L’âme des grottes de Vallorbe s’en est allé….

Le 19 août dernier, Christian Giurumello nous quittait définitivement dans sa 86e année. Cet homme est assurément l’explorateur des grottes qui a permis au public de les découvrir grâce à un immense travail et une volonté évidente d’amener le grand public à la découverte de ce monde souterrain. Il est celui qui a certainement le plus œuvré grâce à son opiniâtreté, sa curiosité, sa persévérance, le cumul de ses expériences et un nombre impressionnant d’expéditions qu’il a menées dans le réseau souterrain de l’Orbe. Il n’était pas seul, son ami Bernard Santendrea, rejoint par Rino Gamba (rédacteur de la revue Aquatica), puis par Jean-François Morel (responsable de la centrale hydro-électrique de La Dernier) ont également pris part à ces explorations.

Christian Giurumello (Photo fournie par J.-F. Morel)


Jean-François Morel, témoin de cette époque passionnante, a eu l’amabilité de nous éclairer sur le début de l’exploration de la Grotte de la Résurgence de l’Orbe.
En effet, Il faut revenir en juillet 1961 quand Jean-Claude Protta, Michel Gaillet et Alain Sauty ont commencé à explorer le réseau noyé de cette grotte. C’étaient des plongeurs genevois du Club de spéléologie sous-marine de Genève, équipés d’un matériel sommaire et qui pouvaient craindre le froid, l’obscurité, l’absence de surface, l’aspiration par l’eau et l’écroulement de la voûte. En septembre de cette même année, davantage équipés, avec des phares américains, alimentés par un câble spécial confectionné pour les circonstances depuis l’usine hydro-électrique, ils arrivèrent, après avoir surmonté les difficultés d’un siphon de 70 mètres complètement immergé, à un lac de 6 mètres sur 2 mètres, baptisé le lac du Silence. En 1962, progression de 70 mètres sous l’eau et décision de rebrousser chemin, vu les moyens techniques à disposition à cette époque.
En 1964, Jean-Claude Protta amena Christian Giurumello, spéléologue-plongeur de Genève, à la résurgence de l’Orbe. Il put franchir le siphon d’entrée et ainsi poursuivre l’exploration d’un passage avec Bernard Santendrea, jeune plongeur expérimenté. Qu’avaient-ils découvert? Voici ce qu’ils déclarèrent le 13 janvier 1996 à la Tribune de Genève: «Franchissant une «chatière», nous débouchons dans une succession de magnifiques salles concrétionnées: des stalagmites, des stalactites, des draperies de toute beauté. Sur la droite, dans une de ces salles, nous découvrons des centaines d’aiguilles formées de calcite, d’un diamètre de 5 mm, sur une longueur atteignant parfois 3 mètres. Nous avons retrouvé le cours de l’Orbe à 400 m à l’intérieur de la montagne, découvert une salle immense de 300 m de longueur, 40 m de largeur et 50 m de hauteur, exploré plusieurs couloirs très larges possédant tous de magnifiques concrétions.

Jean-François Morel. (Photo fournie par J.-F. Morel)


Rejoints par Rino Gamba et Jean-François Morel qui durent effectuer une formation en plongée, ils furent les premiers explorateurs réellement des grottes de Vallorbe, ceci pendant plus de dix ans. Les nombreux siphons freinaient leur progression. «En fait, il fallait regarder vers le haut pour trouver des passages», dira Jean-François Morel. Pour la petite histoire, ces découvertes étaient jalousement gardées secrètes, au point de renoncer à poser un fil rouge pour retrouver le chemin de la sortie ! Cela a failli leur jouer plus d’un tour.
Une autre personne a joué un rôle important dès les années 1967. Paul Robert, directeur de l’entreprise Jaquet SA. Ce fut le réalisateur des travaux nécessaires pour aménager un parcours accessible aux visiteurs. Il avait de la peine à croire à la véracité des photographies prises par les explorateurs et demanda à pouvoir plonger dans un container étanche pour franchir les siphons et observer de visu ces magnifiques découvertes. Il obtint une réponse négative non négociable de la part de Bernard Santendrea et Christian Giurumello: «Réalisable, mais trop dangereux!».
En 1974, les grottes sont ouvertes aux touristes et dès 1975, la Société suisse de spéléologie reprend les travaux exploratoires. Encore actuels, on pourrait s’attendre à des découvertes majeures durant cet automne.
A noter que l’assemblée générale de la société des Grottes prévue le 2 septembre, n’a pas pu se tenir en réel, pour des raisons de COVID, mais a été menée à distance, les participants étant invités à se prononcer par courriel sur les divers points de l’ordre du jour.
«Les grottes de Vallorbe actuelles existent grâce à deux personnes, Christian Giurumello, spéléologue, et Paul Robert réalisateur, conclura Jean-François Morel, ancien Vallorbier. Mais n’oublions quand même pas les premiers plongeurs, Jean-Claude Protta, Michel Gaillet et Alain Sauty !

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