Art : Passion en spray !

PEINTURE – Avez-vous déjà croisé des caravanes graffées en guise de support publicitaire non loin de chez vous? Avec les années, Philippe Baro, désormais graffeur professionnel est passé des wagons désaffectés à des œuvres appréciées et appréciables, dont plusieurs ont pris forme à Orbe. Rencontre d’un artiste passionné.

Dans la zone industrielle d’Orbe, proche du rail de l’OC, a récemment émergé une œuvre. Une petite caravane fraîchement repeinte d’un graffiti sur laquelle on peut apercevoir le docteur Didier Raoult, accompagnée d’une phrase fort intrigante.

«Leur remède est pire que le mal!»

Une création qui ne fera pas l’unanimité, mais qui laisse place à la libre interprétation de chacun. Interpellé par la qualité du trait et la finesse du message, j’en comprends rapidement la signature. «Graffeur.ch» était passé par là.

Dimanche matin, j’étais accueilli dans la belle demeure du graffeur, à Agiez. Le temps d’un café, Philippe Baro m’explique son parcours.

Dans ses débuts, quand il dégainait la bombonne, Philippe arpentait les ruelles et les «no man’s lands» pour poser ses graffitis. Des wagons désaffectés à la façade bétonnée d’un hangar, le «graff», bien que souvent éphémère, se voulait furtif, mais bien visible.

Un objectif essentiel: susciter l’intérêt, la réaction, bonne ou mauvaise. Faire germer la graine d’une réflexion dans l’esprit des passants ou raviver des émotions. «J’adore voir les enfants s’extasier malgré les ronchonnements parentaux. Les enfants préservent ce regard pur, empreint d’innocence, et donc détaché du caractère illégal de l’œuvre. Quelque part, c’est eux qui ont raison.» Philosophiquement, cela reste une démarche artistique pour le graffeur chevronné, plus qu’un acte de militantisme. «Mais c’est aussi une façon de s’exprimer, d’apporter son message», précise-t-il.

S’ouvrir aux autres pour créer

L’art du «graff» est souvent relégué au rang de vandalisme, car rarement légal. Pourtant, Philippe, en lançant son entreprise «Graffeur.ch», a su faire reconnaître son talent. Là où il devait jadis risquer de lourdes amendes, il peut désormais gagner sa vie, dans l’accomplissement de sa créativité.

Bien qu’entrepreneur dans la peau, l’artiste n’est pas affublé d’un esprit de concurrence ou de compétitivité. Au travers de ses réalisations, on dénote simplement l’alliage puissant d’une passion artistique et de sa maitrise technique. «J’ai une passion pour le travail. Ça n’est pas seulement l’étape créative, mais toute la démarche à entreprendre qui me stimule, de la relation client à l’artisanat, souligne Philippe Baro. Avant d’être entrepreneur, je bossais à l’usine, alors je n’oublierai jamais la chance que j’ai de vivre aujourd’hui de ma passion. J’avais confiance en mon projet. Plus que du stress, c’était beaucoup de boulot, mais j’ai atteint une certaine stabilité. Depuis je m’épanouis, tant bien dans le travail collectif, le côté humain, que dans le processus créatif. J’aime ainsi ne dépendre que de moi-même dans les étapes de réalisation et ainsi avoir toutes les cartes en mains.»

L’objectif essentiel du graffeur: susciter l’intérêt et la réaction, bonne ou mauvaise.

Philippe Baro

Philippe se voit comme un artisan, plus qu’un artiste. «Une œuvre n’est pas assimilable à l’autre, car je ne me limite pas à un style, je préfère m’ouvrir aux autres. Chacun arrive avec sa demande propre et je deviens l’outil de leurs réalisations.» Au-delà des façades, il reçoit beaucoup de demandes pour graffer des véhicules, qu’il peut retoucher dans ses locaux au Mont-sur-Lausanne. Il lui arrive aussi de faire des ateliers créatifs à domicile, tous âges confondus, avec pour support mobile sa caravane. En parlant d’avenir, Philippe dit s’épanouir et avance au gré des rencontres et des expériences de la vie, ce qui semble plutôt bien lui profiter.

Ses oeuvres en terres urbigènes

Du visage de Winston Churchill sur le restaurant du Zingue, jusqu’au mur de la piscine, Philippe a déjà baptisé la ville de ses prestations et commence à s’ancrer dans son décor. Je salue le graffeur, né d’une passion libre et sauvage, venu repeindre en couleurs les façades grises et aseptisées de nos quotidiens. Un beau geste devenu une véritable profession. Restez attentif, on peut apercevoir ses œuvres sur de nombreux véhicules et façades de la région.

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