Culture : La vie créative se poursuit à l’atelier de Susan Litsios

ARTS – Petite-fille de l’artiste Susan Litsios, Layla Outemzabet continue de faire vivre son atelier à Baulmes, accompagnée d’autres esthètes. Leur passion? Graver et travailler le bois pour le bien de leurs créations.

A la rue des Scies 1 à Baulmes, niché au creux de la Baulmine, s’élève l’ancien moulin, propriété depuis 1982 de la famille Litsios. C’est là, au rez-de-chaussée que Susan Litsios avait établi son atelier de gravure. Née en 1937 à Philadelphie, après avoir suivi les beaux-arts, Susan s’installe avec son mari, Socrate Litsios, d’abord à Genève puis à Baulmes. Internationalement renommée, l’artiste est connue tant pour ses gravures sur bois, ses monotypes, ses aquarelles ou ses petits livres illustrés faits à la main. Elle compte également parmi les initiatrices des «Ateliers ouverts des artistes et artisans de Baulmes» auxquels elle a participé jusqu’à sa mort.

Décédée en octobre 2017, Susan Litsios a laissé un atelier regorgeant de trésors où presse à rouleau, coupe-papier et autres anciennes machines trônent majestueusement. Un lieu où il fait bon se trouver, laissant son regard s’accrocher à telle gravure, tel livre, tel établi. D’immenses tiroirs laissent soupçonner des richesses de papiers précieux. L’absence de poussière, une bouteille de térébenthine fraîchement déposée, les gouges prêtes à l’emploi prouvent que le lieu est bel et bien toujours vivant.

«Le bois avait quelque chose de sacré qui m’intimidait, je n’osais pas m’en emparer».


Layla Outemzabet,

Layla et les autres,
la tradition se perpétue

C’est dans cet atelier que l’Omnibus a rencontré Layla Outemzabet, petite-fille de Susan Litsios. La jeune fille fait partie de ces jeunes artistes comme Garance Antonietti ou Gaël Lavorel, pour ne citer qu’eux, qui viennent régulièrement à la rue des Scies, afin de créer et graver, perpétuant ainsi l’âme des lieux. Layla, 22 ans, vit à Yverdon. Elle joue de la clarinette et se décrit comme une militante, membre de l’association AlternatYv. Après son gymnase, elle renonce à un parcours académique et opte pour un apprentissage d’ébéniste. Sa grand-mère sera peut-être la seule à l’encourager dans cette voie. Le bois, il faut dire qu’elle l’a côtoyé depuis toute petite dans l’atelier où elle se plaisait à rester avec Susan. Même si, comme elle le confie: «Le bois avait quelque chose de sacré qui m’intimidait, je n’osais pas m’en emparer».

Riche relation intergénérationnelle

Layla est heureuse des liens importants tissés avec sa grand-maman, qui, par ailleurs, a entretenu des rapports forts avec chacun de ses petits-enfants. Un souvenir particulier? «J’avais dix-sept ans quand j’ai emmené ma grand-mère, déjà diminuée dans sa mobilité, à Paris. Je me souviens de ce moment fort, devant les «Nymphéas» de Monet». La jeune fille se remémore aussi les fous rires complices à table.

Finalement, elle est reconnaissante d’avoir pu échanger au sujet de la mort avec sa grand-mère, ce qui a permis un deuil serein, «hyper sain» pour reprendre ses mots. Bon vent à Layla et à tous ces jeunes artistes et que vive l’atelier!

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