Depuis sa création en 1993, Mhylab propose des services d’ingénierie pour la construction de petites centrales hydroélectriques, partout dans le monde. Rencontre avec son directeur, Vincent Denis.
Le M- vaut pour «Montcherand» comme pour «mini», le -hy- pour «hydraulique» et le -lab pour «laboratoire», bien sûr: L’Omnibus a pu visiter le laboratoire expérimental de Mhylab, à Montcherand, sous la conduite de son directeur, Vincent Denis.
On pourrait se demander ce qu’il reste à inventer dans le domaine de l’énergie hydraulique: on la maîtrise depuis des siècles, d’abord sous forme mécanique – moulins, forges, scieries – puis pour produire de l’électricité, à peu près partout dans le monde et notamment à Orbe, dès la fin du XIXe siècle. Mais la petite centrale hydroélectrique – on parle là d’installations d’une puissance inférieure à 10 MW – a certainement un rôle à jouer dans la transition énergétique. De nombreuses sociétés font ainsi appel à Mhylab pour évaluer leurs innovations; en ce moment une turbine tessinoise est à l’essai et si les résultats se font encore attendre, c’est une construction absolument novatrice, confie Vincent Denis.
Nouvelles opportunités
Le principe de base n’a certes que peu changé, et des interventions récentes sur des centrales presque centenaires le prouvent. Mais la technologie a néanmoins évolué, et la demande en énergie est croissante… Ainsi, lorsqu’une commune alpine décide de renouveler une conduite, elle peut saisir l’opportunité de turbiner cette eau avant d’alimenter son réservoir. Mais les installations d’irrigation, et même les eaux usées, peuvent aussi générer de l’énergie!
C’est là qu’intervient Mhylab, pour proposer la technologie adéquate, dimensionner la turbine et évaluer le rendement de l’installation. Ces précieuses données seront ensuite utilisées par les fabricants de turbines, en collaboration avec le génie civil, pour réaliser l’ouvrage projeté.
Réputation internationale
En une trentaine d’années d’activité, Mhylab aura réalisé près de 300 turbines, avec une forte demande des pays africains. L’un des avantages de la petite hydraulique est en effet de pouvoir alimenter une région en énergie de façon indépendante, sans être forcément connectée à un réseau national. Mais en Suisse aussi les grands chantiers du siècle passé, qui ont sculpté le paysage et qui sont plus du ressort de l’EPFL, se font plus rares; des investissements moins colossaux et un impact moins radical sur l’environnement naturel ont remis au goût du jour la petite hydraulique, dont l’ancêtre est tout simplement la roue à aubes.
Énergie propre et constante
Autres (gros) avantages de l’énergie hydraulique, son rendement avoisinant les 85% et son faible impact sur l’environnement. Bien que les crues et les sécheresses puissent entraver le bon fonctionnement et le rendement d’une installation, elles restent des événements rares ou limités dans l’année: la production est beaucoup plus stable et régulière qu’avec l’éolien ou le solaire. Rappelons pour conclure qu’en Suisse, en 2022, quelque 65% de l’énergie électrique consommée provenaient de la grande hydraulique et 20 % du nucléaire, le solde étant partagé entre les différentes énergies renouvelables (dont la petite hydraulique) et 2% d’agents fossiles.