En ce mois d’octobre, l’association L’Orbe vivante (voir encadré) s’est impliquée dans deux événements liés au bouleversement climatique: la discussion qui a suivi la projection, au cinéma d’Orbe, de Trop chaud, film documentaire relatant le combat des Aînées pour le climat, et le lancement de l’initiative climatique Permafrost, à l’occasion duquel elle a organisé une marche au bord de l’Orbe. Deux occasions de donner des explications sur l’influence du bouleversement climatique sur notre région. Avec la série d’articles qui débute ici, nous allons tenter de faire le point sur la situation de la vallée de l’Orbe.
Souvent moins, parfois plus
En cette mi-octobre 2025, le niveau de l’Orbe est encore bas, comme il l’a été depuis le 10 juin, à deux exceptions près. De juin à août, les quantités d’eau mesurées dans la rivière ont été bien inférieures à la moyenne, et c’est à nouveau le cas depuis la mi-septembre; normalement, octobre devrait apporter davantage de pluie.
Cette situation reflète bien une nouvelle réalité, valable chez nous comme ailleurs en Suisse: il y a moins de précipitations durant le printemps et l’été que naguère. La hausse des températures en hiver a aussi des conséquences fâcheuses: comme il n’y a presque plus de neige sur le Jura, par rapport à la situation antérieure à 2005 (le sommet du Suchet était alors presque toujours couvert de neige jusqu’en mai), elle fond très rapidement. Avant, la neige fondait progressivement, ce qui augmentait le débit des rivières tout au long du printemps, l’eau de fonte s’ajoutant à l’eau de pluie. Aujourd’hui non seulement il n’y a que peu d’eau de fonte, mais les printemps peuvent aussi être très secs, d’où une baisse importante des débits printaniers.
L’Orbe peut ainsi être en déficit d’eau dès le printemps et les eaux se réchauffent alors plus tôt dans l’année. Les pluies sont aussi moindres et plus irrégulières en été. Par contre, il faut s’attendre à davantage de pluie pendant la période fraîche, avec des précipitations extrêmes plus fréquentes. L’Orbe est une rivière qui peut et qui va devenir plus souvent violente: son débit varie d’un peu moins de 2 m3/s à 130 m3/s… ce qui est le débit du Rhin à Bâle en temps normal!
Lors de telles crues, les animaux qui composent la faune de la rivière doivent se mettre à l’abri, faute de quoi ils seront emportés et ne survivront pas. Heureusement, le lit de l’Orbe est parsemé de rochers derrière lesquels ils peuvent s’abriter. (à suivre)
Au chevet d’un cours d’eau
L’association L’Orbe vivante est née en 1992, suite aux catastrophiques conséquences du curage du réservoir du Day, pour mieux faire connaître et défendre ce cours d’eau emblématique. Malgré des moyens limités, elle a obtenu au fil des décennies de jolis succès aux côtés d’autres organisations environnementales. Pourtant, malgré les mesures prises, le déclin de la biodiversité continue, en particulier à cause du réchauffement climatique et des micropolluants… Une chronique vous sera régulièrement proposée par Christophe Estermann et Christian Lambercy, co-présidents de l’association. – (I.E.)






