La gare de Vallorbe à nouveau à la pointe de la technologie avec un projet pilote effectué dans le cadre de la transition numérique des CFF.
Imaginez un salon derrière la grande horloge de la façade, un ciné-club au premier sous-sol, des bains orientaux en référence au passage de l’Orient-Express, des espaces pour des microsociétés et une esplanade réservée à des événements socio-culturels!
Du rêve à une réalité possible?
C’est ce qu’a imaginé l’architecte Bernard Cherix pour illustrer le potentiel de l’IFC – format informatique ouvert pour le BIM*– dans un projet fictif de transformation de la gare effectué avec deux hautes écoles, dont l’EPFZ, et trois bureaux d’experts. Ce monument national «Heimatstil» a été construit en 1913 par les architectes Taillens & Dubois, sa surface de plancher utilisable totale est de 8 000 m2 avec un volume de 30 000 m3.
Pour cela, il a débuté en 2018, un travail en trois phases sur deux ans:
– Production d’une maquette numérique de la gare basée sur un scan tridimensionnel du bâtiment fourni sous forme de nuages de points par les géomaticiens de la HEIG-VD.
– Compilation de données numériques en formats ouverts de la gare. Ces données sont: les nuages de points, le modèle topographique, la maquette de l’architecte et celle de l’ingénieur reliée à l’une des bases de données alphanumériques des infrastructures CFF. L’ensemble de ces données constitue un «jumeau numérique» de la gare, Ces données idéalement devraient être mises à jour lors de changements réels (par exemple le remplacement d’automates à billets).
– Simulations de transformation spatiale et cas d’usages du jumeau numérique, par exemple: la facilitation de l’accès aux quais pour les personnes à mobilité réduite, (scénario possible) de l’utilisation des locaux vacants laissés par le démantèlement des infrastructures dû à l’automatisation de la ligne Daillens – Le Day prévu en 2024, puis transformation en 2070 comprenant l’accès au quai des douanes pour les véhicules.
L’objectif d’une telle réalisation est de montrer que la maquette numérique pourra être réutilisable dans le temps. Un bâtiment subit en moyenne deux transformations conséquentes par siècle et dans le cas présent vu son classement, il ne pourra subir de changement radical, d’où la réalisation de ce travail.
Bernard Cherix a choisi cet endroit, car il y est attaché. «Lors des moments de doutes, le lieu et la gare m’ont soutenu. Mes grands-parents habitaient Vallorbe, mon grand-papa, Robert Lipp, qui enseignait les sciences naturelles au collège de Vallorbe, venait souvent à la gare qu’il considérait comme une ouverture vers le monde lors du passage de l’Orient-Express».
Actuellement, la balle est dans le camp des pouvoirs publics et de la société civile. A eux de se mobiliser et influencer les décisions des CFF pour qu’une gare de transit devienne une gare de destination.
*BIM Building Information Modeling, méthode de travail interdisciplinaire qui définit les échanges de données entre architectes et ingénieurs.