Conservateur du musée du fer et du chemin de fer de Vallorbe durant cinq ans, Kilian Rustichelli rejoint le musée romain de Vidy en tant que conservateur en charge des expositions
et de la publication. Rencontre.
Les réponses réfléchies et précises, le verbe clair empreint d’enthousiasme frappent de suite au contact de Kilian Rustichelli. «Un parcours atypique», résume ce natif de Sainte-Croix de 33 ans qui a eu très tôt pied dans les musées, puisque c’est sa famille qui avait fondé le musée Baud de musique mécanique à L’Auberson en 1955 (ndlr collections aujourd’hui intégrées au MuMAPS, musée de la mécanique d’art et du patrimoine de Sainte-Croix). Une âme de collectionneur de savoirs aussi pour ce jeune collégien en maths-physique, qui choisit ensuite économie et droit au gymnase, puis les lettres avec histoire et archéologie à l’université de Lausanne – «un choix sans stratégie». Kilian suit alors les cours de latin, obligatoires, puis de grec ancien, «au cas où». «Je suis du genre à ne pas vouloir rater un truc», assure cet affamé de connaissances, qui a clairement le potentiel de ses envies.
Au bénéfice d’un master en histoire et archéologie, spécialisé en gestion du patrimoine historique et archéologique orienté musée, il devient également titulaire d’un certificat en muséologie en 2017. Après avoir gravité autour des musées régionaux de Sainte-Croix et d’Orbe en tant que guide, après avoir effectué des fouilles et travaillé à l’UNIL dans le cadre des échanges universitaires – «J’ai touché à tout» –,
il postule pour la place de conservateur du musée du fer à Vallorbe en 2020. Une évidence pour ce passionné d’histoire régionale, qui place le partage de connaissances au centre de tout.
Changement de voie
Pourquoi dès lors quitter Vallorbe? Kilian répond que «le musée en avait besoin aussi. Il faut à cette institution un gestionnaire organisateur d’événements plus qu’un conservateur, ce pour quoi j’avais signé.» En effet, en 2020, le jeune homme fougueux, débordant d’énergie et d’idées, devient rapidement «le manitou de tout, seule personne de référence», dépassant par la force des choses son cahier des charges de conservateur. Cinq ans et trois jeunes enfants plus tard, Kilian confie «avoir la tête dans le guidon, après avoir organisé trois expositions temporaires, diverses conférences et événements, ainsi qu’avoir initié le projet de centre de compétences pour métiers à faible effectif, comme celui de forgeron. A 33 ans c’est le moment, pour éviter un déraillement, d’opter pour un poste de conservateur au cahier des charges bien défini, synonyme de stabilité professionnelle.» C’est ce que le musée romain de Vidy lui a confié.
Sur de bons rails
Kilian part de Vallorbe serein. Il s’est assuré d’élargir le champ d’action du comité, de le renouveler, le responsabiliser, ainsi que de rédiger un cahier des charges adéquat pour son successeur, Thomas Menant. Il se réjouit également que l’association des amis du musée se soit reformée – c’est elle qui a géré la buvette avec succès lors de la dernière foire à la ferraille. Le projet de centre de compétences avance, sa faisabilité est actée; dès septembre 2026, un projet pilote, «Septembre de la forge», servira de test, afin de voir si ce centre correspond à un besoin, justifiant l’octroi de subventions – l’argent étant toujours le nerf de la guerre. Ce dossier sera suivi par un chef de projet, un poste à créer.
Côté personnel, le conservateur, également passionné par le vin et la musique – il fait partie d’un groupe de heavy metal –, garde les portes ouvertes pour de nouveaux centres d’intérêt et découvertes, naviguant toujours entre recherches érudites et stimulant partage vulgarisateur.
Portrait chinois
Plutôt Antiquité ou Moyen-Age ? Sans hésitation, Antiquité
Une rencontre phare ? Mon prof d’histoire au gymnase.
Le trait de caractère que vous détestez le plus ? L’indécision
Le trait de caractère que vous aimez le plus ? L’efficacité.






