Le Pied du Jura abrite de magnifiques forêts que nous avons le privilège d’arpenter. Une forêt,me direz-vous, ça sert à produire du bois, duquel on (en) fait des meubles, des poutres, du bois de chauffage, etc. Et bien, détrompez-vous. Une forêt, c’est bien plus que ça. La forêt telle que nous la voyons est exploitée, mais aussi entretenue. On dit qu’elle est multifonctionnelle. Elle sert de forêt protectrice, de lieu de délassement, est au service du maintien et du développement de la biodiversité, ou assure encore des fonctions paysagères et sociales. Rien que ça. Et pour que cela fonctionne, des hommes la parcourent et l’exploitent selon l’utilité principale qu’on lui attribue. Donc tout ceci n’est pas simple et nécessite de subtiles pesées d’intérêt qu’assurent les gardes-forestiers et leurs équipes.
Cette mission est celle des «groupements forestiers». Le canton en compte quinze, dont celui du Vallon du Nozon, piloté par Bastien Siggen et Grégory Gabriel, tous deux gardes-forestiers. B. Siggen gère 1484 ha et G. Gabriel 1270 ha de surfaces boisées, totalisant un potentiel de production de 15’000 m3/an de bois. Et ce n’est pas le moindre des paradoxes que de les entendre dire que la forêt croît plus vite qu’eux n’arrivent à l’exploiter.
Des techniques d’exploitation qui tiennent compte de l’usage
Les techniques d’exploitation sont diversifiées, cela va de la coupe de réalisation (les coupes de bois), à la réserve forestière intégrale – avec troncs et branches qui pourrissent à même le sol – pour favoriser une importante biodiversité comprenant insectes et champignons décomposeurs qui vont nourrir le sol. Des oiseaux insectivores, dont certains pics qui se nourrissent de bostryche, vont se réapproprier et protéger la forêt. Ailleurs, on gère des forêts «jardinées». On y coupera le strict nécessaire pour favoriser la croissance d’espèces variées. Les forêts de résineux qui peuplent le Jura sont par exemple des biotopes fragiles, car insuffisamment diversifiés. A l’époque (entre 1900-1980) ils étaient appréciés pour la qualité de leur bois et leur croissance rapide. Aujourd’hui ils dépérissent en nombre à cause du changement climatique.
La faune sauvage préoccupe tout autant. Les ongulés – les chevreuils, et depuis peu les cerfs – réduisent le développement de la forêt en se nourrissant de jeunes pousses ou en détruisant l’écorce. En absence de grands prédateurs, ils sont parfois en excès. Pour limiter les dégâts à la forêt, les forestiers créent même des prairies vertes au milieu des bois pour permettre à ces animaux de venir pâturer et se nourrir.
Gardes-forestiers et surveillants de la faune se concertent aussi régulièrement pour déterminer les prélèvements de chasse nécessaires au maintien d’un sain équilibre biologique.
En attendant le loup?