien de suivre et de relancer le dossier en laissant l’Ajoval le conclure. Elle regrette le peu de moyens qu’aurait le réseau.

Finalement, il ressort qu’il est primordial de conserver les écoles et de bénéficier d’un nombre suffisant d’accueillantes familiales de jour dans les villages. Favoriser cette filière ne pourrait-il pas être une alternative à la création, onéreuse, d’une UAPE ?

Les enfants de Vaulion découvrent les poussins avec Anne Roch.
(Photo Jean-François Reymond)

La structure vaulienie fonctionne très bien. Actuellement au complet, ce sont 14 bambins de 30 mois à 12 ans (fillettes et garçonnets) qui la fréquentent à raison de trois demi-journées par semaine. Elle répond à une réelle nécessité dans la région en favorisant le contact entre les familles et contribue ainsi de façon positive à la vie associative du village et des environs. Cependant, Anne Roch se montre moins optimiste pour l’avenir: «Pour moi, ça joue ! Je suis ici chez moi, donc pas de loyer à payer. Et tant que j’ai encore l’enthousiame, je ne pense pas à la retraite ! Mais ce sera très difficile de trouver un «repreneur». Même si je loue mes locaux à de bonnes conditions, la ou le futur responsable ne s’en sortira pas financièrement vu le prix d’écolage modique demandé. Heureusement que je suis soutenue par un don annuel important que me procure le Conseil communal, ce qui permet d’assurer le maintien.»

Le municipal chavornaisan Didier Lombardet devant la Garderie des Petits Poucets.
(Photo Pierre Mercier)

Le dilemme de Chavornay

Cette commune proposera dans peu de temps une offre intéressante pour la garde des gosses. La Garderie des Petits Poucets accueille 60 enfants de 0 à 4 ans, dits préscolaires, dans cinq salles d’une douzaine de petits enfants, agrémentée d’un espace vert avec jeux. Un nouveau bâtiment en phase de finition et qui sera inauguré le 7 juin prochain, va prendre place au Verneret, à proximité immédiate des collèges scolaires, composé d’un  réfectoire d’une centaine de places, de locaux pour une UAPE (Unité d’Accueil pour la Petite Enfance) qui pourront recevoir une soixantaine d’élèves avant et après les cours et durant le repas de midi, de même que des classes qui se situent aux étages supérieurs de la construction. Mais ce bel ensemble fait l’objet de discussions. Si le préscolaire est géré par l’Ajoval, la commune de Chavornay aimerait que l’UAPE dépende de son nouveau cercle scolaire qui réunit désormais les communes de Bavois, Belmont, Ependes, Suchy et Chavornay. 

De sorte que l’autorité chavornaisanne avait imaginé sortir de l’Ajoval pour créer sa propre association. Or les règlements ne le permettent pas sans une dédite qui s’élèverait à près de 2 millions de francs. Dans ces conditions, on planche sur une solution mixte qui maintiendrait la garderie des Petits Poucets dans l’Ajoval et qui permettrait de lier le sort de l’UAPE à une structure qui comprend la deuxième garderie de la localité qui se nomme l’Ile aux Corbeaux, jusque-là privée, et qui gère déjà l’UAPE de Bavois (24 places). Il faudrait dès lors imaginer une convention qui permette ce partage des tâches.

En parallèle, les 25 communes de l’Ajoval avaient réclamé en juin dernier un audit sur la gestion de cette association. L’étude a été confiée à une société spécialisée pour cette motion.

De manière générale, les autorités des villages aimeraient réduire leur coût, du moins les stabiliser,  pour ces différentes infrastructures.


Les gosses de Baulmes avec Myriam Studer et Erica Chabod.
(Photo Jacques Ravussin)

Quatre matins par semaine à Baulmes

Durant la période des jours ouvrables à l’exception du mercredi, les petits Baulmérans (et régionaux) poussent la porte de l’hôtel de ville pour se sociabiliser, se développer à travers le jeu individuel ou en groupes, apprendre à se séparer momentanément de leurs parents et se préparer à l’entrée toute proche dans la vie scolaire. Myriam Studer (directrice de la Garderie des Baulminois) et Erica Chabod (auxiliaire) peuvent accueillir 13 enfants de 2,5 à 5 ans et deux autres plus jeunes, de 8 heures à midi. Les gosses ont ainsi l’occasion d’entrer en relation avec les autres pour découvrir les richesses de l’échange et aller à la découverte de toutes sortes d’activités motrices et cognitives. C’est en 1975 déjà qu’un groupe de mamans avait décidé de créer une association de garde pour leur progéniture de moins de 5 ans. Dix ans plus tard, Mme Studer (nurse de métier et maman) entre à l’association et en devient rapidement la responsable officielle. Le diplôme de nurse n’étant plus accepté pour cette aide à l’enfance, elle va suivre des cours pour que la halte-jeux des Baulminois continue à exister. Durant 3 ans, elle suivra des modules de formation pour obtenir le certificat indispensable.

Quelle suite ?

Le nombre idéal d’enfants se situe entre 8 et 12. Les activités créatrices (peinture, sable, …) sont privilégiées tout comme les moments collectifs où le bambin doit respecter les consignes données et les copains durant les chants, histoires et poésies. Mais il peut aussi se divertir seul ou en petits groupes. Lors de notre visite, une douzaine de petits anges peignaient des oreilles de lapin qu’ils porteront lors de la rencontre avec les élèves de la classe enfantine (les grands, m’a confié un blondinet). Jusqu’à présent, même si la demande est forte, Myriam Studer n’a jamais dû refuser un enfant. Le prix à payer pour les parents est une cotisation annuelle de 40 francs et de 30 francs pour la matinée. Et généralement, on les accueille 2 fois durant la semaine. D’ici deux ans, Myriam Studer sera à la retraite, la commune reprendra alors le flambeau mais sous quelle forme ?

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