A 44 ans, le Vert Vassilis Venizelos peut déjà s’appuyer sur un long engagement politique à l’échelon communal et cantonal. Entré au Conseil communal d’Yverdon il y a 25 ans, il est député depuis 15 ans, dont dix comme président du groupe des Verts. Marié et père de deux enfants, il préside diabètevaud et siège au comité directeur des Etablissements hospitaliers du Nord Vaudois.
Quelle est votre perception du district Jura-Nord vaudois, sa cohérence, ses atouts, ses éventuelles faiblesses?
Ce que j’aime dans ce district, c’est sa diversité. Des paysages incroyables, une campagne très riche, une ville forte qui a su rebondir après la crise industrielle. Cela se traduit aussi dans sa diversité économique, son dynamisme, ses écoles professionnelles ou d’ingénierie, son offre culturelle, sa capacité d’innovation. Le Nord vaudois n’a aucun complexe à nourrir face à l’arc lémanique. Sa faiblesse? Probablement son offre de mobilité, qui doit encore être largement renforcée.
Quels sont les défis qui attendent le canton? Par exemple comment accueillir un million d’habitants d’ici peu de temps: une chance ou un facteur de péjoration de la qualité de vie?
Je suis convaincu que la lutte contre le réchauffement climatique, auquel nous avons déjà payé un lourd tribut l’année dernière, sera un des principaux défis, avec des enjeux en matière de formation également. Mais il ne faut pas oublier l’érosion de la biodiversité et nous avons beaucoup à faire pour améliorer notre rapport à la nature, au vivant.
Le million d’habitants est une projection démographique, pas une fin en soi. Nous devons nous y préparer, évidemment, et améliorer nos infrastructures. Pour le moment, nous devons déjà faire face à deux crises successives, avec cette interminable pandémie et le retour de la guerre sur notre continent. Notre capacité d’adaptation est mise à rude épreuve, individuellement et collectivement.
Le candidat Venizelos se sent-il prioritairement vaudois ou suisse? Quelle vision du fédéralisme partage-t-il?
Je suis né dans le canton de Vaud, y ai passé toute ma vie, avec bonheur. J’apprécie toujours découvrir de nouvelles sensibilités dans les autres cantons suisses. Mais je me sens aussi, par mon histoire familiale, très fier de la richesse de la culture européenne.
A plusieurs reprises vous avez annoncé votre volonté de construire des ponts entre agriculteurs et Verts. Quelles propositions concrètes pouvez-vous mettre en avant?
Je ne comprends pas la manière qu’ont certains d’opposer villes et campagnes, alors que c’est la richesse de notre canton. Beaucoup d’erreurs ont été commises et peuvent mettre en péril ce lien indispensable. J’ai la conviction que nous devons changer de posture face au monde agricole. Faire évoluer nos modes de production alimentaire, non pas en imposant une manière de faire, mais en travaillant avec le monde agricole, en lui confiant les moyens d’atteindre des objectifs sur lesquels nous nous accordons. Je discute avec beaucoup d’agriculteurs et agricultrices pour trouver le bon dosage dans la mise en œuvre d’objectifs qui nous sont communs.
En quoi le positionnement politique des Verts menacés sur leur gauche par les activistes du climat et sur leur droite par les Verts libéraux représente-t-il une meilleure alternative ?
Je ne vois pas ces différences de sensibilité comme une menace, mais plutôt comme une chance. Nos objectifs sont communs, seuls les moyens de les atteindre diffèrent. Pendant les campagnes électorales, ces différences sont mises en avant et souvent caricaturées. Finalement, seule l’action politique, bien plus longue et plus importante que les campagnes, fait la différence.
Quelle est votre position sur les difficultés rencontrées par la presse, le refus de l’aide aux médias, votre réaction sur la reprise du journal de Vallorbe par la Région?
La décision du peuple suisse, après une campagne mal emmanchée, est évidemment une déception. L’enjeu citoyen reste entier, après le rejet de ces mesures de soutien. Nous avons besoin de médias qui tiennent le coup, c’est une nécessité démocratique, mais aussi sociale, le ciment d’une communauté régionale. Comment retrouver ce lien avec les plus jeunes citoyens, qui ne s’informent plus que sur des médias sociaux ?
La reprise du journal de Vallorbe, si son identité historique est respectée, peut être en soi une nouvelle positive, puisqu’elle permet d’éviter une nouvelle disparition d’un titre régional. Reste à voir comment elle sera appliquée.
Pouvez-vous nous rappeler, dans le cadre de votre parcours de député, un engagement et/ou une intervention parlementaire significatifs à caractère régional?
Difficile de choisir parmi les centaines de dépôts et d’interventions. Mais je pense que la démarche visant à favoriser la transition vers un tourisme «Quatre saisons» moins dépendant de la neige a été une des plus marquantes. Les stations du Jura vaudois étant aussi fortement impactées par ces changements, il nous semble important d’étendre cette démarche pour permettre à toutes les régions du canton d’adapter leur offre touristique aux dérèglements climatiques.
Y a-t-il encore un avenir pour les hommes politiques de gauche? Oui. Un avenir et même un présent. Le privilège que m’a fait mon parti en me désignant pour cette campagne en est une preuve, non?