Dimanche passé, un petit tour au restaurant des Ducats, à Orbe, a permis à nos micro-trotteuses de découvrir tout un joli monde qui se réunit chaque mois autour d’une passion commune: la danse.
Cela fait une année déjà que le restaurant des Ducats accueille entre ses murs les thés dansants, qui ont lieu les premiers dimanches du mois. Organisés par l’AVIVO, ces événements mensuels, déjà programmés jusqu’en juin de l’année prochaine, réunissent des amateurs de danse de couple, ravis de retrouver le temps d’une après-midi les tubes et les pas qu’ils connaissent par cœur. Une bonne pizza, un verre, et… en piste!
Dimanche dernier, entre deux airs interprétés par le musicien Maxime, nous avons demandé aux participants de nous partager quelques histoires sur la danse: « Vous souvenez-vous de vos premières danses? Pouvez-vous nous parler d’une danse qui vous a marqué?». Premières danses en famille ou entre amis, premiers bals et premières sorties dans les dancings, premiers partenaires de danse et premiers flirts… La valse, le rock ‘n’ roll et le tango ont très tôt conquis nos témoins, qui nous racontent ici comment la danse a fait son entrée dans leur vie.
Mon père nous a appris à danser
«Dans ma famille, après les dîners de midi, on poussait la table. Alors, dans la cuisine, c’est mon père qui nous a appris à danser. Comme on était que des garçons, on prenait un tabouret pour faire partenaire, et puis on dansait. C’était la valse, le tango, enfin tout. Tant et si bien qu’ensuite, dans les bals, ça allait très bien! On a même appris les pas pour tourner à droite et ceux pour tourner à gauche.
J’habitais Bretonnières. Vous comprenez, autrefois, dans les bals de jeunesse, on s’enseignait les pas mutuellement. Il n’y avait pas de cours, donc on apprenait comme ça, par osmose. Il y avait des bals dans tous les villages, c’étaient les sociétés de jeunesse qui organisaient ça, avec orchestre et tout.»
Olivier Conod, 77 ans, d’Orbe
L’entre-danse
«Un souvenir qui me reste. C’est la fin de mon enfance, j’avais à peu près douze ans, et je discutais avec ma grand-maman, qui était une dame de la campagne. Je commençais à m’intéresser à danser, alors je lui demande: «Grand-maman, tu sais danser?», et elle me répond: «Je ne sais pas danser, et je ne l’ai jamais regretté». Très étonnée, je lui dis: «Ah, mais grand-maman, pourquoi?». Elle a levé son doigt et elle m’a dit «C’est pas la danse qui est dangereuse, c’est l’entre-danse». Je suis partie dans mon coin, en rigolant. “L’entre-danse”: elle voulait dire la drague (rires)!
Ça ne m’a pas empêchée d’apprendre à danser, au contraire. Ça me démangeait, moi. J’étais de la banlieue de la ville de Berne, alors il fallait aller dans des dancings, mais ce n’était pas du tout mon style, à l’époque. À quatorze ans, on a eu des petites boums, à la cuisine ou à la boutique de mon père. Plus tard j’ai pu aller à des bals de jeunesse, quand j’ai connu mon mari. Le vrai bal, c’était à notre mariage, on a beaucoup dansé!»
Marianne, 79 ans, d’Orbe
On s’est rencontrés sur un tango
Françoise: Ça fait 48 ans qu’on se connaît.
Françoise: On s’est rencontrés sur un tango, je ne savais pas danser.
Dolfio: On s’est connus sur ma musique, moi j’étais musicien. Je joue de la batterie.
Dolfio: C’étaient les seuls que je dansais: je ne jouais pas, alors j’allais danser les tangos!
Françoise: Je me suis laissé entraîner. C’était ma première sortie avec mes parents, j’avais 17 ans. Depuis, j’ai appris à danser.
Dolfio: Ils disent toujours que les musiciens ne dansent pas, mais moi je danse toujours!
Françoise, 65 ans, et Dolfio, 68 ans, d’Orbe
Danser pour trouver une copine
«La danse, c’est bien entre amis, on se retrouve pour passer un bon moment, comme ici par exemple, on mange la pizza avant et ensuite on danse. D’antan on allait danser pour essayer de trouver une copine, et tout ça – des fois ça marchait, des fois ça ne marchait pas (rires)! Mais c’est sympa. La première chose qu’on apprend quand on est bébé, c’est de marcher; moi c’est la danse que je préfère. Après, il y a toutes les autres danses qui viennent. Dans notre jeune âge on restait vingt minutes sur le plancher de bal sans en sortir, mais là on n’arrive plus!»
Gilbert, 77 ans, d’Orbe
Les surprises-parties
«Maintenant les jeunes sont dans les discos, dans les boîtes de nuit. Ce n’est pas du tout la même chose. Nous c’était les surprises-parties, à l’époque ! C’était des rencontres de jeunes, quoi, exactement comme les boums. Pour moi, c’était en Tunisie, et c’était un curé qui faisait ça pour les jeunes de la région. C’était du rock ‘n’ roll ! Je le dansais, bien sûr. Maintenant ça se perd, il y a de moins en moins de gens qui savent le danser. Et nous à notre âge on ne danse pas souvent, on le perd aussi… Je viens ici de temps en temps avec des amis.»
Louise, 78 ans, d’Orbe
Le rock ‘n’ roll
«J’adore danser. J’ai appris à danser le rock ‘n’ roll avec ma petite sœur, quand j’avais 16 ans et elle 14 ans. On dansait à la maison, on se mettait Lady Lay de Pierre Groscolas et on apprenait les mouvements, toutes seules. On n’avait pas la télévision, donc on écoutait le rythme, et on inventait. Plus tard, quand on a eu l’âge, on allait le dimanche après-midi dans un endroit qui s’appelait La Taverne, et on dansait le rock toutes les deux. Et quand on allait le soir, on rentrait à vingt-deux heures. Mon premier partenaire de rock qui n’était pas ma sœur? Stefano ! C’est un très très bon danseur de rock.
Si j’étais jeune, maintenant, je ferais du hip-hop ! Ah j’adore ça, les voir dans la rue. C’est magnifique.»
Isabelle, 68 ans, de Chavornay
Des moments privilégiés
«Je viens de la Vallée de Joux, et à l’hôtel de la Poste à l’Orient, le dimanche après-midi, on allait danser: il y avait des jeunes, et quelques anciens qui nous apprenaient des danses. Certaines fois il y avait beaucoup de monde, et d’autres fois pas beaucoup. On allait surtout pendant la période d’hiver, qui durait des fois six mois.
J’ai toujours bien aimé danser, mais je ne suis pas un spécialiste. J’aime bien le cha-cha-cha, et j’aime bien apprendre les mouvements des pieds. C’est vrai que quand j’avais dix-sept ans, et que je pouvais serrer une fille dans mes bras et danser le tango… c’étaient des moments privilégiés. Je pense que les parents avaient confiance en leurs enfants, quand on allait danser, parce qu’on ne faisait pas de conneries.»
Olivier, 78 ans, de Chavornay
Charleston
«Mon premier cavalier, c’était mon père. C’est lui qui m’a appris à danser la valse, le tango. J’étais gamine, j’avais quinze ans. On dansait à la fête de l’abbaye; il faisait partie du comité, et il m’a appris à danser là. C’est un très beau souvenir. Le charleston, je l’ai dansé très jeune, et je l’ai appris toute seule. Il y a des photos datant du mariage de ma sœur, en 1964, où l’on me voit, à douze ans, danser le charleston. On avait un tourne-disque, on mettait de la musique, j’ai appris ça à la maison avec une amie d’enfance. Maintenant il n’y a plus de bals, il n’y a plus tellement de dancings. J’ai une petite fille qui fait du hip-hop, c’est extraordinaire. Mais, il n’y a plus tellement d’occasions de danser en couple.»
Marie-Jo, 72 ans, Juriens
J’ai dansé toutes les danses
«Le rock, c’était ma jeunesse. Quand j’étais jeune, je n’avais pas le droit de sortir pour aller danser, parce que la majorité en Italie c’était 21 ans. Avec mes amis, on sortait, et je disais à mon père: «Papa, je vais danser ce soir», et lui ne me disait ni oui ni non. Mais le premier que je voyais quand j’allais danser, en bas au Casino à Vallorbe, c’était mon père. Il me regardait, puis me faisait signe de la tête: il fallait que je rentre. Un soir, je me suis révolté, en disant que j’avais l’âge. À l’époque, je faisais du sport, du football. Et il m’a dit «Il faut choisir: soit la belle vie, soit le sport». J’ai continué le sport. Mais à ma majorité, j’ai commencé à sortir, j’allais au Rio et au Central à Vallorbe – c’étaient les dancings. Il y avait des juke-boxes, je mettais deux sous pour voir les gens danser. C’est là que j’ai commencé à danser le rock, j’ai appris en regardant les gens. Ensuite j’ai dansé le tango. J’ai dansé toutes les danses. Je n’ai jamais arrêté. La musique, la danse, c’était ma vie.»
Stefano, 74 ans, Juriens
Et vous, dansez-vous? Quelle danse a marqué votre mémoire? Si cette page vous a plu, n’hésitez pas à nous faire parvenir vos retours, ou des suggestions pour de futurs thèmes ! Et gardez l’œil ouvert: nos micro-trotteuses arpentent la région, se réjouissant d’entendre vos histoires et anecdotes pour les partager.