Initiative sur les soins infirmiers

Lecture ~5 minutes
Initiative sur les soins infirmiers

En vue des prochaines votations, l’Omnibus a recueilli l’opinion de Claire (prénom d’emprunt; identité connue de la rédaction) elle a travaillé 35 ans en qualité d’infirmière, habite la région; elle est actuellement infirmière indépendante, favorable à l’initiative.

La profession d’infirmière a toujours été un métier à part entière, elle l’est encore plus aujourd’hui. On lui demande d’évaluer des situations, de mettre en place des actions de soins à la personne, d’avoir de l’initiative, afin de garantir la prise en soins médicale et la prévention de complications. Elle est devenue l’assistante incontournable du médecin, sans laquelle il serait bien en peine d’assurer la santé de la population.

Dans un contexte de pénurie de médecins, notamment généralistes, la responsabilité de infirmiers-ères ira toujours croissante. Depuis mon diplôme, il y a 35 ans, la profession comme la formation se sont considérablement complexifiées. Il ne suffit plus de former suffisamment de professionnel-les, encore faut-il leur offrir un cadre de travail qui évite de quitter prématurément la profession par lassitude et épuisement. 

La tendance à l’inflation administrative si chère à notre époque n’a pas épargné notre métier. A l’époque, le secteur de la santé faisait son travail et le secteur public s’arrangeait pour disposer des budgets et assurer les salaires. Aujourd’hui il est géré comme une entreprise, avec des budgets définis à priori, à l’intérieur desquels nos soins doivent s’inscrire. Et lorsqu’il y a dépassements, c’est simple, on fait des coupes! 

Pour assurer le bon fonctionnement de ce modèle, on a mis sur pied des «organismes de contrôle financiers». Le hic c’est que tout ce personnel bureaucratique est compris dans les budgets, mais ne participe pas directement aux soins. Et c’est donc toujours nous, les vrais actifs-ves, qui subissons les conséquences de ces coupes sournoises; réduction des effectifs, limitations des salaires, pression à toujours plus d’efficacité, moins de temps pour nos patients, horaires extensibles à l’envi, etc. Avec au bout, toujours les mêmes conséquences: épuisement, abandon prématuré du métier et parfois burnout. 

En terme de formation et de responsabilités, notre métier est similaire à celui des enseignants, pourtant ces derniers sont largement mieux payés que nous et jouissent d’horaires bien moins contraignants. D’où cette question: pourquoi une profession ayant un historique très masculin doit-elle être mieux reconnue qu’une profession aux antécédents largement plus féminins? L’époque des bonnes sœurs bénévoles est révolue. 

Former du personnel compétent et motivé reste indispensable. L’initiative veut simplement donner plus de moyens, surtout offrir au personnel soignant des conditions de travail qui leur permettent une vie à côté du travail et qui préviennent le lancinant problème des abandons prématurés.  

Que demander de mieux, le jour où c’est vous qui serez entre nos mains?

Vers un succès?

L’initiative sur les soins infirmiers jouit d’un fort capital de sympathie dans les sondages. Même si les initiatives populaires perdent traditionnellement du terrain dans le dernier mois avant votations, ses perspectives sont bonnes. Ce n’est pas une surprise, les soins infirmiers ont occupé et occupent toujours la scène médiatique au travers de la pandémie; et bien avant le Covid, beaucoup s’inquiétaient déjà des difficultés à former des soignants en nombre suffisant et à leur offrir des conditions de travail qui ne les fassent pas abandonner la profession.

Points forts

Cette initiative se focalise précisément sur une formation du personnel infirmier en nombre suffisant et sur des conditions de travail et de rémunération qui seraient définies, de manière centralisée, par la Confédération.

Elle prévoit également une possibilité de facturation directe de certains soins infirmiers aux caisses-maladie et assurances sociales sans passer par les médecins.

Le Conseil national ne soutient pas l’initiative (116 non, 74 oui, 6 abstentions), de même que le Conseil des Etats (30 non et 14 oui).

Contre-projet

Les Autorités fédérales ne pouvaient pas rester sans réponse face à cette initiative et elles lui opposent donc un contre-projet indirect qui serait accepté en cas de refus du projet populaire, sous réserve d’un référendum. Cette contre-proposition va aussi dans le sens d’un renforcement de la formation avec de gros montants à la clé, mais se refuse à impliquer la Confédération dans la définition des conditions de travail et des rémunérations, préférant – pour des raisons de coût et de vision politique – laisser la responsabilité de ces éléments aux partenaires sociaux.

A vous donc de décider dans un mois.

Quelques repères sur la situation salariale du personnel soignant dans le canton, par exemple aux eHnv

Aides-infirmiers classes 5 à 7:
Fr. 4 231.– à Fr. 4 822.–

Assistants en soins et santé communautaire (CFC) classes 10 à 12:
Fr. 4 603.– à Fr. 5 706.– 

Soignants diplômés (ES ou HES) classes 17 à 19:
Fr. 5 449.– à Fr. 7 434.– 

Soignants diplômés (ES ou HES) avec responsabilités supérieures
classes 20 à 22:
Fr. 6 097.– à Fr. 8 345.– 

Soignants diplômés avec perfectionnement certifié ou master
classes 22 à 28:

Fr. 6 822.– à Fr. 10 486.– 

Chiffres tirés de la convention collective du secteur sanitaire parapublic au 1er janvier 2021 = salaire mensuel (x13 annuellement). Le site Jobup établit le salaire annuel médian du personnel infirmier sur l’ensemble de la Suisse à Fr. 78 802.– (brut et 13e inclus).

Continuer ma lecture

Lieux et acteurs de culture

Bibliorbe
Théâtre de la Tournelle
Semi-marathon des Côtes de l’Orbe
Urba Kids
L’ADNV
L’Office du Tourisme Yverdon et région
Toute la culture régionale