Nous connaissons tous Yakari, mais qui se cache derrière les dessins ? Dimanche passé, en avant-première, on a pu découvrir au cinéma Urba : Derib, une vie dessinée, un film de Sébastien Devrient qui rend hommage au travail de l’auteur de Yakari et Buddy Longway.
Né à La Tour-de-Peilz, Claude de Ribaupierre, dit Derib, a su avec ses bandes dessinées nous faire voyager jusqu’en Amérique… sans il n’y avoir jamais mis un pied ! Derib a débuté dans la BD en participant aux planches des Schtroumpfs ; très vite, il a eu envie de créer ses propres personnages. Étant passionné par ceux qu’on nommait les Amérindiens, il crée le personnage de Yakari.
Dimanche dernier, au cinéma Urba, le film réalisé par Sébastien Devrient, Derib, une vie dessinée, a permis au public d’en apprendre plus sur celui qui se cache derrière les illustrations de Yakari et d’autres bandes dessinées qui ont bercé nos enfances – ou enchanté des lecteurs plus âgés : Buddy Longway, Jo, Celui qui est né deux fois, Red road.
Les albums de Derib montrent correctement la réalité de l’Amérique et des tribus. Une dame dans la salle: «J’imaginais que c’était un Américain qui avait fait ces histoires» …
Une montagne et trois générations
Le fil rouge du film de Devrient est la création de La Promesse, une BD dessinée par Derib mais scénarisée par son fils Arnaud. L’histoire leur tient particulièrement à cœur car elle rend hommage à la Dent Blanche, une montagne située au carrefour du val d’Hérens, du val d’Anniviers et de la vallée de Zermatt.
Cette montagne passionnait déjà François de Ribeaupierre, peintre et sculpteur, père de Derib, qui l’a escaladée et en a fait de nombreuses peintures. Son petit-fils, Arnaud, décide un jour d’en entreprendre l’ascension, que Derib va traduire en dessins grâce aux photos envoyées par son fils, pour réaliser La Promesse. Caillou après caillou, le père et le fils gravissent la montagne chacun à leur manière, pour retrouver le grand-père au sommet, de manière symbolique.

Hommage à la création
Sébastien Devrient s’avoue touché par la confiance que Derib lui a témoignée en le laissant entrer dans son atelier avec une caméra. Il peut être stressant d’être observé alors qu’on travaille… Mais le cinéaste et le dessinateur ont réussi à s’appréhender mutuellement et à établir un lien, qui a permis la capture d’images authentiques dans lesquelles Derib est réellement plongé dans son travail : Sébastien a pu « entrer au cœur de la création ».
Si son film rend hommage à Derib, dont les BD ont marqué chaque étape de son existence, il valorise aussi le métier d’auteur de bandes dessinées qui, comme l’explique Arnaud, est parfois rabaissé. Certains disent que « ce n’est pas un vrai boulot ». L’immense collection d’albums réalisés par Derib montre bien au contraire la quantité colossale de travail effectué par le dessinateur…
Voir les planches de Derib sur grand écran permet de réaliser la puissance de son trait : avec des dessins agrandis, on comprend mieux l’effort qui est porté sur chaque case. Le film souligne également la rigueur du travail du dessinateur et son souci d’être à la hauteur de son public. « Je commence un album parce qu’il y a une image qui m’a plu »: Derib explique qu’en dessinant, il a la volonté de partager une émotion ; une émotion ne se dirige pas, alors le dessin ne doit pas être dirigé lui non plus.
Les gros plans sur les dessins, le son du crayon qui griffonne la feuille mettent en avant la connexion du dessinateur avec ses outils de travail, le côté matériel de l’acte de dessiner, qui se perd avec l’arrivée du numérique dans la BD.
Aventure filmée
Grâce à l’aide d’Arnaud, Derib a pu découvrir et dessiner un milieu qu’il ne connaît pas, se reconnectant avec son propre père dans la création de La Promesse. Une aventure qui a resserré les liens de la famille. Le film de Devrient permet de ressentir les émotions qui ont émaillé la confection de cet album ; à l’écran, une alternance entre moments de création, paysages naturels, témoignages et discussions, images de BD, dressent le portrait du dessinateur sur plusieurs plans. Le tournage a duré six ans.
A découvrir le 17 mai à 18 h au cinéma de La Sarraz.