REPRISE – L’espace culturel du Hessel fête ses 10 ans cette année. Pour l’occasion, il souhaite réunir les acteurs politiques, économiques et culturels urbigènes autour de la table pour envisager une offre événementielle estivale et participative
à la place du Château.
A coup d’affiches, le Hessel interpelle la population en ce début de printemps: «Courage et patience, nous serons tous en extérieur cet été.» Audacieux, mais bien évidemment l’été culturel des urbigènes dépendra de la situation pandémique et des décisions du Conseil Fédéral. Dans ce contexte, Alexandre Baudraz, le gérant, et Gabriele Massafra, président de l’Association du Hessel, ont toutefois voulu envoyer un signal positif à la population et aux autorités locales. «En cette période difficile, nous devons trouver une porte de sortie en étant forcés de faire des propositions pour soutenir l’ensemble des acteurs urbigènes.» Ils se sont remué les méninges pour déboucher sur un modèle participatif d’organisation d’événements culturels à la Place du Château, idéalement dès cet été. Encore au stade de l’avant-projet, l’idée doit encore convaincre.
Une infrastructure réutilisable
«Notre objectif est de renforcer le dialogue avec nos autorités afin d’envisager une politique culturelle plus ambitieuse et inclusive en terme d’événementiel.» Du gagnant-gagnant selon Alexandre Baudraz. «Un rayonnement pour la ville d’Orbe, ainsi que pour tous ses acteurs grâce à une économie de proximité.» Le projet du Hessel serait de créer une infrastructure modulable et réutilisable dans d’autres manifestations (chapiteau, lounges, bars, etc.) issue d’un partenariat public-privé. «Habituellement, l’été représente une césure dans notre programmation, notre infrastructure n’étant pas adaptée à cette saison. Nous aimerions donc participer à une offre extérieure diversifiée durant cette période, en collaboration avec d’autres organisations culturelles urbigènes.» En résumé: de la musique, des arts scéniques, des activités pour enfants ou encore des ateliers avec entrée libre au chapeau. L’espace serait fermé la nuit, protégeant ainsi le matériel qui resterait sur la Place du Château afin d’éviter montages et démontages quotidiens.

Pour et par les Urbigènes
«A moyen-long terme, cette infrastructure devrait être rentabilisée afin qu’elle ne coûte pas un sou à la Commune», explique le gérant. Comment? En impliquant les différents acteurs culturels et associatifs de la ville sur le modèle économique du Hessel qui participeraient activement à la promotion et amèneraient leurs publics. Les bénéfices seraient ensuite répartis entre ce microcosme et la Commune. «Avec ce modèle inclusif, nous proposons une autre façon de créer de la culture. Il faut arrêter de la considérer comme non viable et payée d’avance par la collectivité.» Selon Alexandre Baudraz, fort de ses dix années d’expérience, le Hessel dispose des savoir-faire nécessaires pour organiser des événements rentables permettant d’amortir en cinq ans les investissements pour cette infrastructure. Mais il tient à rappeler que le but n’est pas de faire des événements privés uniquement pour le compte du Hessel, mais bien de proposer une nouvelle offre diversifiée en extérieur pour et par les Urbigènes. «En un mois environ, nous pourrions mettre en place un tel projet participatif. Nous attendons plus qu’une ouverture des discussions et un accord avec la politique culturelle de la ville pour nous lancer.»
Avant Covid, l’espace organisait 150 événements culturels à l’année intra-muros, avec une moyenne d’une soixantaine de visiteurs par jour. Pour ce projet, ses estimations tablent sur un minimum de 150 personnes par jour et un maximum de 200 à 500 personnes présentes simultanément dans l’espace dédié avec des mesures adaptées à la pandémie. Gabriele Massafra y croit: «En plus de notre public ainsi que ceux des autres acteurs culturels et associatifs, l’offre pluridisciplinaire proposée sera attractive et nous permettra d’atteindre nos objectifs.» Avec un bassin de population d’environ 20 000 personnes à moins de dix minutes, pas de doutes non plus pour Alexandre Baudraz, «la demande sera là».
Du beau monde en 10 ans!
Parti de rien, le Hessel s’est développé progressivement année après année sans aucune subvention. Au départ: de petits concerts et quelques habitués; désormais plus de 20 000 passages à l’année (chiffres 2019, avant Covid).
L’institution est devenue un des lieux phares de la culture urbigène. En dix ans, plusieurs artistes renommés sont passés par la petite scène d’Orbe: le chanteur Mark Kelly; Gerry Leonard, le guitariste de David Bowie; le violoniste Baiju Bhatt et son quintet Red Sun; l’explorateur sonore québécois Thomas Carbou, ou encore les locaux, Blue Mojo. «Notre cadre intimiste et la proximité avec le public que nous proposons fait notre force et nous permet d’attirer de tels artistes», se réjouit Alexandre Baudraz.