Avec la crise du covid, le ski de randonnée a gagné en popularité. Il en a résulté une forte demande en matériel. Le 21 novembre dernier, POMOCA, leader mondial de la peau de phoque, inaugurait sa nouvelle usine de Chavornay.
Un bâtiment qui se remarque, avec sa toiture qui évoque le Jura qui lui fait face. Les espaces de travail y sont lumineux, aussi bien dans la zone de production qu’à l’étage administratif aménagé en open space. De bonnes raisons pour que les collaborateurs de POMOCA se sentent bien à Chavornay.
Selon Josep Castellet, directeur, passer de Denges, où était jusqu’alors basée l’entreprise, à Chavornay, a été bien accepté par la trentaine de collaborateurs de la maison. Il faut dire qu’ils y trouvent un cadre agréable, un espace lounge, un fitness et une grande terrasse. La mobilité douce y est favorisée: un petit pécule de 200 francs a été attribué aux collaborateurs qui viennent en train, pour l’achat d’un vélo d’occasion qui permet de faire le trajet de la gare à l’usine. Une seule collaboratrice a renoncé à suivre le déménagement et deux collaborateurs ont déjà emménagé dans le Nord vaudois. Le directeur se félicite par ailleurs des bonnes relations qu’entretient déjà l’entreprise avec les autorités communales et les entreprises voisines.

Effet covid
POMOCA est le leader mondial de la peau de phoque: l’entreprise couvre 35% du marché mondial. Depuis quelques années, elle connaissait une croissance annuelle approchant les 10%; le covid a fait exploser la demande. Ainsi, en 2021, le chiffre d’affaires a doublé et la demande a obligé à engager une vingtaine de collaborateurs en CDD. Mais tout comme pour l’industrie du vélo, l’enthousiasme est ensuite retombé et les stocks accumulés chez les vendeurs peinent à s’écouler. Mais le phénomène était attendu, et si 2023 et 2024 ont été des années creuses, signant la fin des contrats en CDD, le directeur est persuadé que la croissance de l’entreprise va retrouver son statut d’avant covid.
Des processus innovants
Ce n’est pas un hasard si les «peaux» de POMOCA sont au rendez-vous des podiums dans les courses de ski alpinisme. L’entreprise, qui collabore régulièrement avec des chercheurs de l’EPFL pour améliorer ses produits, vise à une qualité optimale tout au long du processus de fabrication. A commencer par le choix des éleveurs de chèvres angora en Afrique du Sud, où le mohair est lavé, cardé et transformé en bobines de fil, qui sont ensuite envoyées en Allemagne pour y être tissées sous la forme de velours, dans une usine propriété de l’entreprise. Les rouleaux de tissu sont teints puis reçoivent une couche de caoutchouc avant d’arriver à Chavornay. Ils y sont découpés en bandes, marqués et identifiés de façon que chaque skieur puisse connaître l’origine de ses peaux en consultant le site internet de POMOCA. Les bandes reçoivent également une couche de colle particulière, qui assure le bon maintien sous le ski. Vient alors la phase de découpe au laser, selon les formats des différents fabricants de ski. La pose des attaches et la mise en boîte des peaux terminées sont en partie confiées aux collaborateurs de l’entreprise sociale Polyval.

Capable de fabriquer 500’000 paires de peaux par année, la société produit aussi bien pour le ski de randonnée que pour le ski de fond. Elle livre ses produits aux différents fabricants de ski et façonne même à la demande des peaux de type premier prix, vendues par de grandes enseignes du monde des sports.
Passion au rendez-vous
Fondée aux Avants en 1933 par la famille Dufour, l’entreprise qui produit des peaux de phoque a été reprise en 2011 par le groupe italien Oberalp. Celui-ci détient d’autres entreprises de matériel de sport outdoor, comme Salewa, Dynafit ou Wild Country. L’actuel directeur de POMOCA, Josep Castellet, d’origine espagnole, en partie éduqué à Zurich où son père était enseignant à l’EPFZ, est revenu en Suisse en 2009 par passion pour la montagne et le ski de randonnée. Une offre spontanée auprès de POMOCA et ce fut pour lui le début d’une aventure professionnelle, se voyant confier la direction de l’entreprise lors de la reprise par Oberalp. Josep aime communiquer sa passion pour son métier et sa firme, un état d’esprit qui marque l’ambiance qui règne au sein du personnel dans cet établissement désormais chavornaysan.