Depuis novembre 2022, la famille Gremaud-Besançon accompagne un jeune Afghan dans le cadre du projet Action-parrainages. Une rencontre et une histoire d’amitié que nous racontent Céline Gremaud et Awiz Azizi.
Je suis à peine arrivée chez les Gremaud-Besançon que j’entends la sonnerie de la porte derrière moi. «C’est sûrement Awiz», dit Céline Gremaud, qui vient de m’accueillir. Derrière la porte se tient un jeune homme. Accolade, puis il entre et se dirige vers la cuisine, en habitué des lieux, après m’avoir timidement saluée. C’est bien Awiz Azizi, le jeune Afghan que parrainent Céline, son mari Pascal Besançon et leurs deux enfants.
Ce soir, ils vont me parler de leur parcours commun. Céline et Awiz s’installent à la table, côte à côte. Tout au long de notre discussion, ils vont se regarder comme s’ils se racontaient l’un à l’autre cette histoire dont ils tiennent chacun un tenant, découvrant pour la première fois si elle est accordée.
Retrouver des liens familiaux
C’est Awiz qui commence. Il a 18 ans et vit en Suisse depuis deux ans. Originaire de Kaboul, il a quitté son pays et après plusieurs étapes, est arrivé à Orbe. Il est l’un des premiers mineurs non accompagnés (MNA) à investir le nouveau foyer de la Grand-Rue; c’est d’ailleurs au cours de la fête d’inauguration qu’il rencontre Antoinette Steiner, collaboratrice à Action-parrainages. Lorsque celle-ci lui parle de la possibilité d’être parrainé par des personnes suisses, Awiz manifeste tout de suite son intérêt: avec cette démarche, il espère découvrir notre culture et retrouver des liens familiaux; son frère et sa sœur lui manquent beaucoup. Une semaine plus tard, il rencontre les Gremaud-Besançon.
«Une semaine?» s’exclame Céline, surprise. «Oui, répond Awiz, mais j’ai eu de la chance; pour d’autres, c’est beaucoup plus long.»
C’est au tour de Céline de raconter. Elle connaissait déjà un peu le milieu pour avoir parrainé une personne migrante adulte. Souhaitant s’investir à nouveau dans ce domaine, elle tombe sur une publicité concernant le parrainage des mineurs non accompagnés et contacte Antoinette Steiner. Le côté humain du projet la séduit.
Souvenirs et complicité
Antoinette Steiner rencontre alors la famille à domicile. Cette visite conforte Céline dans son projet: «Elle m’a expliqué ce que ça impliquait, et c’était moins imposant que ce que je m’imaginais, détaille-t-elle. On est très libre sur la fréquence et le type de rendez-vous que l’on souhaite organiser». Il faudra cependant encore quelques mois avant qu’elle ne fasse la connaissance d’Awiz. «Sans doute parce que le foyer venait d’ouvrir, imagine-t-elle. A présent c’est plus rapide».
Awiz et Céline se remémorent alors le jeu qu’ils ont fait lors de leur première rencontre, pour briser la glace, puis les premières sorties en famille. Et tout un flot de souvenirs ressurgit: des balades, un thé, des repas… Et Action-parrainage? «Ils organisent des sorties, et aussi des ateliers où les parrains et marraines peuvent poser des questions, souvent les mêmes». Quelles questions? «Comment parler de leur parcours, notamment. Mais il n’y a pas de réponse toute faite. Et aussi, comment les accompagner au moment de leurs 18 ans, lorsqu’il doivent quitter leur foyer. On nous répond que nous n’avons pas d’obligation: ils ont des curateurs pour ces questions-là», répond Céline.
Échanges
Awiz, lui, a eu la chance à sa majorité de trouver un appartement en colocation et ainsi de pouvoir rester à Orbe. Actuellement étudiant à l’école de la transition, il profite des compétences professionnelles de Céline dans le domaine des ressources humaines pour se faire aider dans la rédaction de ses lettres de motivations et ses recherches de stages. Mais Céline dit également profiter des connaissances d’Awiz. «C’est une expérience très enrichissante». Et Awiz de conclure: «Parrainage, c’est un nom. Mais c’est d’une relation amicale qu’il s’agit».
Et si vous deveniez parrain ou marraine?
Depuis le début du projet, en 2016, 453 parrainages ont été lancés, dont 42 cette année. Et pourtant, plus de soixante jeunes sont encore en attente et la demande est toujours croissante. Action-parrainages recherche donc de nouveaux volontaires. Personnes seules, couples ou familles, tout profil est le bienvenu; si la limite d’âge inférieure est fixée à 25 ans, la doyenne des marraines est âgée de 83 ans. Nul besoin de prévoir un programme d’activités chargé: même des moments en toute simplicité, comme un repas pris ensemble ou le visionnage d’un film, sont précieux pour ces jeunes en mal de repaires familiaux. «Ce dont ils ont besoin, c’est d’une relation individuelle, eux qui vivent en collectivité, explique Antoinette Steiner. Nous demandons deux à trois rencontres par mois.» Autre point important, le parrainage est évalué après six mois, et peut s’interrompre à tout moment.
Intéressé.e.s? Une soirée d’information aura lieu mercredi 25 septembre, à 20 h, au Casino d’Orbe.